J’ai compris qu’il n’y avait rien de mal à me laisser sauver par quelqu’un, surtout quand je ne suis pas en mesure de le faire moi-même. On a besoin les uns des autres. C’est comme ça.
Je ne sais pas ce qui restera de moi si mon amour et ma tristesse ne suffisent pas à te ramener à la vie. Peut-être que j’ai moi aussi besoin qu’on me ramène à la vie.
- […] Tout le monde n’arrête pas de nous rappeler qu’on est jeunes et qu’on a la vie devant nous, et je me suis toujours dit que c’était débile. Quelqu’un pourrait lâcher une ancre du haut de cette falaise et on pourrait mourir sur le coup.
Je faisais pareil avant : j’essayais d’étouffer mes sentiments et de minimiser mes problèmes devant les autres parce que parfois, ils ne comprennent tout simplement pas.
- Avec lui, j’avais le sentiment d’être en sécurité dans le monde et de ne rien avoir à craindre de moi-même. (J’ai l’impression que mes jambes vont se dérober sous moi.) Je ne sais pas comment vivre sans lui. Je pense qu’aucun d’entre nous ne le sait. Qui pouvait prédire qu’on dirait adieu à Theo si vite ? Ce n’est pas juste, et c’est un cauchemar. Mais on ressent tous un amour immense pour Theo, et c’est par notre histoire avec lui que nous allons continuer à le faire vivre.
Tu m’as un jour fait part d’une réflexion très étrange sur l’eau. C’était juste après ton installation ici, et j’ai vraiment cru que tu étais défoncé. Tu as affirmé que chaque petite molécule d’une masse d’eau - mer et lac, douche et évier - avait une histoire et une raison d’être. Tu as toujours été convaincu que le monde était plus complexe qu’il n’y paraissait, mais tu ne m’avais encore jamais sorti cette théorie sur l’eau. Comment est-ce que j’étais censé réagir quand tu m’as dit qu’une goutte d’eau provenant de ta pomme de douche allait tomber directement dans tes canalisations sans te toucher afin d’accomplir sa destinée, plus importante que celle de laver ? Tout le monde sait que les étudiants fument de l’herbe. Voilà ce que j’avais envie de te répondre.
Mais alors que je me tiens debout dans l’océan qui t’a arraché à nous, je me demande si une molécule ici a été témoin de ta mort, si une partie de l’eau qui éclabousse mes jambes a rempli ta gorge alors que tu te débattais pour reprendre ta respiration.
Comme moi, Jackson t’aime. Et comme moi, il est coincé dans cet univers dont tu ne fais plus partie.
Ta mort a fait de chacun de nous une pièce de ce drôle de puzzle qui ne s’assemble pas complètement, mais sur lequel on peut malgré tout distinguer l’image générale - deux garçons amoureux de quelqu’un qui ne reviendra jamais.
C'est la fin.Le moment où on abandonne tout espoir d'inverser le temps , le moment où on renonce à trouver un remède contre la mort, le moment où on doit vivre dans cet univers sans Théo, le moment de lui dire adieu.
Je n'en suis pas capable.Pour la plupart des gens c'est un adieu, mais pas pour moi. Jamais.
Ça fait un mois que l'univers t'a perdu. Un mois que tu ne t'es pas réveillé le matin. Un mois que tu n'as pas ouvert un livre. Un mois que tu n'as pas mangé un repas. Un mois que tu n'as pas écrit de textos. Un mois que tu n'es pas allé te balader. Un mois que tu n'as pas tenu la main de quelqu'un. Un mois que tu n'as pas embrassé ton copain. Un mois que tu n'as pas pensé à un avenir qui n'arrivera jamais. Un mois que tu n'as pas rêvé de tes univers parallèles.
Ça fait un mois que tu es mort
Ça fait un mois que tu as vécu.