Depuis que j’ai atteint l’âge de raison, mes parents me répètent : "Kenji, n’oublie pas que tu es l’héritier de la famille Takahashi. Tu dois te comporter en enfant digne de notre ancêtre." Nous descendons, selon notre généalogie, de nobles de la cour impériale.
Franchement, je n'apprécie pas les rites ligotés par des règles que les temples appliquent à leur guise.
Mariko et Yukio sont arrivés dans ma vie pour me sauver de la dépression et de la solitude. J’avais besoin d’une motivation déterminante pour quitter l’endroit où je ne me sentais jamais à l’aise.
Ma mère était tout le temps frustrée. Elle m'aimait comme si elle essayait de compenser l'amour qui lui manquait. Cela me suffoquait, mais je ne pouvais que le supporter. Encore aujourd'hui, les choses n'ont guère changé entre nous, ni entre mes parents.
Elle baisse les yeux. Je prends ses mains. Elle me regarde. Je caresse ses cheveux, son visage, son cou. Je tiens ses épaules entre mes mains. Nos lèvres se superposent. Ma langue cherche sa langue. Ma respiration devient courte.
- Je te veux ! Je ne peux plus me retenir.
Je déboutonne sa chemise. Elle me laisse faire. Je touche sa forte poitrine chaude et soyeuse. Je suce un mamelon et reste immobile quelques instants, comme un petit garçon. Elle prend ma tête dans ses bras et la caresse. Je couche Mariko sur les tatamis. Je l’embrasse sur le front, sur les yeux, sur le nez, sur les oreilles, sur le cou. J’ôte sa jupe et sa culotte. Elle m’aide à me déshabiller. Je touche son sexe tout chaud et tout mouillé. En entrant en elle, je sens son sexe serrer le mien. Les deux se collent complètement comme des hamaguris. Je gémis :
- Ah ! Mariko, je t’aime !
Nos lèvres se superposent de nouveau. Nous bougeons les fesses de plus en plus fort. Elle pousse des gémissements et crie :
- Viens, Kenji !
Nous atteignons l’orgasme en même temps. Des larmes coulent sur mes joues. En me calmant, je l’entoure de mes bras.
J’aimerais rencontrer la femme qui a besoin de moi et dont j’ai besoin aussi. J’aimerais dormir en la tenant dans mes bras, en touchant sa peau douce et chaude, en caressant ses cheveux, son visage, son cou…
Il pleut tous les jours. C'est la saison des pluies. Je vais au laboratoire à pied. En marchant, je vois partout des hortensias en fleurs. Je m'arrête et les regarde, émerveillé par la beauté de toutes ces couleurs vives.
« Même en enfer, le jugement dépend de l’argent. »
(p.106)
Ma mère était contente que je ne pleure plus. Mon père lui dit : « Tout ça, c’est grâce à Sono, qui est bonne avec les enfants. » Pourtant, ma mère lui dit : « Elle est d’origine douteuse. Elle ne convient pas à notre famille. » Comme j’étais encore petit, je ne comprenais pas ce qu’elle voulait dire. Néanmoins, il me sembla que les mots « d’origine douteuse » étaient très négatifs. Sono ne revint plus jamais chez nous quand ma mère eut besoin d’une nurse pour moi.
A vrai dire, au début, je m'abandonnais au désespoir. J'errai au centre-ville pour tuer le temps. Il m'est arrivé d'entrer dans un bistro. Quand je rencontrais une entraîneuse qui me plaisait, je lui demandais de coucher avec moi. Si elle disait oui, je l'emmenai à l'hôtel. Je changeai de femme presque chaque semaine. Je n'avais pas besoin de m'inquiéter à l'idée que les femmes tombent enceintes de moi. Néanmoins, plus je faisais l'amour avec des inconnues, plus je me sentais vide. J'ai couché une fois avec une prostituée. Lorsque j'ai tenté d'embrasser ses yeux et sa bouche, elle a refusé aussitôt en disant : "Non. Ça je ne l'accepte que de mon petit ami." Ces paroles m'ont déprimé encore plus. Depuis, je n'ai couché avec aucune femme.