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Critique de franksinatra


Juin 1975, lors d'une nuit d'orage apocalyptique, une accident de la circulation meurtrier implique un camion citerne, une Dauphine et un break Passat. Par quel hasard de la vie, les conducteurs des trois véhicules qui crament dans les feux de l'enfer sur une route secondaire de Bourgogne sont-ils liés ? Pour connaître les causes de cet accident, il faut remonter trente ans en arrière et nous intéresser à la vie de Gaston 'Les Bretelles" Bargette, un petit truand parisien au grand coeur, et aux évènements, d'importance ou insignifiants, qui vont déclencher des drames en cascade jusqu'à l'accident fatal, depuis ces casses non violents à la fin des années trente jusqu'à son mariage avec Clairette Maitrepaul qui a été marquée par l'assassinat devant ces yeux de ces grands-parents, en passant par sa réhabilitation dans les années quarante et sa dure vie de labeur dans les années cinquante et soixante, émaillée par des malheurs amoureux puisqu'il voit mourir, l'une après l'autre, ses pauvres fiancées, pour devenir enfin un citoyen respectable et un notable dans sa petite ville de Breuil en Yvelines. Autour de cet individu doux et tranquille, gravitent une douzaine de personnages, du résistant au gestapiste, du gangster à l'aristocrate assassin et montreur de rats dans les foires, de la pauvre femme, estropiée et défigurée dont la vie n'a été qu'une suite ininterrompue de malheurs, au souteneur d'origine italienne, du détective au pyromane ou du fils de métayer qui a réussi dans la vie au député social démocrate allemand rescapé du nazisme. Tous évoluent à plus ou moins longue distance de lui, à travers la période de la guerre et de l'occupation jusqu'à la fin des Trente Glorieuses, et se retrouvent de la rue Lauriston de triste mémoire à Paris au baraques foraines de Bretagne, d'un noble manoir dans la Bresse à un cabinet notarial à Belfort et voient leur destin se croiser sur les routes de France pour écrire une histoire noire, tumultueuse et profondément tragique.

Pierre Siniac signe avec "Le Tourbillon" une splendide fresque sur la fatalité et le caractère irrémédiable du destin qui s'acharne parfois sur les individus. Véritable roman-feuilleton, non par la forme, puisqu'il n'en est pas un au sens premier du terme, mais par la caractéristique principale qu'il partage avec les écrits des maîtres du genre que sont Eugène Sue ou Paul Féval : ce coté addictif que le récit engendre avec ses personnages multiples, ses nombreux rebondissements et le suspense que l'auteur de "Femmes Blafardes" entretient jusqu'à la dernière page. Doté d'une imagination fertile et d'un humour très noir, Siniac tisse une véritable toile d'araignée qui relie les personnages à la description précise et à la psychologie recherchée. D'une plume directe au service d'un ton désabusé, il raconte une histoire réaliste et sombre à la française qui ne laisse aucun répit au lecteur et il se hisse ainsi à la hauteur des maîtres américains du roman noir. Une grande réussite.
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