Une promesse de lui, c'est pire qu'une menace : c'est le genre d'individu qui les tient.
Je deviendrai un murmure inquiet dans la nuit. Une rumeur que seuls les courageux viennent chercher. Une silhouette floue, dans les bois, qui protège les siens, qui garde la terre.
Elle vient de l'une de ces familles archi-fondamentalistes où les femmes ne sont guère plus que des pondeuses. Ils les éduquent à la maison, les marient jeunes, et s'arrangent pour qu'elles soient continuellement enceintes.
Parfois, c'est d'eux-mêmes qu'il faut sauver les gens. Même s'ils ne le savent ni ne le veulent.
J'aime les bois. Ils sont à la fois très bruyants et très silencieux, la bande-son et la berceuse de ma vie, d'aussi loin que je me souvienne.
Je passe beaucoup de temps dans les bois; je me perche dans les abris de chasse au cerf pour jouer ou je grilmpe aux arbres pour voir jusqu'à quelle hauteur je peux arriver sans l'aide de personne.
Il se voit en moi comme je me vois en lui. La différence entre nous ? Ce qui a pesé sur lui pendant toute son enfance, c’est une rancune.
Ce qui a pesé sur moi, c’est une mission.
Mais il n’est pas le seul qu’elle hante. Son fantôme trouve peut-être sa place dans la courbe du sourire de papa et dans le bleu des yeux de tonton Jake, mais c’est mon visage qui en est le miroir, le rappel constant aux yeux des hommes qu’elle a laissés derrière elle.
C’est tendre, c’est délicat, jusqu’au moment où ça ne l’est plus. Jusqu’au moment où toutes ces années de désir nous rattrapent. Ce contact doux comme de la soie devient une profonde vénération dans le temps qu’il faut pour reprendre son souffle, et tout d’un coup ses mains sont sous ma chemise, les miennes sur sa ceinture.
Je désire.
Il donne, pensant que c’est le début.
Je prends, sachant que c’est la fin.