AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,26

sur 17 notes
5
4 avis
4
4 avis
3
0 avis
2
0 avis
1
0 avis
On s'est connu, on s'est reconnu, et puis chacun est reparti dans le tourbillon de la vie, jusqu'à ce qu'en 1975, un camion citerne ne provoque un gigantesque accident.
Pierre Siniac lâche la bride à son stylo plume et ne contrôle plus sa verve. La guerre de 14, l'Occupation, les Trente Glorieuses… les années défilent, les personnages passent, enfants du malheur, rejeton fin de race, malfrat italien, anarchiste espagnol, incendiaire frapadingue…Il croque les vies avec le talent qu'on lui connaît, sans que le lecteur ne comprenne le lien qui les unit, mais il suit fasciné Siniac dans son trombinoscope tarabiscoté.
Puis une masse d'air tournoie et emporte les feuilles de manuscrit, nous offrant un collage intrigant et la révélation de cette intrigue.
Siniac a l'art de croquer les petites vies avec son sens de aigu de l'observation, son sens du verbe, son imagination débridée. Et sous le cynisme, la tendresse. Le tourbillon est un des meilleurs Siniac.

« Fabien Cavalla -la vie vous gâte rarement- était tombé bien bas. C'était aujourd'hui un type qui allait sur ses cinquante-huit ans, usé, maigre comme un chat perdu, avec des yeux aux pupilles dilatées marquées par de profondes pattes d'oie et de longs cheveux gris et ternes séparés par la raie au milieu. Il ressemblait à Antonin Artaud en Marat dans le Napoléon d'Abel Gance. Il était loin le fringuant maque aux doigts bagués et aux belles manières, le Don Juan méditerranéen à l'allure de coiffeur pour dames! »
Commenter  J’apprécie          6119
Tout commence par un fantastique accident d'un camion citerne.
Le conducteur perd le contrôle du véhicule sur une route sinueuse de Bourgogne. Faut dire qu'il ne roulait pas à la vitesse d'un escargot de...
L'histoire s'enflamme comme le camion, part au quart de tour, fait des allers retours dans le temps
un détour par la rue Laureston, fief de la gestapo française, dans le coin des Batignoles, chez les forains bretons, dans un château de la Bresse, dans un dancing brûlant...
Pas le temps de s'ennuyer, les chapitres s'enchaînent, s'emballent,
la douzaine de personnages vedettes aux allures de faux derches défilent à la  chaîne, un maître chanteur sadique, des anciens malfrats et collabos, un fils de bonne famille dégénéré, une môme piaf, et d'autres petits malins qu'auraient dû rester bien  au chaud...
Tous pris dans un infernal  engrenage, dans une fresque bouillonnante.
Je file un carton plein, sans blême, à Siniac pour son tourbillon dévastateur que je viens de siphonner d'une traite.
Je ne suis pas près d'oublier Charlot-la-Carlingue, disque rayé, Marie Dupuy et Gaston les bretelles.
Ah, j'oubliais le plus gratiné, Linthié de Haudricourt...
A mon avis, un de ses meilleurs romans noirs.
Commenter  J’apprécie          523
Sur une route de Bourgogne, un camion-citerne échappe au contrôle de son chauffeur, percute le parapet d'un pont et s'écrase quelques mètres plus bas sur une départementale. Une vieille Dauphine arrive à toute allure et ne peut éviter le feu effroyable qui vient de démarrer. Enfin, le conducteur d'une Passat cherchant à éviter le brasier freine brutalement et est éjecté dans le feu après deux tonneaux. L'accident est insolite, terrible. Ce drame est le point de départ à partir duquel Pierre Siniac va tricoter toute une série de causes et de conséquences. Douze personnages vont s'animer sous nos yeux qui seront liés les uns aux autres par un entrelacement de faits plus ou moins anciens. Il est question de vengeances qui ont pour origine une vieille humiliation, la jalousie d'un esprit pervers ou des événements de la Seconde guerre mondiale. Et il y a aussi Marie la poisseuse dont l'existence vous prouvera que parfois le destin peut se montrer bien vachard. On traverse la France de Quimper à Belfort et on rencontre des personnages issus de tous les milieux : banditisme, forains, Résistants, châtelains, etc.

