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Citations sur Khomeiny, Sade et moi (61)

L’hygiène était une obsession de la Révolution islamique. Une vague histoire de pureté et de blanc. Tous les matins, tous les élèves en rang se faisaient contrôler la propreté des mains et la décence des tenues islamiques. J’ai toujours détesté le blanc. Rien ne m’angoisse davantage qu’une plaine déserte recouverte de neige.
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Si l’étude de la grande Histoire est indispensable, l’étude des mœurs et l’appréhension de l’intime éclairent la grande Histoire. Posséder la connaissance de l’organisation sociale, du rapport à la mort comme du rapport au corps, savoir comment les hommes voient les femmes et comment les femmes envisagent les hommes, c’est ne jamais tomber dans la ritournelle des préjugés. Prendre en compte les détails permet d’anticiper.
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Que faire avec le passé qui vous colle à la peau ? Le déchirer risque de vous arracher la peau. Il faut le combattre subtilement, il faut ni le nier, ni le chercher. Il faut suivre son contour avec précision : si je sais comment, je saurai pourquoi et le passé ne m’étouffera plus. Il ne sera plus les dates-couteaux, les avant et les après. Il sera apprivoisé par la force du savoir.
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Je mémorise les bornes du Temps pour me rassurer. Les dates sont mes calmants. Il y a des dates clefs et des temps morts, il y en a de glorieuses, des poétiques et des terrorisantes. Ainsi, je me souviens très bien, à la date près, du jour où West Side Story a déboulé sous la forme d’une VHS miraculeuse, dans le magnétoscope que ma mère avait sauvé des griffes de la police des mœurs – en le cachant judicieusement à l’intérieur du matelas conjugal.
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Le présent ayant ses limites, seul le passé permet d’ouvrir les vannes de l’espoir afin de s’accrocher à quelque chose qui soit plus solide que le réel. Et rien de plus solide que le passé historique. Certains l’appellent l’identité, d’autre l’intégration, d’autres encore la perte de soi. Pour ma part, j’ai trouvé dans l’étude du passé la meilleure voie pour comprendre mon enfance et partager une mémoire commune avec le pays qui m’a recueillie après l’exil. Je suis née plusieurs fois. Une fois un jour d’avril, une autre fois en retirant mon voile et en imposant ma nudité, une troisième fois en foulant le sol français, une autre fois enfin en ouvrant un livre de Zola et en découvrant la littérature libertine du XVIIIe siècle français. Et chaque naissance pourrait être l’histoire d’un nouvel amour. L’exilé a le cœur large.
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La perception du corps de la femme est représentatif de l’état des lois, de l’égalité, de l’éducation. Chaque corps de femme porte l’histoire de son pays. Et il me suffit de regarder la photo d’Aliaa Elmahdy nue pour espérer.
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Il ne fallait jamais, mais vraiment jamais, croiser le regard d’un inconnu, d’un homme qui ne soit ni le père, ni le frère, ni le mari, ni le fils. Il fallait garder les yeux vissés au sol. Il suffisait d’oublier un instant, de rêver les yeux dans le vague, de croiser, par hasard, par inadvertance, par maladresse, un regard d’homme pour être perdue comme une brave fille du XIXe siècle était perdue en offrant son pucelage à l’amant qui n’était pas un mari.
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Tout le monde était obsédé par le corps ou plutôt par l’absence de corps. Téhéran n’était plus peuplé que de visages.
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La nudité était ce qui occupait tout le monde, juste avant et après la Révolution des mollahs. J’entends encore les questions, les doutes et les pressions autour de telle jupe qui découvrait trop les chevilles ou telle chemise qui était trop décolletée pour dîner chez Untel. L’inspection du corps avant de sortir était un rituel indispensable.
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J'ai vingt ans. J'ai vingt ans et j'ai déjà connu l'amour avec Louÿs, et j'ai découvert combien le sexe pouvait être révolutionnaire avec Sade. J'ai vingt ans et je sais que je vis les plus belles années de ma vie. Il me suffit de penser à Sade, il me suffit de penser au dialogue de Madame de Saint-Ange et d'Eugénie pour savoir que rien n'est perdu. Il me suffit de penser à Juliette pour savoir que la femme a un étendard et qu'elle le porte bien haut. Un jour, Sade sera la seule arme disponible pour casser les ténèbres. La violence de Sade n'est pas violente, elle est née de l'imagination et de la foi. La foi dans l'homme devenu le centre de la pensée et non plus le pantin d'hommes cachés derrière Dieu. Ce qui est violence, ce sont les attentats successifs contre le corps féminin à travers le monde. La violence, c'est exciser des petites filles qui aiment la chair et des grandes filles qui aiment la bite. La violence, c'est d'interdire à une petite fille d'apprendre à lire et à une jeune fille de choisir qui elle veut mettre dans son lit. La violence, c'est ce que les barbus font subir aux esprits en les broyant. Un jour, comme la Révolution française a mis ses barbus à la porte, d'autres révolutions éclateront qui réduiront les barbus au silence et célèbreront la parole de Hommes.
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