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Éric Chédaille (Traducteur)
EAN : 9782859406042
192 pages
Phébus (26/01/2000)
3.82/5   155 notes
Résumé :
Charles Simmons (un livre tous les huit ou dix ans depuis 1964, où son premier roman obtient le prix Faulkner) est un écrivain à éclipses - et à mystères. Les Locataires de l'été fait partie de ces histoires qui cachent leur jeu : trop simples pour être honnêtes. Un adolescent passe l'été au bord de la mer, tombe amoureux de la petite voisine, découvre que la mort existe... L'art de Simmons, d'une scène faussement anodine à l'autre, consiste à révéler tout ce qui da... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (34) Voir plus Ajouter une critique
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Nous sommes en 1968 et Michael, le narrateur, a quinze ans. Comme chaque année, il vient passer l'été avec ses parents dans leur maison de bord de mer, sur la côte atlantique des Etats-Unis. Une grande complicité l'unit à son père, avec qui il passe l'essentiel de son temps à naviguer et à pêcher, à bord de leur voilier Angela. Mais voilà que s'installent, dans le pavillon qu'ils mettent en location au bout de leur propriété, deux nouvelles venues : la fantasque Madame Mertz et sa fille de vingt ans, Zina, photographe à la beauté troublante.


Rien ne prédestine l'été au drame, sur ce petit bout de côte idéalement situé loin du monde pour se vider la tête et pour se reposer. Pourtant, l'avertissement cueille le lecteur dès la première phrase : « C'est pendant l'été de 1968 que je tombai amoureux et que mon père se noya ». C'est donc dans l'attente d'une catastrophe annoncée que l'on entame ces vacances aux couleurs paisibles du bonheur, celles qui retiennent encore Michael du côté d'une enfance qu'il se plaît à prolonger en sachant sa fin proche. Dans les faits, l'arrivée de Zina est une déflagration. En un instant, l'adolescent amoureux se rêve homme, lui que cinq ans séparent de sa belle. Mais si cet été en trompe-l'oeil le fait effectivement basculer dans l'âge adulte, c'est avec la brutalité d'une vague scélérate, surgie sans prévenir dans les eaux faussement inoffensives de vacances en famille pour fracasser jusqu'à ses certitudes les plus intimes : l'amour et la cohésion des siens, son admiration pour son père et sa confiance en la maîtrise qu'ont les adultes de leur vie.


On ne badine pas avec l'amour, et les mirages d'une belle saison ont vite fait de céder la place à l'hiver. le récit enchanteur d'un été plein de promesses se délite bientôt en un constat désolé et incrédule. A peine le temps de presque rien, et vous vous réveillez dans un désert, là où tout était riant. Vos doigts qui comptaient toucher le bonheur se referment, stupéfaits, sur un vide où toute votre existence a disparu, à l'image de ce banc de sable, aperçu au début du roman à proximité de la plage, que les vagues disloquent dangereusement au moment de mettre le pied dessus.


A partir lui aussi de presque rien - quelques séquences d'apparence anodines -, Charles Simmons met en scène nos désillusions humaines, quand la vie se charge de nous révéler tout ce qu'elle nous refusera. Un grand roman, qui, sans crier gare, nous fait passer du goût salé de la mer à celui, saumâtre, de la vie et des larmes. Coup de coeur.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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Le Summer of Love, un an après... comme celui des hippies de San Francisco, se termine en funérailles. Ce n'est pas divulgâcher ce livre, la phrase d'ouverture annonçant la mort du père à la fin de l'histoire.
Un roman d'apprentissage plutôt habile, la candeur du héros de 15 ans, Michael, bien exploitée pour y développer des réflexions sur l'amour, et ce qu'en font les adultes, dans une société connaissant la libération sexuelle.
L'intrigue est limpide, le livre se lit d'une traite.
De là à le classer dans une liste de 100 chef d'oeuvre du XXème siècle, parmi Brautigan, DeLillo, Boulgakov et consorts (voir liste de Beigbeder), je tique...
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Un grand merci à mon libraire de m'avoir recommandé ce titre, Les locataires de l'été (Salt Water, en V.O.).

