J'ai ensuite lu que la pilosité des aisselles et du pubis était un signe visible de maturité sexuelle. Cela avait peut-être aidé les membres des sociétés humaines primitives à savoir si un individu était en âge de s'accoupler. Si on imposait aux éloïs de faire disparaitre ces marqueurs, cela signifiait il que les virilos voulaient en réalité s'accoupler avec des enfants ?
Tu t'imaginais vraiment que cette bague, à ton doigt, était un talisman qui ferait de ta vie un bonheur éternel.
Le meilleur moyen d'éliminer le fantasme débile de la pureté de la race est en effet de pratiquer des unions dont chacun peut constater qu'elles donnent naissance à des êtres humains, pas à des couleurs de peau.
Les autres sont notre miroir quotidien.
Notre valeur se lit dans leurs yeux.
"Je n'y peux rien, si je suis le genre de type sur lequel les autres projettent leurs rêves et leurs désirs."
D'après lui, il ne s'est rien passé.
D'après lui, j'ai tout imaginé.
Les robes à volants rose criard des six demoiselles d'honneur étaient conformes à la tradition : nous devions être aussi peu à notre avantage que possible afin de rehausser la beauté de la mariée. La couturière avait fait un bon travail, nous avions toutes l'air de petits cochons luisants, râblés, venant de se rouler dans un tas de feuilles roses.
page 131
[...] Pessi est étonnamment silencieux - il doit être en train de faire des bêtises. Je détache mon regard de l'écran et je le cherche des yeux. Il est assis comme d'habitude, son mince dos noir et sa crinière tournés vers moi, ses oreilles frémissent, attentives au moindre bruit, sa queue se balance en signe d'intense concentration. Je me redresse dans mon fauteuil et là, bien que la pièce soit quasiment plongée dans l'obscurité, je vois ce qui l'occupe. Pessi s'est emparé du jeu de cubes et, de ses longs doigts agiles et griffus, il est à cet instant précis en train d'en poser un au sommet d'une pyramide presque parfaite. [...]
Quand je suis arrivée ici et que Pentti ne me faisait encore qu'un peu peur, il m'a emmenée chez le docteur et lui a parlé comme si je n'étais pas là; il a dû lui dire que je ne parlais pas un mot d'anglais, car c'est à lui que le médecin a posé toutes ses questions, pas à moi. Et je me suis retrouvée sur une table avec des étriers et le docteur m'a regardée et tâtée à m'en faire jaillir les larmes des yeux, puis il a enfoncé en moi quelque chose dont Pentti m'a dit plus tard que c'était pour ne pas avoir d'enfants.
Cette toute nouvelle règle concernant les poils était outre contradictoire. Je devais me laisser pousser les cheveux pour que personne ne se doute que j'étais une morlock. Et je devais porter un bikini en été parce que les éloïs portaient des bikinis en été. Pourquoi les poils du haut étaient ils sacrés pour les éloïs et les poils du bas interdits, alors qu'il fallait malgré tout porter des vêtements qui les dévoilaient forcément ?
La distribution de sexe - un produit de consommation essentiel à la paix sociale - doit être aussi efficace que possible. A cet effet, le corps scientifique gouvernemental a généré une nouvelle sous-espèce humaine - les éloïs. De type blond, réceptive et soumise, l'éloï est jugée apte pour le marché de l’accouplement et sera vouée à favoriser par tous les moyens le bien-être de son époux. Les morlocks, en revanche, éléments de la population féminine jugés trop indépendants et difficilement domesticables, sont une espèce en voie de disparition. Stérilisées depuis leur plus jeune âge, elles constituent un réservoir de main-d’œuvre affectée à des tâches répétitives.