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Citations sur La nostalgie n'est plus ce qu'elle était (26)

C'est à l'hôtel d'Angleterre (de Leningrad) qu'Essenine s'était ouvert les veines et avait écrit le dernier poème de sa vie. C'était en 1925. Assis par terre dans le salon de notre appartement princier, après un dernier verre et juste avant d'aller se coucher, (que l'un des guides interprètes) dit que c'était peut-être sur cette moquette-là que le sang d'Essenine avait coulé. Et tous quatre, en russe et en chœur, récitèrent le poème du jeune fou dont les derniers vers disent :

Dans cette vie mourir n'est pas nouveau,
Mais vivre n'est certes pas chose plus neuve.

87 – [Points A19, p.182]]
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Alors, Ehrenbourg nous raconta Pasternak, le plus grand poète soviétique, le plus grand traducteur de Shakespeare, le seul à avoir refusé de céder à Staline, et le seul à qui Staline n'avait osé toucher. Il n'était pas publié, mais il était vivant. Il vivait retiré, mais non pas oublié. « Il est le seul d'entre nous qui mérite le respect. » Et puis Ehrenbourg nous raconta comment Staline l'avait réveillé, lui, Ehrenbourg, une nuit au téléphone, pour lui donner l'instruction de réemployer le mot « nazi » dans un feuilleton politique à propos duquel on lui avait précédemment donné pour instruction de désigner les nazis sous le nom d'Allemands, et comment, par la même, il avait su avant tout le monde que le pacte avait vécu.

86 – [Points A19, p. 177]
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Il y eu même des jumeaux qui eurent le bon goût d'être une fille et un garçon, la fille fut prénommée Simone et le garçon Yves. Nadia m'emmena au GOUM, je fis l'emplette de deux timbales d'argent et les fit graver. Les deux phrases en caractères cyrilliques étaient, entendu : « Pour Yves de la part de Simone », « Pour Simone de la part d'Yves ». Ce geste, qui n'est pas sans rappeler ceux des grandes familles qu'on rencontre dans les romans édifiants, fut abondamment célébré dans la presse et filmé par la télévision...

76 – [Points A 19, p. 164]
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Air France nous transporta jusqu'à Prague. L'escale devait durer une heure, elle dura la nuit. C'est dans un hôtel très éloigné de la ville qu'on nous fournit le boire, le manger, le gîte et des explications qui, pour être météorologiques, n'en étaient pas moins fumeuses. Du côté du Jazz Band – dont c'était le premier voyage à l'Est – les questions commençaient à se faire pesantes à l'adresse du chef de l'expédition, j'ai nommé Georges Soria. Comme il n'est jamais pris au dépourvu, il développa la théorie de la prudence dans l'air, qui est une des grandes qualités des lignes d'aviation des pays de l'Est. On n'est jamais trop prudent. C'est vrai, reconnu toute la compagnie qui commençait seulement à se défendre.

73 – [Points A 19, p. 158]
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Pendant toutes les années durant lesquelles j'ai vécu avec Allégret, les Aragon ne me reconnaissaient pas. On me présentait à eux, ils avaient toujours l'air de chercher dans leur mémoire… mais non vraiment, ils ne voyaient pas… Quatre ou cinq fois de suite, en trois ans, il leur arriva de ne pas me « remettre ». J'étais un peu triste, parce que, si Aragon, ne m'avait pas vu jouer, moi j'avais lu et relu tout Aragon. Dès que j'ai vécu avec Montand, je suis tout à coup devenue digne d'être reconnue en ma qualité de femme du grand chanteur populaire et en ma qualité d'artiste dramatique. Un jour, je lui ai demandé pourquoi, pendant tant d'années, il avait si souvent semblé ne pas me reconnaître. Les yeux brillants de malice bleue, il m'expliqua que c'était justement parce qu'il me reconnaissait qu'il ne voulait pas me connaître. Je vivais avec un homme qui avait été secrétaire de Trotsky en 1935, il ne pouvait se permettre de serrer la main de la compagne d'un trotskyste. Comme c'était un jour où l'humeur était plaisante, on avait fait le compte des mains qui doivent se serrer ou ne pas se serrer dans Paris.

62 – [Points A 19, p. 152]
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... ça m'a paru étrange. Je découvrais qu'il m'arrivait des choses que je ne recherchais absolument pas, pour lesquelles ni ma volonté ni mon cerveau n'étaient entrés en fonction. J'étais par conséquent quelqu'un d'autre. ça m'a frappée et je me suis dit : « C'est donc ça qu'ils appellent le dédoublement ! C'est là-dessus qu'on a écrit des tonnes de littérature ! » Je n'en ai rien dit à personne, mais c'était la réponse à toutes les questions naïves qu'on nous pose souvent : « Comment faites-vous pour pleurer ? » ou bien : « Il vous en faut de la mémoire pour retenir tout ça ! » Alors que ce n'est pas difficile d'apprendre un texte (s'il est bon), parce que ce sont les mots mêmes que dirait le personnage dans la situation où il est. Et que ce n'est pas difficile de pleurer quand on est malheureux : si mon personnage est malheureux, il pleure, je pleure.

54 – [Points A 19, p. 116]
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