Après une citation de Premier amour d'Ivan Tourgueniev, sonne, brève et cinglante, une première phrase digne d'anthologie : "C'est pendant l'été de 1968 que je tombai amoureux et que mon père se noya."
Tout est dit et l'on penserait presque que le roman pourrait s'arrêter là. Ce serait un peu court. Beaucoup trop court en fait pour donner toute sa plénitude à la narration de Charles Simmons.

Le temps d'un été, on fait la connaissance de Michael, quinze ans, le narrateur de cette histoire. Lui et ses parents, comme chaque année, quittent leur vaste appartement en ville pour s'installer dans la maison héritée du grand-père maternel, sur la presqu'île. Férus de navigation et de la mer en général, Michael et son père partagent beaucoup de temps sur l'Angela, leur voilier, dans une belle complicité.

Les choses se corsent avec l'arrivée dans le pavillon voisin, que la famille loue, de la fantasque Mme Wertz et de sa fille, Zina, vingt ans, apprentie photographe et, surtout, d'une éblouissante beauté. Michael, foudroyé par cette Vénus, découvre en cet été 1968 l'amour, ses rêves, ses beautés, sa réalité, ses douleurs.

J'ai trouvé l'écriture de Charles Simmons d'une grande qualité, apportant nuances et profondeur à ses personnages et à leurs sentiments. Ces deux mois estivaux marquent une frontière nette dans l'existence de Michaël à plus d'un titre. L'auteur, dans la courte biographie indiquée par les éditions Libretto, est comparé à J.D. Salinger. Pour ma part, j'y ai ressenti certains aspects lus dans des nouvelles de Fitzgerald.
Il y a également une grande liberté de ton dans ce roman et plusieurs dialogues montrent une verve énergique et dépourvue de contraintes. Adolescents et adultes abordent librement certains des grands thèmes qui composent la vie: l'amour, le désir, le mariage, la recherche de soi, le temps qui passe et les illusions qui tombent, ...

Sous l'apparente gaieté des propos et le charme de l'été au bord de l'océan coulent en filigrane une note mélancolique et une certaine amertume. C'est aussi cela, vivre et grandir.

Un roman d'apprentissage à découvrir sans hésitation. Un seul autre titre de Charles Simmons a été traduit en français, Rides. Je compte bien le découvrir dès que possible.
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Les Locataires de l'Été ou quand le concept de roman d'apprentissage se forge ses lettres de noblesse.

15 ans, l'âge idéal pour découvrir de nouveaux sentiments comme... hum réfléchissons, tiens oui l'amour par exemple.
15 ans donc, parfait puisque c'est l'âge qu'a Michael (renommé en russe Mikhaïl Pétrovitch en forme de clin d'oeil à Vladimir Petrovitch, narrateur du sublime Premier Amour de Tourgueniev) protagoniste issu de la grande bourgeoisie et passant ses vacances au cap Bone, langue de sable fin cernée par les eaux turquoises, quand Zina Mertz, 20 ans (dont Michael tombe immédiatement amoureux) et sa mère louent à ses parents le temps d'un été le pavillon voisin du leur.
En plus du cadre paradisiaque, jackpot pour le garçon : Zina ne semble pas insensible à ses avances, elle se prêterait même au jeu de façon assez manifeste nous laissant durant tout le premier tiers du roman deviner l'aube d'une relation de vacances, brève mais bouillonnante qu'il faut malheureusement quitter à la fin de l'été en promettant de s'écrire tous les jours, dans l'attente de se revoir l'été suivant
♫ Summer loving had me a blast
Summer loving happened so fast ♫
♪ I met a girl crazy for me
Met a boy cute as can be... ♪ ♪

Eh bien non, plus l'histoire avance et plus on comprend que, si on a candidement espéré avec Michael – qui a lui au moins l'excuse de la naïveté inhérente à son jeune âge et la cécité qu'entraîne tout amour fougueux qui se respecte – c'est bien le monde dur et sans pitié des adultes dont nous parle Charles Simmons. Un monde dans lequel va devoir plonger Michael et cette saison chaude qui avait pourtant commencé sous les meilleurs auspices, finira dans la tragédie, signant en forme de coup double l'adieu à l'enfance et la perte de l'innocence.

