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Critique de Cigale17


Serenata Terpsichore (!) a fait intensément de l'exercice toute sa vie : vélo, running, musculation, etc. Mais voilà qu'à la soixantaine à peine passée, ses genoux la lâchent… Son médecin la prévient : elle devra se faire opérer très prochainement. Fini l'exercice intensif qu'elle a pratiqué parfois avec excès depuis son adolescence. le moment est donc bien malvenu pour que Remington Alabaster (!!), son mari, décide brusquement de s'entraîner en vue de participer d'abord à un marathon, puis à un triathlon (un tri, pour les initiés). Pour réussir cette épreuve, il demande de l'aide à une coach, Bambi Buffer (!!! voire plus), sorte d'athlète idéale au corps de rêve, mais égocentrique, vindicative et vénale que Serena va vite détester alors que Remington bavera d'admiration devant la jeune femme. le couple résistera-t-il aux nouvelles passions de Remington et à la dégradation physique de Serenata ?
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Le dernier roman de Lionel Shriver, Quatre heures, vingt-deux minutes et dix-huit secondes, se présente comme un regard extrêmement critique sur le culte du corps et les prétendus bienfaits du dépassement de soi. Si ces deux thèmes sont omniprésents, l'autrice a choisi de leur en adjoindre plusieurs autres qui, comme ceux-ci, touchent de très près à sa vie personnelle. Elle a elle-même pratiqué l'exercice de façon obsessionnelle et, en vieillissant, elle en subit les effets, mais ce livre semble aussi verser de l'eau sur le feu et donner de nouvelles prises aux accusations portées contre elle depuis son discours de Brisbane en 2016 (https://www.newyorker.com/magazine/2020/06/01/lionel-shriver-is-looking-for-trouble). Ainsi, Remington est renvoyé de son travail après plus de trente ans de bons et loyaux services à cause d'une accusation de racisme, ce qui réduit drastiquement le montant de sa retraite. Pour sa part, Serenata prête sa voix avec succès pour des livres audio et des jeux vidéo depuis des années, mais elle sera accusée d'appropriation culturelle parce qu'elle imite à la perfection certains accents. Elle verra ses contrats diminuer avant de se tarir : le talent qui faisait son succès a entraîné son rejet de ce petit milieu. On retrouve aussi d'autres thèmes récurrents chez l'autrice : les difficiles relations entre parents et enfants, de sérieux coups de griffes à la religion conçue comme une pratique intensive (le parallèle avec la pratique sportive est parfois hilarante), et, peut-être avant tout autre thème, la difficile, éprouvante et désespérante entrée dans la vieillesse, et la marche vers l'inéluctable… Plusieurs aspects de ce roman m'ont beaucoup plu. J'y ai retrouvé le ton parfois acerbe, l'humour ravageur et l'ironie que l'autrice pratique quelle que soit la gravité de la situation. Je dois cependant avouer que les disputes entre les époux m'ont parfois semblé interminables. Réquisitoire ou plaidoyer, qu'il s'agisse de forme physique, de dépassement de soi, de la stupidité des modes ou d'autres choses, on finit par tourner en rond ! J'en sors donc un peu déçue, mais la lecture de Il faut qu'on parle de Kevin est récente, et je n'ai pas pu m'empêcher de comparer. Alors, forcément…
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Merci infiniment à Babelio et aux édition Belfond pour l'envoi de ce roman.
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