Comme dans tous les « cycles » de
Aki Shimazaki, on retrouve dans chaque volume l'histoire de personnages ici juste rencontrés.
Le premier volume, "Tsubaki", s'attachait à Yukiko, amie d'enfance de Yukio, personnage principal du second roman, "Hamaguri". Le troisième livre était consacré à la mère de Yukio, Mariko, son mari, Kenji, étant le « héros » du quatrième.
"Hotaru", dont l'action se déroule surtout de nos jours, est consacré à la fois à Tsubaki, la petite fille de Mariko, et aux souvenirs de cette dernière.
Dans ce roman, Tsubaki, jeune fille sur le point de se lancer dans une relation avec un homme marié, s'interroge sur les hallucinations de sa grand mère, cette dernière étant en train de vivre ses derniers jours. Cette dernière finira par lui raconter ses souvenirs lointains, lorsqu'elle était une jeune femme, à Nagasaki, pendant la guerre, et qu'elle était l'amante d'un homme marié déterminé à la poursuivre de ses assiduités…
Aki Shimazaki montre ici comment les sentiments, même refoulés, parfois niés, resurgissent, aidés par le conformisme et le silence qui était la norme à l'époque des amours de Mariko, et peuvent pousser à commettre des actes irréparables. Les silences s'entrecroisent dans cette histoire, celui que Mariko a été obligé de garder sur son amant, celui de Tsubaki sur l'homme âgé qui la courtise, et celui que chacun porte en soi. On croise aussi dans ce roman l'ombre de la grande histoire : le retrait du Japon de la société des nations ou l'explosion de la seconde bombe atomique sur Nagasaki. C'est aussi, et cela est valable pour tout le cycle « le poids des secrets, une superbe mise en situation du concept japonais de "honne" et "tatemae", de la réalité des individus à ce qu'ils doivent paraitre pour pouvoir continuer à vivre dans leur monde. Cette ligne de tension entre ce que l'on montre et ce que l'on est donne son unité et sa force non seulement à ce roman, mais aussi à tout le cycle dont il fait partie.
Le livre comporte 130 pages se lit rapidement, son écriture est simple et l'histoire en est belle. Un lexique, en fin d'ouvrage, donne le sens d'une vingtaine de termes japonais.
Aki Shimazaki, née au Japon, vit à Montréal et écrit en français, ce qui nous permet de la lire directement sans traduction, une exception pour une autrice malgré tout typiquement japonaise.
Le livre lui-même est réalisé « à l'économie » (comme toujours dans la collection Babel), en format poche, sur un papier très fin, mais qui ne pose pas de problème de transparence à la lecture. Un glossaire en fin d'ouvrage précise le sens d'une vingtaine de termes japonais utilisés dans le texte.