N'étant pas sans rappeler Bonjour Tristesse (le livre de Sagan hein, pas Matthieu Longatte... non mais soyons clairs) Les Locataires de l'Été, c'est plein de sensibilité. C'est beau. C'est triste. Et, avouons-le, c'est parfois même pathétique (oui mais attention, assumé le pathos) comme peuvent l'être les premières amours qui, si elles représentent l'univers tout entier pour qui les vit, sont souvent d'une banalité affligeante pour qui en est témoin. Vérité applicable à toutes les castes sociales, la cuillère en argent enfoncée dans le gosier lors de certaines naissances ne met pour autant pas à l'abri des désillusions et de l'amertume.
A noter aussi la palme du second rôle remportée par l'océan qui, à l'instar de Zina, sait se montrer attirant, fascinant ou menaçant quand il le décide. Salt Water pour le titre original nous met aussitôt en garde quant à sa présence qui ne sera pas que décorative.
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Il aura fallu une réédition pour que je découvre Charles Simmons et en particulier "les locataires de l'été". J'ai cependant lu la version de 1978 traduite par Éric Chédaille. Je le précise car je suis séduite par l'écriture et le talent du traducteur y est sans doute pour quelque chose aussi.
J'ai beaucoup apprécié l'ambiance qui est très cinématographique et qui aurait pu faire un film d'auteur de qualité.
L'écriture est soignée, Charles Simmons décrit, avec une justesse et un style que je ne sais pas moi-même décrire mais qui me plaît beaucoup, une atmosphère et les états d'âme des différents personnages. Il y a beaucoup de subtilités dans les descriptions. le lecteur est pris dans les tourments de l'adolescent, dans les relations entre père et fils mais aussi ressent, à travers les pages, ce que vivent tous ces personnages autour du désir, du sexe et de la découverte de l'amour.
Très bonne idée que d'avoir remis au devant de la scène ce très joli roman, sensible.
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Citations et extraits (45) Voir plus Ajouter une citation
Micha, cela n’a rien de bien méchant que de souffrir un petit moment du mal d’amour. Tout le monde a eu le cœur brisé. Tu as des gens chez qui c’est comme un mode de vie. L’amour semble être un rayon que tu dardes sur un être. Parfois, il est réfléchi vers toi, parfois non. En fait, ce n’est pas un rayon. C’est un éclat de lumière qui part dans toutes les directions. Il paraît n’éclairer qu’un seul objet parce que l’amoureux ne voit que cet objet. Mais s’il regarde autour de lui, il verra que de nombreux objets captent sa lumière.
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Quand à moi , je ne pense pas que l'amour soit destiné à adoucir la condition humaine; je pense qu'il est inhérent à la condition humaine. Tantôt il s'épanouit et tantôt il tourne court, comme la plupart des choses de la vie. Mais il est toujours une illusion. L'être aimé ne se montre pas à la hauteur de l'attente de l'autre, et quand l'amour persiste par-delà la déception, il devient de surcroît une prison.
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Cela n'a rien de bien méchant que de souffrir un petit moment du mal d'amour. Tout le monde a eu le cœur brisé. Tu as des gens chez qui c'est comme un mode de vie. L'amour semble être un rayon que tu dardes sur un être. Parfois, il est réfléchi vers toi, parfois non. En fait, ce n'est pas un rayon. C'est un éclat de lumière qui part dans toutes les directions. Il paraît n'éclairer qu'un seul objet parce que l'amoureux ne voit que cet objet. Mais s'il regarde autour de lui, il verra que de nombreux objets captent sa lumière.
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Les Italiens mangent, les Français causent, les Allemands fabriquent et les Russes, eux, souffrent. La souffrance, c'est leur point fort, et ils n'ont plus, à présent, de culture pour faire tampon. Pas vraiment de tradition culinaire. Pas d'étiquette. Tout le monde veut foutre le camp. Il faut voir les prostituées de luxe dans les hôtels à touristes. De vraies beautés. On les regarde et on se dit que les Russes ont vraiment mis la fine fleur de leurs filles au tapin.
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Le noir et blanc avait encore de belles années devant lui. À présent, il est difficile de résister à la couleur. Beaucoup de photographes de qualité ne font que du noir et blanc, mais cela a quelque chose d'affecté, comme ceux qui tournent des films en noir et blanc. Avec la couleur, on peut ne jamais rien obtenir de valable ; cela a souvent un côté trop réel. Les bonnes photos n'ont rien de réel : elles sont des représentations de ta vision du réel.
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