La créature à moins d’un mètre d’eux, ne semblait pas décidée à partir. Ils étaient juste séparés par la fine porte à double battant de l’armoire. Les sentait-elle ? pensa Torik, horrifié. Elle avait peut-être un odorat très développé. À moins qu’elle n’arrivât à entendre leur respiration pourtant retenue et feutrée par leur casque. Torik n’en pouvait plus, il commençait à avoir les jambes ankylosées et à se dire que la chose avait déjà repéré leur présence. Était-il possible que ce dernier fît exprès de les faire languir pour assouvir un plaisir mesquin et morbide ? Se nourrissait-il de leur peur ?
Il ne le saurait jamais, car ce fut à ce moment que l’un des cintres en métal tomba dans un bruit que ses sens aux aguets rendaient à la fois assourdissant et interminable.
Cela faisait maintenant au moins six jours que tous les habitants du continent étaient contraints de rester cloîtrés chez eux. Impossible d’ouvrir la moindre porte jusqu’à nouvel ordre à moins de posséder un canon à plasma ! pensa Torik. Le Réseau les contrôlait, comme beaucoup d’autres choses. Les autorités appelaient ces périodes d’enfermement qui étaient de plus en plus fréquentes : le Cloître du renouveau. Torik n’avait jamais compris pourquoi ce nom pour décrire un isolement pendant que les éléments se déchaînaient à l’extérieur. Il supposait que c’était une façon pour le gouvernement de dédramatiser la situation et ne pas trop inquiéter les habitants de Seth, les Trinitiens.
La dernière chose que son cerveau au bord de la rupture parvint à enregistrer fut la luminosité des yeux du monstre. Aucun doute sur sa capacité à voir dans la nuit. Un monstre fait pour tuer. À moitié tétanisé, Torik ne se rendit pas immédiatement compte que Crysta lui tenait la main.