Au matin du Jeudi Saint, l'Empereur lava les pieds de douze pauvres et l'Impératrice ceux de douze pauvresses. Ces vingt-quatre élus recommandés par leur paroisse avaient été, dès l'avant-veille, lavés, épouillés, étrillés, puis entièrement vêtus de noir et de neuf. Dans une grande salle de la Hofburg, deux tables étaient dressées. A l'une s'assirent les hommes par ordre de vétusté. Ils totalisaient ensemble huit cent soixante-quinze années. A l'autre, les femmes qui n'en atteignaient à elles toutes que sept cent quatre-vingt-deux.
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Quelqu'un qui ne laisse pas la réalité déranger ses rêves est un sage.
Il n'y avait que la Mort qui tutoyât les princes.
Le Grand Oeuvre, c'est l'âme qui le réalise. Ne le cherche pas hors de toi-même.
Le lieu de la métamorphose est en nous. En nous la pierre philosophale qui transmue le métal de la détresse en or de la jubilation.
J'ai mis soixante ans à l'extraire de la gangue de mes jours.
Tout ce que nous vivons à sa raison d'être. Tout.
Accepte, petit, le chaos du créé jusqu'à ce que sa frémissante ordonnance t'apparaisse. Louée la vie ! Louée la mort !
Accepte tout d'un seul élan. Ne tranche pas dans ce chaos sacré, n'y mets pas ton ordre apeuré. Accueille tout d'un seul élan.
Devant l'inextricable enchevêtrement de l'univers créé, ce n'est pas à la résignation que je t'invite mais à l'acceptation passionnée.
Et comprends bien, petit, qu'elle n'exclut pas même ta révolte.
L'acceptation passionnée inscrit aussi la colère dans les staccatos fous de sa respiration.
Contre l'ordre de la cité qui met les hommes au pas, leur barre l'accès au grand frémissement, tu peux crier non !
Contre tout ce qui taille, mutile, élague, déchiquette ton corps, ton âme, tu peux crier non !
Car ce non est encore la forme sauvage du grand oui.