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Critique de BazaR


BazaR
21 novembre 2021
Un livre très intéressant mais qui cependant ne m'a pas emporté.

C'est essentiellement la forme choisie par Gilbert Sinoué qui est en cause. le roman prend la forme d'une enquête que mène un journaliste – Jonathan Brink – afin de réaliser une biographie de Florence Nightingale. Cela ressemble à un documentaire, ponctué d'interview des gens qui l'ont connue et d'extraits de lettres ou d'articles de journaux. L'auteur essaie de donner une certaine épaisseur à ses personnages interviewés, et y réussit dans une certaine mesure, mais il ne peut rien au fait que la forme choisie maintient la distance avec son sujet réel.

Au-delà de la forme, Gilbert Sinoué nous montre une Florence Nightingale incroyable ; un être lumineux qui arbore une impressionnante face d'ombre. Son histoire m'a tout de suite rappelé celle d'Ada Lovelace, la fille de Lord Byron mathématicienne et précurseur de l'informatique. Jeune fille de bonne famille de l'Angleterre du XIXe siècle, pourvue par ses parents d'une éducation sans tâche mais destinée simplement tenir la maison et faire la conversation, elle n'accepte pas cette position sociale. Profondément attachée au sort des blessés et des infirmières, elle révolutionne la médecine de guerre, notamment lors de la guerre de Crimée. Inutile de préciser le nombre d'obstacles qui se dressent sur son chemin, mais son caractère d'une opiniâtreté d'acier soutenu par une foi fanatique les balaie tous.
Certaines descriptions parviennent à passer la forme distancielle et à percuter. le témoignage du soldat Kneller, amputé pendant la guerre de Crimée, prend aux tripes quand il évoque les maladies, le sacrifice inutile des troupes ordonné par des Lords commandant, les souffrances, l'absence d'hygiène et l'indifférence des docteurs dans les hôpitaux, et l'amélioration et la dévotion que vient apporter Florence Nightingale à tout cela.

Mais le personnage est dual. Florence est bipolaire, misanthrope, profondément ingrate avec certaines personnes qui l'aident et la veillent durant ses propres maladies. Elle a la foi chevillée au corps, « appelée par Dieu » dit-elle, mais rejette les inimitiés qui continuent au XIXe siècle à empoisonner les relations entre protestants et catholiques, y compris entre les infirmières.
Bref son comportement en société est profondément agaçant, voire insupportable.

Ce roman est donc très instructif et présente quelques descriptions fortes, mais je suis certain qu'il m'aurait plus secoué si l'auteur avait opté le point de vue de Florence ou de l'un de ses proches pour l'écrire, au lieu de cette approche documentaire.
Je l'ai lu en LC avec deux piliers du challenge historique : Fifrildi et Srafina. Merci à elles deux de m'avoir accompagné dans ce voyage.
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