L'intrigue est alambiquée tout en étant simple à suivre. Après «Femmes blafardes», Pierre Siniac me surprend à nouveau par son talent et son originalité. Ecrit il y a maintenant plus de quarante ans, le roman reste étonnant tant l'auteur parvient à faire preuve de maîtrise et d'intelligence. Alors laissez-vous emporter par ce Tourbillon dans les jeux du hasard et de la destinée.
Commenter  J’apprécie          313
Juin 1975, lors d'une nuit d'orage apocalyptique, une accident de la circulation meurtrier implique un camion citerne, une Dauphine et un break Passat. Par quel hasard de la vie, les conducteurs des trois véhicules qui crament dans les feux de l'enfer sur une route secondaire de Bourgogne sont-ils liés ? Pour connaître les causes de cet accident, il faut remonter trente ans en arrière et nous intéresser à la vie de Gaston 'Les Bretelles" Bargette, un petit truand parisien au grand coeur, et aux évènements, d'importance ou insignifiants, qui vont déclencher des drames en cascade jusqu'à l'accident fatal, depuis ces casses non violents à la fin des années trente jusqu'à son mariage avec Clairette Maitrepaul qui a été marquée par l'assassinat devant ces yeux de ces grands-parents, en passant par sa réhabilitation dans les années quarante et sa dure vie de labeur dans les années cinquante et soixante, émaillée par des malheurs amoureux puisqu'il voit mourir, l'une après l'autre, ses pauvres fiancées, pour devenir enfin un citoyen respectable et un notable dans sa petite ville de Breuil en Yvelines. Autour de cet individu doux et tranquille, gravitent une douzaine de personnages, du résistant au gestapiste, du gangster à l'aristocrate assassin et montreur de rats dans les foires, de la pauvre femme, estropiée et défigurée dont la vie n'a été qu'une suite ininterrompue de malheurs, au souteneur d'origine italienne, du détective au pyromane ou du fils de métayer qui a réussi dans la vie au député social démocrate allemand rescapé du nazisme. Tous évoluent à plus ou moins longue distance de lui, à travers la période de la guerre et de l'occupation jusqu'à la fin des Trente Glorieuses, et se retrouvent de la rue Lauriston de triste mémoire à Paris au baraques foraines de Bretagne, d'un noble manoir dans la Bresse à un cabinet notarial à Belfort et voient leur destin se croiser sur les routes de France pour écrire une histoire noire, tumultueuse et profondément tragique.

Pierre Siniac signe avec "Le Tourbillon" une splendide fresque sur la fatalité et le caractère irrémédiable du destin qui s'acharne parfois sur les individus. Véritable roman-feuilleton, non par la forme, puisqu'il n'en est pas un au sens premier du terme, mais par la caractéristique principale qu'il partage avec les écrits des maîtres du genre que sont Eugène Sue ou Paul Féval : ce coté addictif que le récit engendre avec ses personnages multiples, ses nombreux rebondissements et le suspense que l'auteur de "Femmes Blafardes" entretient jusqu'à la dernière page. Doté d'une imagination fertile et d'un humour très noir, Siniac tisse une véritable toile d'araignée qui relie les personnages à la description précise et à la psychologie recherchée. D'une plume directe au service d'un ton désabusé, il raconte une histoire réaliste et sombre à la française qui ne laisse aucun répit au lecteur et il se hisse ainsi à la hauteur des maîtres américains du roman noir. Une grande réussite.
Commenter  J’apprécie          121
Pierre Siniac a l'art de vous coller les nerfs en pelote !
Si vous voulez un roman qui vous oblige à tourner frénétiquement les pages, en sentant votre coeur s'emballer au fur et à mesure que les événements se précipitent, en vous rongeant les ongles à cause de tous les petits grains qui viennent gripper les rouages de cette superbe mécanique narrative, alors vous serez servi avec ce tourbillon !

Un concours de circonstances, un peu trop souvent rocambolesques, (c'est là le bémol que l'on peut attribuer à cet ouvrage) va mettre plus ou moins en rapport une galerie de personnages bien typés, et surtout bien croqués grâce au talent de l'auteur : truand au grand coeur, ordure intégrale, infect souteneur, fils de famille dégénéré, pauvre fille vouée à une existence parfaitement misérable ...
De la pègre des années 30 aux salopards de la rue Lauriston pendant l'Occupation, en passant par les claques des années 50 pour finir dans l'ambiance des fêtes foraines ... plus vous avancerez dans la lecture, plus vos nerfs seront mis à mal, et plus l'air vous semblera irrespirable!

Et c'est noir, très noir, sinistre, comme la vie, vous me direz.
Oui, bien sûr, mais par moments on aurait besoin d'un peu d'espoir, d'un peu de joie...
Une construction brillante, un auteur, bourré de talent, doué d'une imagination débordante, mais ici, point de salut, rien d'autre que misère humaine, ordurerie ordinaire, et malchance intégrale !
Trop, c'est trop. Glauque, sordide et désespérant !
Et je me joins à Baudelaire pour dire
l'Espoir,
Vaincu, pleure, et l'Angoisse atroce, despotique,
Sur mon crâne incliné plante son drapeau noir.

