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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Nous sommes en 1968 et Michael, le narrateur, a quinze ans. Comme chaque année, il vient passer l'été avec ses parents dans leur maison de bord de mer, sur la côte atlantique des Etats-Unis. Une grande complicité l'unit à son père, avec qui il passe l'essentiel de son temps à naviguer et à pêcher, à bord de leur voilier Angela. Mais voilà que s'installent, dans le pavillon qu'ils mettent en location au bout de leur propriété, deux nouvelles venues : la fantasque Madame Mertz et sa fille de vingt ans, Zina, photographe à la beauté troublante.


Rien ne prédestine l'été au drame, sur ce petit bout de côte idéalement situé loin du monde pour se vider la tête et pour se reposer. Pourtant, l'avertissement cueille le lecteur dès la première phrase : « C'est pendant l'été de 1968 que je tombai amoureux et que mon père se noya ». C'est donc dans l'attente d'une catastrophe annoncée que l'on entame ces vacances aux couleurs paisibles du bonheur, celles qui retiennent encore Michael du côté d'une enfance qu'il se plaît à prolonger en sachant sa fin proche. Dans les faits, l'arrivée de Zina est une déflagration. En un instant, l'adolescent amoureux se rêve homme, lui que cinq ans séparent de sa belle. Mais si cet été en trompe-l'oeil le fait effectivement basculer dans l'âge adulte, c'est avec la brutalité d'une vague scélérate, surgie sans prévenir dans les eaux faussement inoffensives de vacances en famille pour fracasser jusqu'à ses certitudes les plus intimes : l'amour et la cohésion des siens, son admiration pour son père et sa confiance en la maîtrise qu'ont les adultes de leur vie.


On ne badine pas avec l'amour, et les mirages d'une belle saison ont vite fait de céder la place à l'hiver. le récit enchanteur d'un été plein de promesses se délite bientôt en un constat désolé et incrédule. A peine le temps de presque rien, et vous vous réveillez dans un désert, là où tout était riant. Vos doigts qui comptaient toucher le bonheur se referment, stupéfaits, sur un vide où toute votre existence a disparu, à l'image de ce banc de sable, aperçu au début du roman à proximité de la plage, que les vagues disloquent dangereusement au moment de mettre le pied dessus.


A partir lui aussi de presque rien - quelques séquences d'apparence anodines -, Charles Simmons met en scène nos désillusions humaines, quand la vie se charge de nous révéler tout ce qu'elle nous refusera. Un grand roman, qui, sans crier gare, nous fait passer du goût salé de la mer à celui, saumâtre, de la vie et des larmes. Coup de coeur.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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Il aura fallu une réédition pour que je découvre Charles Simmons et en particulier "les locataires de l'été". J'ai cependant lu la version de 1978 traduite par Éric Chédaille. Je le précise car je suis séduite par l'écriture et le talent du traducteur y est sans doute pour quelque chose aussi.
J'ai beaucoup apprécié l'ambiance qui est très cinématographique et qui aurait pu faire un film d'auteur de qualité.
L'écriture est soignée, Charles Simmons décrit, avec une justesse et un style que je ne sais pas moi-même décrire mais qui me plaît beaucoup, une atmosphère et les états d'âme des différents personnages. Il y a beaucoup de subtilités dans les descriptions. le lecteur est pris dans les tourments de l'adolescent, dans les relations entre père et fils mais aussi ressent, à travers les pages, ce que vivent tous ces personnages autour du désir, du sexe et de la découverte de l'amour.
Très bonne idée que d'avoir remis au devant de la scène ce très joli roman, sensible.
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« C'est pendant l'été de 1968 que je tombai amoureux et que mon père se noya. » (p. 13) Cette phrase liminaire annonce un double drame et il est presque difficile de savoir lequel des deux est le plus violent tant la narration menée a posteriori par Michael brasse tous les sentiments et soulève des interrogations qui sont restées sans réponse pendant de nombreuses années.

Michael et ses parents passent l'été dans leur maison de Cap Bone. Les journées sont consacrées à la nage, aux promenades avec le chien et au voilier. Jusqu'au jour où Michael rencontre Zina : avec sa mère, elle loue le pavillon derrière la grande maison. Michael a 15 ans, Zina en a 20. Pour le premier, c'est l'amour immédiat. Mais la seconde a d'autres choses et d'autres personnes en tête. Michael est un adolescent tendre et inexpérimenté, encore sur le chemin qui vient de l'enfance. « Je tenais à ce que tous ceux que j'aimais fussent proche : ma mère mon père, Zina et Blackheart. » (p. 73)

