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Critique de traversay


Dans son roman Les assoiffées, Bernard Quiriny imaginait la Belgique sous une dictature féministe avec la population mâle reléguée a l'état de sous-citoyens. A l'opposé, la dystopie eugéniste de Johanna Sinisalo, intitulée Avec joie et docilité, décrit une société où le terme même de "femme" a disparu, ne subsistant que des eloïs ("domestiquées" et soumises depuis l'enfance) et des morlocks (indépendantes et stérilisées). Dans cette Finlande, les "Virilos" ont tous les pouvoirs et toute la considération. Sur un thème proche de la servante écarlate de Margaret Atwood, le livre de Johanna Sinisalo ne fait pas de la dentelle pour montrer un pays ravagé par l'obscurantisme et isolé du monde comme une vulgaire Corée du Nord. Son héroïne est une Morlock déguisée en Eloï qui, au-delà de son combat individuel, cherche à retrouver la trace de sa soeur disparue. Avec son compagnon, elle évolue dans un milieu secret qui cultive le piment, denrée qui n'est pas recherché pour ses vertus médicinales ou gustatives, mais parce qu'il est devenu une drogue bannie sous sa forme de capsaïcine. Avec joie et docilité est un thriller redoutable et excessif comme tout roman prenant pour cadre un état totalitaire. Sa forme, déroutante au début, est assez remarquable en conjuguant les carnets de ses deux protagonistes avec des extraits de la nouvelle constitution finlandaise qui expliquent comment la "domestication" de la femme s'est opérée au fil des années. Johanna Sinisalo, dont a pu apprécier la plume avec trois traductions ces dernières années chez Actes Sud, démontre une puissance d'évocation et une fluidité narrative impressionnantes. Avec joie et docilité est un roman brillant, inquiétant et haletant jusqu'à sa dernière ligne.



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