J'ai gardé le trou dans la cuisine comme dernier recours. Quand j'écrivais un souvenir dans le carnet et qu'il ne disparaissait pas parce qu'il était trop beau, je regardais le trou pour me rappeler que tout n'était pas toujours parfait entre nous deux, même dans notre maison où tout était parfait. Avec le temps on a tendance à ne retenir que les bons moments, je voulais pouvoir me rappeler ce mauvais moment chaque fois que j'ouvrais le réfrigérateur pour vérifier qu'il y avait du jambon .
Il y a un an et demi qu'il est malade. Il est peut-être déjà trop tard pour retrouver le Suzor que je cherche, mais je n'arrêterai pas mon chemin. Je n'arrêterai plus. Cette lettre, ces mots, le j minuscule et sans point qu'il trace quand il écrit mon prénom, tout ça explose en moi. Je ne veux pas être la seule condamnée au souvenir de nos bonheurs.
il n'y a dans l'avenir que les rêves échoués d'hier, qu'on cède aux autres en souhaitant qu'ils aient plus de chance ou de courage que nous.
Nous ferons la paix et mourrons entrelacés, il le faut, et sur notre pierre tombale nous ferons inscrire que nous étions pourtant immortels. Personne ne viendra déposer de fleurs, mais il y aura dans les lettres sculptées un peu de pollen porté par le vent et à nos pieds des feuilles de peuplier.
J’ai longtemps cru, enfant, que l’odeur de nos hivers était un privilège, je sortais en décembre, en janvier, dans le froid dehors, chez moi, j’emplissais mes narines et je me disais que les Brésiliens, les Espagnols, les Algériens ne connaissaient pas cette odeur, et que j’étais chanceuse. C’était avant la Russie. Depuis, cette odeur me rend malade. C’est encore pire depuis ton départ, depuis que par mois treize degrés en décembre tu as ouvert la porte. Chaque fois que je sors dehors et que j’aspire j’aimerais être en Algérie. (p. 118 )
Les choses précieuses sont souvent les plus fragiles.
- Mamie? Est-ce que ça arrête de faire mal, un jour?
- Quoi?
- La vie.
Fourmi a l'adolescence cliché. (...) Elle sait tout mais ne sait pas quoi faire avec tout ça.
J'ai abordé le vieil âge comme on épluche une clémentine, lentement et en espérant qu'il n'y aurait pas de pépins.
J’ai abordé le vieil âge comme on épluche une clémentine, lentement et en espérant qu’il n’y aurait pas de pépins.