Il se fou de moi, de mon allure et mes cheveux en pétard, ne laissant aucun doute sur le fait que son pote est fini entre mes cuisses encore et encore. Ce dernier, d'ailleurs, nullement perturbé par la situation dans laquelle je me trouve, me mate comme il semble en prendre un peu trop l'habitude.
- Ton projet avec moi c'est donc de t'enfermer dans cette putain de baraque sans sortir ! Honnêtement, combien de temps tu vas tenir ? Allez … Si tu veux, on lance les paris ! Un mois ? Oh… non… c'est déjà fait. Peut-être trois ou quatre, si je te baise bien.
- Attends ! Tu fais du piano ?
Il hausse les épaules, me tire de force vers un escalier.
- Un vestige de mon éducation de bourgeois anglais. Viens.
- Tu ne joues plus ?
- Plus vraiment. Généralement, ce n'est pas bon signe quand je joue.
Je ne peux pas espérer une relation avec toi, sans toi.
Décidément le constat est alarmant: j'ai un problème!
Je suis incapable de me lier à un seul homme, de faire un choix. Le seul pour lequel, j'ai entraperçu l'évidence, l'envie de lui appartenir sans aucun doute, est loin, emporté par l'impossibilité d'une histoire en nous. Mon Psychanalyste émet d'ailleurs l'hypothèse que c'est parce qu'il n'y a aucun avenir, aucune projection, que mon amour est aussi clair, intense. Sous-entendu que si nous avions envisagé d'être ensemble, je l'aimerais certainement moins. J'ai des doutes concernant son interprétation. De toute façon le problème est réglé. Edern c'est fini. Le seul constat que je fais c'est que mon attachement pour lui était aussi excessif que dangereux et je n'en veux plus!
Plus question de me prendre la tête. Je veux juste me laisser porter par mon désir, qui à l'heure actuel oscille entre mon ange brun aussi intriguant, excitant que protecteur et la sécurité, la complicité ardente de mon surfeur.