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Critique de Nastasia-B


Je ne vais pas jouer les vieilles habituées… c'est mon premier Simenon. — Non ? — Si ! — Meuh non ! — Mais si pourtant, je vous assure, ne me regardez pas comme ça avec cet air mi-apitoyé mi-rassurant. J'incline à croire qu'il y a des gens très bien qui n'ont jamais encore feuilleté un bon p'tit Maigret des familles. Et encore, j'ai trouvé le moyen d'en choisir un où il n'y a même pas de Maigret. C'est malin !
Bon, trêve de préambules oiseux, je vous épargnerai les raisons qui m'ont fait choisir celui-ci plutôt que tel autre, sachez seulement que ma bonne ville de Caen et mes souvenirs de la Côte Normande n'y sont probablement pas totalement étrangers.
Pas de Maigret, pas d'enquête dans cet opus, donc pas un policier du tout. Non, un vrai thriller.
Georges Simenon nous met une chape de plomb sur la tête pour créer une ambiance étouffante et électrique à souhait dans un huis clos absolument angoissant.
Lannec est un capitaine breton qui vient juste, au terme de vingt années de navigation, de pouvoir s'acheter son propre bateau de marine marchande.
Il n'a pas pu réunir seul la somme, mais s'est associé avec son second, Moinard, un taiseux fiable, compagnon de Lannec depuis des lustres. Mais même à eux deux, il en manquait encore un peu, que les banques ont accepté de prêter moyennant une signature de garantie d'une personne solvable.
Cette personne solvable, c'est la belle-mère de Lannec, la mère Pitard, une bourgeoise rentière de Caen, qui s'imagine représenter la haute, la raffinée, la noble société. Peut-être n'a-t-elle jamais vraiment digéré le mariage de sa fille avec un marin ?
Lannec voue une véritable exécration pour toute la famille Pitard, si collet monté, si condescendante à son endroit, si bourgeoise au sens le plus puant du terme. D'ailleurs, le choc des classes avec Mathilde sa femme est toujours très présent ; on ne mélange pas le saumon et le merlu.
Bref, Lannec est tout fier d'étrenner son Tonnerre-De-Dieu dans une navette de Rouen à Hambourg. Sa femme Mathilde a absolument tenu à être du voyage. Cela n'enchante pas Lannec, mais bon, il faut bien s'y résoudre.
C'est alors qu'en chemin, Lannec découvre un billet sur lequel est écrit que le Tonnerre-De-Dieu n'arrivera jamais à bon port. Ce n'est pas suffisant pour lui faire peur, mais tout de même, c'est intrigant. Qui a bien pu lui vouloir du mal ?
Et s'il n'était que cela, Mathilde rend la vie à bord impossible. L'ambiance de plomb nous oppresse de page en page.
Le point d'orgue de l'ouvrage se situe lorsque la radio annonce qu'un chalutier est en détresse au milieu d'une mer démontée. Aller lui porter secours, c'est risquer d'y rester soi-même.
Aller ou ne pas y aller ? Risquer le bateau et des vies d'hommes ? Ne pas tenir les délais et payer des indemnités de retard ? Est-ce que cela s'est jamais vu de ne pas porter secours à un ami en mer ? Est-ce que tout le monde saura garder sa tête froide dans sa coque de noix ballottée par les vents et les flots en furie ?
Un vrai bon thriller psychologique mais, à mon sens, amoindri par la fin que je trouve un peu molle et inutile par rapport à la formidable poussée d'adrénaline et d'anxiété que l'auteur a su faire monter auparavant. Mais, bien évidemment, ce n'est là que l'avis d'une lectrice dont c'est la première traversée avec Simenon, c'est-à-dire, pas grand-chose.
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