Pendant une guerre entre la Bulgarie et la Serbie, Raïna, fille d'un général Bulgare, apprend que son fiancé, un jeune officier, vient par une charge héroïque de décider de la victoire.
Comme elle se retire dans sa chambre, elle y voit pénétrer par la fenêtre un fugitif, l'un des vaincus.
C'est un suisse, officier de métier, Blüntschli, fils d'un hôtelier, qui s'est engagé dans l'armée serbe comme instructeur.
C'était lui qui commandait la batterie qu'a chargé si héroïquement le fiancé de Raïna.
Mais quand celle-ci parle de l'exploit de son futur époux, Blüntschli, qui est un vrai soldat, rit amèrement : "Ce héros était un fou, qui aurait fait massacrer ses hommes si le hasard ne l'avait servi en mettant temporairement nos canons hors d'action".
On reconnaît là un des thèmes favoris de Shaw : le contraste entre le héros romantique et le soldat réaliste.
Cependant le jeune suisse se sait perdu si Raïna ne le cache.
Il a peur et surtout il a faim....
(extrait de "Magiciens et logiciens" d'André Maurois, publié chez "Grasset" en 1935 - à propos de la pièce "Le héros et le soldat")
Il n'y a qu'une seule religion, bien qu'il y en ait un centaine de versions.
Deux hommes aiment Candida : le poète Marchbanks, qui est un vrai poète, avec la force d'un Shelley, et le révérend Morell, son mari, qui se croit un puissant orateur populaire, mais n'est qu'un rhéteur faible et vaniteux.
Le poète adore Candida ; il la comprend bien ; il serait sans doute capable de la rendre heureuse.
Morell, le pasteur, ignore sa femme aussi complètement qu'il ignore tout le monde. Il croit la protéger et c'est elle qui veille sur lui.
Or Candida, mise en demeure de choisir entre ces deux hommes, reste avec son mari. Pourquoi ?
Parce qu'il est le plus faible, parce qu'il a besoin d'elle....
(extrait de "Magicien et Logicien" d'André Maurois, publié chez "Grasset" en 1935 - à propos de la deuxième pièce de ce recueil "Candida")
Un soir de la fin de novembre 1885, en Bulgarie, la chambre à coucher d'une dame, dans une petite ville, près du défilé de Dragoman.
La fenêtre est ouverte, sur son petit balcon. Par son embrasure, on aperçoit un pic des Balkans couvert de neige. Les étoiles l'éclairent et sous leur lumière, il resplendit, merveilleusement blanc, et paraît tout proche, quoiqu'en réalité il soit à plusieurs kilomètres de là.
L'intérieur de la chambre ne ressemble pas à ce qu'on peut voir dans l'Europe occidentale. Il est composé mi-partie d'un riche ameublement bulgare, mi-partie de meubles viennois bon marché.
Le lit est appuyé contre un petit pan de mur qui coupe diagonalement un des coins de la chambre.
Au-dessus de la tête de lit, une châsse en bois, peinte bleu et or, avec un Christ en ivoire......
(extrait du lever de rideau de "Le héros et le soldat" - pièce incluse dans le recueil "Pièces plaisantes" paru aux éditions "Aubier" en 1933)