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Citations sur Le monde en général et nous en particulier (5)

Comme dans le film, il trouvait sa Mrs Robinson à lui jolie, mais surtout sexy, tout en étant incapable d'expliquer la différence. "simple, lui avait di Jean-Louis, expert en la matière. Belle, c'est ce que tu vois. Sexy, c'est ce que tu ressens. C'est la différence entre l'admiration et le désir."
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Quand bien plus tard, Bart repensera à cette époque, il s'étonnera de l'aveuglement fanatique dont avait fait preuve une petite partie de sa génération, contaminée par un mauvais virus qui paralysait les cerveaux et anesthésiait la pensée. Le vent frais de 1968 avait tourné à l'orage, les idées neuves avaient cédé aux dogmes grossiers, les libertaires avaient été balayés au profit des doctrinaires. C'était le temps des discours creux, le temps des groupuscules ridicules et des sectes farfelues () Le temps de la bêtise haineuse et de la violence que celle-ci finissait toujours par ramener dans ses filets.
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San Francisco, 1986
" Castro, quartier de fantômes, scène d’un film d’épouvante où les gens disparaissaient du jour au lendemain comme prélevés par la main d’un géant invisible, effacés du décor pendant la nuit. Effacé le marchand de journaux qui hier encore vendait le Bay Area Reporter où on lisait la liste, chaque jour plus longue, des notices nécrologiques. Effacé le serveur du bar du coin au rire cristallin. Effacé le facteur moustachu qui filait en chantant sur son vélo. Effacé le banquier de l’agence voisine. Effacés. Effacés. Effacés. Le sida étant un diable pervers, on ne savait jamais où la gomme allait se poser.
« On tombe comme des mouches ». Comme ça, d’un coup. Et ils mourraient comme des mouches, les pattes en l’air, dans quelques soubresauts, en quelques jours, en quelques heures, en s’amenuisant sur un lit de l’unité 5B de l’hôpital général de San Francisco, en se dégonflant comme une baudruche percée, avec une perfusion au bras impuissante à calmer la douleur. Andy l’avait raconté à Julia, il avait vu à l’hôpital des scènes insupportables, des corps tous semblables, qu’ils aient 18 ans, 30 ans ou 50 ans, si légers, si petits, si frêles qu’on s’attendait à ce qu’ils s’envolent au premier courant d’air. Et c’est bien ainsi qu’ils partaient, en s’envolant, dans un courant d’air… Le regard de ce jeune homme au seuil de la mort, plume posée sur un lit trop grand pour lui, ce regard d’une détresse déchirante. Le désespoir de ces hommes encore vaillants (mais pour combien de temps ?), penchés sur leur compagnon, le bras passé autour du cou du malade, le soutenant avec une tendresse infinie… Car si à Castro, on pratiquait jusque là une sexualité libre dans les saunas, pour s’amuser (on disait en riant : « On va à l’église »), on vivait aussi souvent, et simultanément, en couple amoureux. Il y avait un amour fou dans les couloirs blancs de la mort. Un amour incommensurable…"
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"Le grand homme est là. Il est tout petit. Plus petit encore que Bart l’imaginait. Etrange comme le philosophe à l’œuvre si vaste, à la renommée si grande, paraît si frêle. Avec ses oreilles décollées, il ressemble à un petit garçon vieilli prématurément. Un vieil enfant… Son visage impassible impressionne. Il déshabille du regard chacune des personnes présentes avec une intensité qui fait presque peur, et Bart incline spontanément la tête dans un geste absurde de révérence. Jean-Paul Sartre n’a pas pris la peine d’ôter sa lourde pelisse à col jaune qu’il porte comme une tortue sa carapace et il toise l’assistance de ses yeux acérés derrière ses lunettes rectangulaires.
Bart n’en revient pas de se trouver devant le philosophe. Le Mur, la Nausée, la P. respectueuse, les Mains sales, Huis Clos… Des nuits blanches à dévorer ses ouvrages… L’écrivain, le philosophe, le prix Nobel de littérature, l’un des génies de ses insomnies est là, devant lui. (…)
Un vieil enfant. Sec et froid. Sa voix métallique grince dans la salle comme une machine grippée. Il s’exprime clairement, posément – il n’est pas philosophe pour rien. Bart écoute respectueusement mais au fond de lui, il n’aime pas ce qui se dit. Sartre aligne les mêmes clichés, il chante le même refrain, ces phrases d’évangile que Bart a entendues tant de fois de la bouche des étudiants maoïstes. On dirait la litanie d’un curé. Il « croit » à la lutte des classes. Il « croit » au pouvoir du peuple. Il « croit » à la résistance contre le capitalisme et la bourgeoisie. Assis à ses côtés, Alain Geismar, le leader de 68, arbore sur son pull-over un badge à l’effigie du président Mao. De temps en temps, l’assistance tend le poing en réponse à un slogan, comme les fidèles se lèvent pendant la messe. Bart le voit bien : c’est une religion, avec ses grands prêtres, ses sermons, ses médailles, ses excommunications.
« Le pouvoir au peuple. Le pouvoir au peuple. Le pouvoir au peuple. »
Sartre ! Sartre, nom d’un chien ! Bart a presque honte de le penser, le philosophe lui apparaît… ridicule. Le peuple ! Quel alibi commode ! Staline, qu’ils ont renié, se réclamait du peuple. Trostksy, qu’ils ont décrié, se réclamait du peuple. Maintenant, ce serait Mao qui représenterait le peuple ? Le président Mao a dit… Comme le dit le président Mao… Ils ânonnent ça tels des enfants. « Jacques a dit », « Jacques a dit »… On dirait une secte d’illuminés. Sont-ils fous ? Aveugles ? Comment le philosophe, qu’il admirait quand il était adolescent, ne voit-il pas ce qu’il voit, lui, Bart : que tout cela est une farce sinistre, que leur grand Timonier est un guignol meurtrier ? Sartre peut-il avoir tort à ce point ? Et s’ils savaient parfaitement de quoi ils retournent ? Et s’ils étaient tous de fieffés menteurs ? Un moment, Bart se prend à douter. Et si c’était lui, Bart, le petit provincial, si ignorant en politique, si novice, qui ne comprenait rien ? Mais non, ce qu’il entend le consterne.
Edouard, lui, boit les paroles du Maître. "
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Il y avait les furtives qui se dissipaient sur les trottoirs comme une brise légère ; les insolentes, mini-jupes renversantes et cheveux au vent, qui vous dévisageaient en passant d’un air conquérant ; les fugitives qui filaient sans vous regarder, indifférentes et affairées ; les distraites, tête dans les nuages, qui s’excusaient d’un rire en vous heurtant… Il y avait les blondes tombées d’un Botticelli, les brunes ténébreuses façon Italie, les rousses flamboyantes au regard piquant… Jeans, jupettes, pantalons à pattes d’éph, casquettes, chapeaux rigolos… Il y avait, il y avait, il y avait… Des jambes de gazelles effrontées, des silhouettes dégraissées, et cette allure qu’elles affichaient toutes comme un don inné, cette manière impériale de se mouvoir en se fichant du monde entier… Les Parisiennes ! Bart ne savait pas où tourner la tête, comme si on avait rassemblé en une même ville les plus belles créatures de la planète.
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