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Citations sur La nostalgie n'est plus ce qu'elle était (26)

... comme il (Arthur Miller) racontait bien comment elle (Marilyn Monroe) l'avait sorti des catacombes antimaccarthystes en 1955 ! Comment elle était venue incognito avec lui à Washington, alors qu'il allait passer devant la Commission des activités antiaméricaines. Comment elle s'était cachée chez son avocat. Comment la presse avait eu vent de la présence en ville de « la Blonde », au point d'assiéger l'immeuble de l'avocat. Comment elle avait pris son temps (il lui fallait trois heures : je le sais, je l'ai vécu), pour se transformer en « Marilyn », et finalement apparaître telle que ces trois cents requins l'attendaient, pareille à sa légende, minaudante et susurrante.

En minaudant et susurrant, devant la porte cochère de l'immeuble, sur le trottoir de cette rue de Washington, elle leur avait demandé de quel droit ils prenaient le droit de lui demander des comptes à propos de son amour pour un homme qu'elle aimait. Si elle l'aimait, c'était parce qu'il était respectable, bon, honnête – et par conséquent pourquoi et au nom de quoi était-il à ce moment même contraint de passer pour un accusé devant un tribunal de guignols fascisants ?

A ce moment-là, elle avait tout mis dans la balance. Deux choses pouvaient arriver : sa destruction totale, ou la réhabilitation dans l'opinion publique d'un homme qui, parmi d'autres, n'avait plus de passeport, dont les œuvres n'étaient plus jouées ni publiées. En fait, ce fut le début de la première mort de MacCarthy.

124 – [Points A 19, p. 283]
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J'ai connu des acteurs de gauche qui étaient d'irréprochables militants mais qui n'étaient pas toujours de bons acteurs. Et il y a de vilains réacs qui sont de prodigieux comédiens.
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Ça n'est pas un bon truc de venir là avec un gros ouvrage philosophique sous le bras et de le déposer sur la table de maquillage pour faire croire qu'on s'en fout du cinéma, alors qu'on crève de trac et d'envie d'en faire. Ça vexe les saltimbanques qui n'ont pas fait de philo et ça fait sourire les intellectuels qui ont voulu devenir saltimbanques - ce qui ne veut pas dire qu'en devenant saltimbanques ils sont devenus idiots. Je le sais, je l'ai fait une fois, le truc du gros bouquin... pas deux !
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Je pense qu'on peut parfaitement aider des gens à faire aboutir leurs luttes en leur disant honnêtement qu'on n'est pas des leurs, qu'on ne vit pas leur vie.
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Montand, il est formidable dans les grandes circonstances. S'il y a le feu, c'est lui qui trouve l'eau ; et si vous perdez votre sang, il saura vous faire un garrot. Il est l'homme des grandes occasions. Disons que dans les petites occasions, il lui arrive d'être un peu difficile, pour ne pas dire pénible.
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Une délégation m'attendait, composée du directeur général du studio et des représentants du ministère de la Kultur, avec des œillets rouges à la main. Les acteurs français détestent les œillets. C'est une superstition stupide et tenace. Mille anecdotes se racontent dans les coulisses et sur les plateaux de cinéma qui attribuent à l'œillet fatidique envoyé par la rivale la chute dans le trou du souffleur ou le bide d'une générale. Il est temps que ce soit dit : il y a de par le monde des tas de gens qui se saignent aux quatre veines pour offrir des œillets, comble du luxe dans des pays peu ensoleillés, à des Français ingrats qui, à la vue de la fleur en question, ne pensent plus qu'à l'enrouement qui va les rendre aphones ou à l'avion qui va capoter. Ils avaient donc des œillets, ils souriaient content de contempler enfin, en chair et en os, une personne qu'ils n'avaient jamais vue au cinéma.

58 – [Points A 19, p. 137]
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Elle prit donc ses deux petits garçons sous le bras, un minimum de paquets, pour une fois, mais dont un contenait néanmoins un petit éléphant fait d'ouate enrobée d'un crochetage de laine gris : joujou artisanal s'il en fut, dans lequel elle avait dissimulé un vieux revolver de mon père qu'elle s'était refusée à livrer à la mairie en 40. Elle n'avait pas la moindre intention de s'en servir, mais, pas plus qu'on n'achète de brosses à dents à l'ennemi, on ne lui rend les armes...
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Quand j'étais petite, on me racontait comment les chemineaux laissaient des signes mystérieux sur les portes des fermes auxquelles ils avaient frappé. A l'intention de leurs copains qui viendraient derrière eux. « Ici on donne », « ici on est méchant », « ici on donne contre du travail », disaient les croix, les bâtons ou les losanges gravés au canif. Il y a a sûrement plein de signes invisibles tracés sur la porte de la « roulotte ».

113 – [Points A 19, p. 362]
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Très vite, on a rencontré de vrais maquisards. Le colonel Claude Jaeger a commandé à l'ancien « réfractaire » Yves Allégret un documentaire sur la libération du Mans par les FTP. La France n'était pas encore entièrement libérée, il y avait des poches allemandes tout le long de l'Atlantique, et les FTP de Tillon ne se considéraient pas comme démobilisés. Il leur restait des armes, du peu d'armes qu'on leur avait parachutées. Ce n'est pas à moi, qui ne suit pas communiste, de me mêler de cette histoire, qui est d'ailleurs de l'Histoire tout court, mais il est de notoriété publique que les maquis communistes, vers la fin de la guerre, ne recevaient plus la marchandise. Elle tombait souvent à côté… André Dewavrin, ex-colonel Passy, et Jorge Semprun, ex-maquisard FTP, ont fort courtoisement vidé cette querelle il y a trois ans, ici même devant un bon feu de bois, au cours d'une conversation de trois heures à laquelle bouche bée assistaient Florence et Jean-Pierre Melville. Chris Marker. Mme Dewavrin. Colette Semprun. Montand et moi, et qui avait commencé avec cette phrase de Jorge : « Alors, Colonel, ces Stens, on les attend encore… »

47 – [Points A 19, p. 84]
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C'est à Tel-Aviv, à Jérusalem et à Haïfa, que nous avons rencontré de jeunes « Sabras » qui parlaient des derniers arrivants, les immigrants des années cinquante, en les appelant Soap Jews. Ils désignaient par là ceux qui avaient accepté passivement la possibilité de la rafle, de la déportation et, en fin de compte, la transformation du peu de graisse qui leur restait sur les os en l'une de ses savonnettes exposées dans le musée des crimes nazis.

C'est dans le « Meacharim », le ghetto orthodoxe de Jérusalem, que j'ai entendu une vieille épicière, marchande de lacets et de petits sacs de terre sainte spécialement destinés aux touristes américains, marmonner en yiddish que Hitler avait eu raison : le peuple juif avait beaucoup péché par mécréance, il avait payé !

88 – [Points A19, p. 233]
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