Notre guerre contre le sexisme ordinaire (BD)

Eh, psst les gens, … j'ai un scoop.Une fois par moi les femmes saignent ça s'appelle les règles. Comment ça vous le saviez ? Ah ouais alors pourquoi j'ai l'impression que les gens ne sont pas au courant ? Aaaahhhhh vous voulez dire qu'ils savent mais qu'ils ne faut pas en parler par … pudeur ? Euh, quand la pudeur est imposée est-ce encore de la pudeur ? Vous voulez dire que c'est tabou quoi ? Honteux peut être ?

J'exagère ? On a progressé ? Ah ben j'espère bien parce que si en plus on régresse là on retourne à l'age de pierre. Je vois surtout toute la marge de progression qu'il reste, parce qu'au collège ça n'a pas beaucoup changé. La plupart des garçons gloussent toujours comme des dindes dès qu'ils voient une tache de sang sur un jean et les filles ont toujours envie de se cacher six pieds sous terre. Ma fille a préférée attacher son manteau autour de sa taille et affronter la pluie jusqu'à être trempée jusqu'aux os plutôt que de laisser voir la tache sur son jean. Des histoires comme celles ci on en a toutes vécues mais qu'on en soit encore là en 2024 ça me sidère !

Alors je suis contente quand je croise une BD comme celle ci. Parce que non les peintures de guerre ce n'est pas surjoué, tous les jours des gamines affrontent le sexisme ordinaire au collège, dans la rue, dans le bus, parfois aussi à la maison et cette BD met bien en exergue le principal problème : elles ne sont pas soutenues. Pas soutenues par les profs qui après des années à constater ont fini par trouver ça inévitable, pas soutenues par les mamans qui transmettent des ruses de sioux pour contourner le problème, pas soutenues par les papas que ça met mal à l'aise et c'est comme ça qu'on entretien un tabou : en devenant complice, en ne s'y opposant pas, en faisant comme si c'était normal et inévitable ! Oui, heureusement tout le monde ne réagit pas comme ça, mais c'est encore bien ancré dans notre société.

Cette BD a le mérite de mettre cette question sur le devant de la scène et de dire stop. Les règles ce n'est pas sale, et, si on ne passe pas une annonce dans le journal local quand on les a, on devrait pouvoir vivre normalement pendant cette période. Surtout quand on est ado et qu'on construit l'adulte qu'on sera demain.

J'ai beaucoup aimé les dessins, simples et expressifs ainsi que le jeu de couleurs qui dévoile subtilement les sentiments de ces ados. Les moments où ils s'échappent dans un autre monde sont touchants, sorte de transition entre l'enfance et l'age adulte. Un refuge aussi parfois face à un monde pour lequel ils semblent si mal armés.

Cette BD y va fort, on sent une colère, une révolte. Elle met un vrai coup de pied dans la fourmilière car au-delà de la question des règles c'est le rapport au corps de la femme dans sa globalité qui est soulevé. Nos corps contraints, malmenés, pour renvoyer une image imposée par la société. Une image fausse, parce que j'ai un autre scoop, les femmes ne sont pas des poupées barbie. Oui je sais vous êtes au courant, mais par les temps qui courent, ça va mieux en le disant…

Voici une BD engagée contre le sexisme ordinaire. le titre nous ferait croire que c'est un documentaire mais ce n'est pas le cas. On va suivre un petit groupe d'adolescentes au lycée et notamment Sélène la meneuse et Sophie qui deviendra plus tard une mannequin défilant sur les podiums de mode.

Visiblement, tout tourne autour d'un harcèlement scolaire autour du fait que les filles ont leur règle ce qui provoquent les moqueries d'un idiot du village. Sélène va être une véritable activiste qui ne bénéficiera pas de l'aide du monde des professeurs bien au contraire. Les intéressés ne seront pas très content de lire cet ouvrage où ils ne se révéleront pas sous leur meilleur jour, je préfère prévenir tant leur position est honteuse.

