Un grand merci à mon libraire de m'avoir recommandé ce titre,
Les locataires de l'été (Salt Water, en V.O.).
Après une citation de
Premier amour d'
Ivan Tourgueniev, sonne, brève et cinglante, une première phrase digne d'anthologie : "C'est pendant l'été de 1968 que je tombai amoureux et que mon père se noya."
Tout est dit et l'on penserait presque que le roman pourrait s'arrêter là. Ce serait un peu court. Beaucoup trop court en fait pour donner toute sa plénitude à la narration de
Charles Simmons.
Le temps d'un été, on fait la connaissance de Michael, quinze ans, le narrateur de cette histoire. Lui et ses parents, comme chaque année, quittent leur vaste appartement en ville pour s'installer dans la maison héritée du grand-père maternel, sur la presqu'île. Férus de navigation et de la mer en général, Michael et son père partagent beaucoup de temps sur l'Angela, leur voilier, dans une belle complicité.
Les choses se corsent avec l'arrivée dans le pavillon voisin, que la famille loue, de la fantasque Mme Wertz et de sa fille, Zina, vingt ans, apprentie photographe et, surtout, d'une éblouissante beauté. Michael, foudroyé par cette Vénus, découvre en cet été 1968 l'amour, ses rêves, ses beautés, sa réalité, ses douleurs.
J'ai trouvé l'écriture de
Charles Simmons d'une grande qualité, apportant nuances et profondeur à ses personnages et à leurs sentiments. Ces deux mois estivaux marquent une frontière nette dans l'existence de Michaël à plus d'un titre. L'auteur, dans la courte biographie indiquée par les éditions Libretto, est comparé à
J.D. Salinger. Pour ma part, j'y ai ressenti certains aspects lus dans des
nouvelles de Fitzgerald.
Il y a également une grande liberté de ton dans ce roman et plusieurs dialogues montrent une verve énergique et dépourvue de contraintes. Adolescents et adultes abordent librement certains des grands thèmes qui composent la vie: l'amour, le désir, le mariage, la recherche de soi, le temps qui passe et les illusions qui tombent, ...
Sous l'apparente gaieté des propos et le charme de l'été au bord de l'océan coulent en filigrane une note mélancolique et une certaine amertume. C'est aussi cela, vivre et grandir.
Un roman d'apprentissage à découvrir sans hésitation. Un seul autre titre de
Charles Simmons a été traduit en français,
Rides. Je compte bien le découvrir dès que possible.