Illustrateur de bandes dessinées, Michaël Cooper retourne à Durham, en Caroline du Nord parce que son père, en phase terminale d'un cancer, a décidé d'y mourir. Depuis sa naissance, Michaël et ses parents ont toujours vécu au Texas. Ils lui ont peu parlé de leurs familles et de leurs amis laissés là-bas. La seule chose dont son père parlait avec fierté, c'est de son travail d'architecte et du béton. Il bâtissait des routes.
Dès le début, on sent Michaël révolté par les non dits et les secrets de famille. Il décide, puisqu'il est sur place, d'aller à la rencontre de ce père qu'il connait mal et qui lui parle si peu. Il retourne aux sources et questionne les survivants. Il ignore qu'il va déterrer des rancunes mal cicatrisées. Il va ainsi détricoter l'histoire de sa famille, de ses origines et l'histoire d'une ville et d'une région. Aimable, affable et un peu naïf, il va peu à peu se transformer au fil de ses découvertes.
Roman noir dans le style de
James Ellroy et plongée au coeur de l'Amérique profonde comme le ferait Franzen, ce récit, superbement écrit, est aussi un roman historique très critique. L'abrogation des lois raciales, la mort de Kennedy et de
Martin Luther King, les alliances douteuses entre le Sud et Nixon pour lui faciliter l'accès à la présidence…
Shiner parle franc. Truffé d'anecdotes savoureuses, d'atmosphère des années 60, de musique jazz et d'espoirs déçus, le récit de
Lewis Shiner est une véritable saga courant sur quarante années et trois générations.
Nous sommes en présence d'une diatribe sévère du rêve américain, basé sur la violence, le mensonge, les luttes d'influence et la ségrégation. Et la véracité des faits relatés fait de ce roman un livre d'Histoire passionnant où nous observons comment l'histoire d'un pays peut influer sur celle des individus et comment les actes des pères peuvent forger les fils.
C'est un roman superbe et une ode à la culture noire que j'ai beaucoup aimé.
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