Hélas, rien ne se passe comme Michael le souhaite. Zina, bien que très affectueuse, ne répond pas à son amour. Par ailleurs, son père dont il était si proche s'éloigne et passe beaucoup de temps en ville. Michael découvre la jalousie en même temps que l'amour. « Il est toujours une illusion. L'être aimé ne se montre pas à la hauteur de l'attente de l'autre, et quand l'amour persiste par-delà la déception, il devient de surcroît une prison. » (p. 107)

Les locataires de l'été, ce sont Zina et sa mère, mais finalement, ce sont tous les personnages qui ne font que passer à la belle saison et qui partiront, sans exception, laissant l'été vide et épuisé. Cette saison est celle du passage et du changement : plus rien n'est identique désormais et les illusions ont fait long feu. le titre original du roman est Salt Water : comme souvent, il me plaît davantage que celui choisi par le traducteur ou la maison d'édition. L'eau salée, c'est la mer, l'eau amère, celle qu'on avale quand on boit la tasse et celle qu'on pleure. Ce titre simple et équivoque colle vraiment mieux au roman et contient en germe tous les drames de l'intrigue. Mais c'est un détail, car j'ai beaucoup aimé ce court roman au style décisif et précis qui illustre à merveille combien l'été, saison dolente par excellence, peut recéler de violence et trouble.
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Attention chef d'oeuvre sous une apparence de simplicité se cache un bijou littéraire sur le passage à l'age adulte et le moment qui fait que l'on bascule à tout jamais de l'autre coté, il ya ceux qui sont capables de le déceler et surtout de le raconter et les autres, ceux qui ne font que subir...la plupart d'entre nous sans doute mais charles Simmons lui par menus détails nous offre un court moment de lecture mais qui vous poursuit très longtemps.
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Charles Simmons, c'est l'anti Joël Dicker. Si vous êtes fâchés avec les romans qui assomment le lecteur à grands coups de péripéties dramatiques, lisez donc "Les Locataires de l'été" !
Tout y est feutré, même les pires coups du sort, ce qui donne cette première phrase extraordinaire : "C'est pendant l'été de 1968 que je tombai amoureux et que mon père se noya."
Nos espérances de lecteur ne surgissant que pour être instantanément foudroyées, il va falloir entrer dans le récit avec cette ombre au-dessus de la tête alors qu'on aurait tant voulu lire l'histoire d'amour d'un adolescent américain sur une plage américaine ! Nous sommes ici dans l'art du demi-ton et du nihilisme feutré. Ça fait penser à du Verlaine et comme dans un poème de Verlaine, la tristesse s'abat sur vous, mais après. Sur le coup, on se laisse bercer par le style clair comme un ciel d'été et rassurant comme un dîner entre voisins, presque léger. Un style aimable et factuel.

On a beaucoup dit que ce livre était un roman d'apprentissage, mais je ne trouve pas. Sinon pourquoi le narrateur devenu adulte finirait-il son récit sur ces mots : " Je ne sais pas pourquoi, mais j'ai toujours l'impression d'être un enfant" ?
Une histoire posée sur des bancs de sable et de l'eau salée ne peut pas construire celui qui la raconte... Mais c'est une bonne chose pour le lecteur car c'est l'immaturité de la narration qui crée le charme profond de ce livre écrit à l'aquarelle.
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Un livre d'une simplicité élémentaire qui nous rappelle les conseils de Camus en la matière. Poignant, intéressant et très bien écrit.
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Il est très agréable de lire un livre dans un décor estival quand dehors, il gèle, rien de tel pour se dépayser.
Nous sommes dans les années 60, le narrateur, un ado de 16 ans et ses parents passent les mois d'été dans un villa au bord du mer et loue un pavillon. Les locataires et propriétaires se côtoient, fond des fêtes....
Notre jeune ado découvre l'amour et sa complexité, à travers ses sentiments, malheureusement pas toujours partagé ; il découvrira aussi les relations qu'on les autres membres du cercle qu'ils forment le temps d'un été....
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Un petit bijou!
Sensible, tendre, cruel.
Le passage à l'âge adulte d'un jeune garçon durant des vacances d'été sur une île ou plutôt presqu'île en Nouvelle Angleterre.
On parle souvent de l'importance de la première phrase d'un roman...
"longtemps je me suis couché de bonne heure" est passé à la postérité.
Dans ce roman elle mérite son prix..."C'est pendant l'été de 1968 que je tombai amoureux et que mon père se noya". Tout est dit et avec le juste ton.
Comédie douce amère ou drame ?

Un court et merveilleux roman
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Un bijou qui ne cesse de vous hanter...
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Une merveille : un enfant qui devient adulte, découvre que son père est un être de chair et de sang -comme lui-, un premier amour si cruel mais si tendre. L'histoire n'a d'égal en délicatesse que l'écriture de Simons qui touche juste.
Un livre court d'une rare beauté à mettre entre toutes les mains adolescentes ou adultes
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