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Citations sur Quatre heures, vingt-deux minutes et dix-huit secondes (132)

- On pourrait penser que les transports ne sont qu'une histoire de mécanique, alors qu'il s'agit d'émotions. Aucun autre aspect de la vie urbaine ne suscite de sentiments aussi forts. Dans certaines rues, si on supprime une voie de circulation pour la transformer en piste cydable, cela peut soulever une émeute. Il suffît d'un feu piéton mal réglé qui dure deux bonnes minutes pour qu'on entende les automobilistes tambouriner sur leur volant, toutes vitres fermées. Le bus qui met une heure à arriver quand la température est négative... Le métro coincé indéfiniment sous le tunnel de l’East River sans qu'aucune explication soit fournie... Une rampe d'accès à une autoroute conçue de manière aberrante parce qu'un virage empêche de voir les voitures arriver... Une signalisation pas très claire qui vous expédie sur l'autoroute à péage du New Jersey pendant 32 kilomètres sans possibilité de sortir alors qu'on voulait prendre la direction du nord et qu'on est déjà en retard.
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Car la clé de la bucket list n'était pas de cocher les choses à faire, mais d'arriver à balancer la liste à la poubelle. C'était excitant d'envoyer balader tout ce bazar - avec réticence d'abord, puis avec joie.

C'était excitant de mourir graduellement. Elle avançait vers l'apathie les bras grands ouverts. Elle n'allait pas le crier sur les toits - ça ne valait pas la peine de se disputer pour si peu - mais Serenata ne se sentait pas obligée d'être concernée par le changement climatique, les espèces en voie de disparition ou la prolifération nucléaire. Elle gardait un œil sur la porte de sortie et avait bon espoir d'échapper au jour prochain où l'humanité devrait certainement rendre des comptes. La fois précédente où c'était arrivé datait vraiment, et la nouvelle mise au point n'avait que trop tardé. Toutes les civilisations produisaient les graines de leur propre effondrement et l'espoir d'esquiver les ravages meurtriers qui se profilaient au coin de la rue, juste parce qu'on était née un peu plus tôt que les malheureux petits nouveaux, était sans doute un peu sournois.
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— Tu as remarqué dans ces émissions culturelles, nota Remington au mitan de l'été alors qu'ils faisaient la vaisselle du déjeuner en écoutant en fond sonore NPR, la radio de service public, le nombre de fois où tu entends : « On ne pourrait plus dire ça aujourd'hui » ? Alors qu'on parle généralement d'un film ou d’un spectacle de stand up qui n’a pas plus de trois ou quatre ans.

« On ne pourrait plus dire ça aujourd'hui. » Bientôt, on ne pourra même plus dire ce qu'on n’a plus le droit de dire. On sera persuadés que s'exprimer est extrêmement risqué et l'espèce deviendra muette.
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(…) quiconque se retrouvait exactement là où il avait commencé sa vie ne pouvait s’empêcher de redouter de n’être allé nulle part entre-temps.
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Une bucket list, a-t-elle répété en reculant sa chaise. Où j'ai été pêcher ça ?

Le fait d'utiliser une expression à la mode était l'illustration même de ce manque d'originalité, de ce comportement moutonnier qui la mettait en rage. (Et ce n'était vraiment pas rendre justice aux moutons. Comment ces pauvres bêtes étaient-elles devenues la métaphore du conformisme ?) D'accord, il n'y avait pas de mal à adopter une nouvelle expression. Ce qui était horripilant, c'était cette façon dont tout le monde évoquait soudain sa bucket list, ses cent choses à faire avant de passer l'arme à gauche, sur un ton à la fois léger et entendu, pour bien montrer que l'usage de cette expression lui était parfaitement familier.
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Ils avaient eu des divergences, en particulier à propos des enfants qui, tous deux, étaient devenus pour le moins étranges. Il n’en demeurait pas moins que l’unité de mesure d’un mariage était militaire : un bon mariage, c’était une alliance.
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Avec constance et de plus en plus vite au cours des vingt dernières années, le conformisme avait envahi l’activité physique sous toutes ses formes. Elle l'entendait presque, ce grondement à l'intérieur de son crâne, semblable à la cavalcade migratoire de gnous fonçant dans sa direction, la poussière s'accrochant à ses narines, le martèlement de leurs sabots tambourinant depuis l'horizon. Cette fois, les masses ne se contentaient plus d'imiter ses goûts musicaux et littéraires dans l'intimité de leurs foyers. Cette fois, on les repérait en agrégats, en foules piétinant les creux et les bosses des parcs publics, barbotant de concert dans les quatre couloirs de la piscine de son quartier, vociférant avec les fanatiques, pédalant tête baissée en nuées de cyclistes, chacun voulant à tout prix dépasser le vélo qui le précédait, pour mieux s'arrêter au prochain feu rouge - où la meute s'ébrouait, chacun de ses membres prêt à sauter sur son coreligipnnaire telle une hyène chargeant une proie. Cette fois, l'incursion dans son territoire n'était pas métaphorique mais pouvait se mesurer en mètres carrés. Son cher mari avait rejoint le gros du troupeau des clones décérébrés.
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La religion a toujours été hostile au plaisir.
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Elle lui rendrait même son petit ventre à force de brownies maison, parce qu'ils se faisaient vieux et que l'un des rares points positifs de la vieillesse était de s'accorder mutuellement la permission de ne pas être parfaits.
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De nos jours, les femmes ont le choix. On pousse des cris d'orfraie en découvrant un cafard dans la cuisine et on demande à un homme de nous en débarrasser mais, d'un autre côté, on monte sur nos grands chevaux et on se sent insultée si quelqu'un met en doute notre courage. On est gagnantes des deux côtés, quand on y réfléchit. On peut se classer parmi les meilleurs, diriger des entreprises, et soutenir en même temps qu'une main sur le genou constitue un traumatisme si d'aventure jouer les désarmées est politiquement utile. Les hommes n'ont pas vraiment ce choix. De quelque manière qu'on les présente, ils finissent toujours par apparaître comme décevants. C'est parce que la masculinité en tant qu'idéal est ridicule. Et si, contre toute attente, ils parviennent à se montrer forts, intrépides et impassibles quelles que soient les horreurs qu'ils traversent - piliers de la force, du droit et du pouvoir, tuant tous les dragons qui se présentent -, cela nous semble normal. Perdants sur tous les tableaux. 
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