J'ai refermé ce livre en fulminant !
Commenter  J’apprécie          110
Un accident de camion citerne ,mais l'histoire ne l'est pas ,sur une route de Bourgogne lors de l'été 1975 , cela va nous mener dans un récit qui remonte le temps avec un tas de personnages tous liés les uns aux autres .
Du milieu des années 30 , à la rue Lauriston , des Ardennes à un dancing Breton , une histoire ou plutôt des histoires de vies rocambolesques et dramatiques .
Bien que fan de Pierre Siniac , j'ai parfois été un peu perdu avec le nombres de récits de chacun des personnages ; difficile par moment de s'y retrouver , mais l'histoire avançant les choses se sont remises en place .
Des drames de la vie , des rencontres fortuites , malencontreuses ou inattendues vont nous entrainer dans ce Tourbillon de la vie ...
Commenter  J’apprécie          30
De l'Histoire, de l'Humour et du Noir, vous êtes chez Pierre Siniac. Si le Tourbillon est votre première incursion dans le petit monde de l'écrivain, sachez que vous tenez une synthèse de son oeuvre. En d'autres termes, un récit choral, sale et méchant relevé par un zeste de surréalisme. À dire vrai, le roman n'est pas du même calibre que Sous l'aile noire des rapaces (l'un de mes plus gros coups de coeur), mais il est aussi plaisant à lire que l'était Femmes Blafardes par exemple. Une bonne farce macabre balancée avec une (grosse) pointe de sadisme.

En bon petit conteur, Siniac commence les festivités au démarrage, avec l'invraisemblable accident d'un camion-citerne. Pas le peine de vous enjoindre à le retenir, l'évènement sera de toute façon rejoué selon plusieurs points de vue. L'idée est donc de remonter le fil afin de comprendre comment les choses ont pu se goupiller ainsi. Débute le plat de résistance pour l'auteur, qui va brosser le portrait d'une galerie de protagonistes et pas dans le sens du poil. S'étirant des années 30,40 jusqu'à 75, la toile narrative coince dans ses filets une pléiade de citoyens plus ou moins recommandables (surtout moins). Gestapiste sous tension, aristocrate belliqueux, maître-chanteur haineux, escrocs au grand coeur, ex-prostituée maudite ; ses cornichons, l'auteur les aime acides. Quitte à y ajouter sa petite dose personnelle. Ami.e.s du bon goût, passez votre chemin, le Tourbillon n'épargnera ni les poissards ni les poisseux.

On retrouve le cruel fatalisme déjà à l'oeuvre sur nombre de ses précédents livres, Pierre Siniac ironise autant dans la chance que la malchance. Il détourne certains archétypes du genre policier ou dramatique pour les catapulter dans un univers de comédie vacharde. Ça fonctionne très bien ici puisque le roman alterne personnages et mésaventures au gré de mésaventures découpées par des ellipses, bonds en avant ou retours en arrière. Ce qui peut offrir quelques surprises concernant des rebondissements qu'on pensait voir venir ou connaître.

La construction en segments comporte aussi un petit défaut, celui d'abandonner un personnage clé pendant une grosse partie de la narration (Gaston Les Bretelles), à tel point qu'il faut presque fouiller sa mémoire pour se remémorer son rôle dans cette mosaïque de ravagés. Manque d'intérêt ou manque de temps, sûrement la deuxième hypothèse si j'en juge d'après ce final beaucoup trop expédié pour être honnête. La dernière ligne droite n'est quand même pas une sortie de piste, Siniac ménage quelques grosses montées d'adrénaline. Cependant, comment ne pas ressortir un chouïa frustré par le dénouement concernant quelques maudits ?

J'aurais tendance à le trouver plus addictif que Femmes Blafardes grâce à ce rythme enlevé. L'écrivain croque ses personnages comme il piège ses lecteurs dans ce méli-mélo de couacs, imprévus, contre-temps et catastrophes. Si vous êtes de nature un peu vicelarde, le Tourbillon a largement de quoi vous combler. Et si vous êtes juste amateurs de nouvelles expériences, vous avez là-aussi une chance de prendre un sacré pied.
Commenter  J’apprécie          00
Un peu de mal au début : le style, l'argot ; je me demandais si toutes ces "petites" histoires étaient liées ou pas. Finalement oui. Un roman pas trop mal ficelé finalement, un peu perturbant au début mais j'ai fini par adhérer.
Commenter  J’apprécie          00


Lecteurs (50) Voir plus



Quiz Voir plus

Quel est le bon titre des livres de Pierre Siniac ?

… blafardes ?

Maîtresses
Princesses
Femmes
Filles

10 questions
11 lecteurs ont répondu
Thème : Pierre SiniacCréer un quiz sur ce livre

{* *}