Tout cela va conduire malheureusement au drame. La tournure de ce récit n'est pas vraiment ce que l'on croit. Certes, il y a une dénonciation du machisme et de la lâcheté du système scolaire. Cependant, il y a également les excès du militantisme qui peut virer dans des actions incontrôlables. Jusqu'où faut-il aller contre la violence du sexisme ordinaire? Je pense qu'au fond, cette oeuvre tend vers la modération au niveau du message véhiculé de façon subliminale.

Ce titre ne nous laissera pas indifférent, c'est certain. Je pense que le choc est voulu afin de provoquer la réflexion et d'éveiller toutes les consciences. Il reste effectivement du chemin à parcourir avant de connaître la véritable égalité homme-femme.

Sur son visage elle a tracé des signes de guerre avec le sang de ses …règles, mentrues, menstruations, anglais. Cette chose qui fait partie de la vie des femmes et dont on a fait un puissant tabou, une honte !?.
Née hors mariage abandonnée par sa mère à ses grands parents Sélène ressent très tôt l'oppression et l'injustice qui lui ai faite parce qu'elle est une fille. Charismatique, elle mène une bande d'adolescentes vers une prise de conscience timide de ce que signifie la liberté d'être un être humain non genré. Hélas, trop jeune, absolument pas soutenue par des grands parents qui psychiatrise ses rébellions, abandonnée par la société elle va sombrer. Ça pourrait être la fin de l'histoire mais c'est compter sans les graines qu'elle a semé dans la tête d'une de ses plus proches amies devenue mannequin. Belle et instrumentalisée la mannequin va se souvenir de ces signes de ce joli sang que chaque femme doit cacher environ 450 fois dans sa vie ; elle va s'en servir pour en faire un acte libérateur et esthétique. Une Bd féministe et libératrice !

La peur et l'absence d'adultes concernés et impliqués soulignent l'absence de base solide pour devenir meilleur et participer à un monde plus juste. Faut-il en conclure que de toute façon la loi du plus violent et du plus riche reste la seule valable? D'autant plus quand on est un homme où tout est plus facile? L'histoire nous est racontée à travers le regard d'une jeune femme devenue modèle qui apprend la mort de son amie. Qu'est-ce qui fait qu'à un moment il faut dire non? Ce jour là, elle décide que c'est là pendant un défilé international qu'elle doit se faire entendre. le sang des règles est très significatif de son identité. Une ouverture surprenante et qui insuffle à sa manière de l'espoir. Une lecture intéressante et intelligente qui fera réfléchir les adolescentes sur leur situation et celles de leur proche. Dire non est difficile néanmoins cela peut tout changer. Refusons la haine gratuite, la misogynie, la discrimination, le tabou des règles... A la dernière page, on trouve des numéros et des sites pour se faire aider. Et surtout, on doit apprendre à mettre des mots sur ces peurs, se faire aider et à devenir plus forte.
Lien : https://22h05ruedesdames.com..

Ce roman graphique incite à la révolte. Car NON, il n'est pas normal qu'un garçon touche les fesses d'une fille. NON, il n'est pas normal de devoir se cacher quand on a nos règles. NON, il n'est pas normal d'avoir à se battre si fort pour l'égalité.
Ici on suit trois adolescentes qui subissent au quotidien une pression considérable, parce qu'elles sont des filles. Si Sélène ose élever la voix et n'a pas honte de qui elle est, ses deux meilleures amies, bien qu'en colère, vivent dans la peur. Celle du regard des autres. Ce roman évoque avec justesse cette période de l'adolescence, tiraillée entre la pression sociale et des convictions qui naissent.

Toutes les formes de sexisme sont abordées. du harcèlement sexuel au mannequinat, en passant par la discrimination. C'est très fort, parfois bouleversant. le personnage de Sélène est une grande source d'inspiration, toujours prête à la révolte, quitte à choquer. La souffrance qu'elle éprouve est son moteur. J'ai également beaucoup aimé le personnage de Sophie qui a mis du temps mais est parvenue à s'aimer suffisamment pour trouver en elle la force de se rebeller contre le système.

C'est un chouette roman graphique qui donne à réfléchir sur notre société et surtout qui nous donne envie de nous lever, toutes ensemble, pour faire changer les choses.