David s’assit sur la chaise, le souffle coupé.
Alors qu'elle se tient ainsi penchée sur lui, une ultime larme roule sur sa joue, une goutte de parfaite noirceur.
Une larme pour le pardon.
Elle éclate sur le front de l'enfant, y imprimant la forme d'une étoile noire.
Naemah arrache le cordon ombilical de ses entrailles, et le tranche d'un coup de dent à la base du ventre de son enfant. Un chagrin infini brille dans les yeux du nouveau-né. Elle le serre contre elle, l'embrasse une unique fois sur la bouche, puis elle le dépose dans les bras d'un gisant de marbre à l'air circonspect.
Aux premières lueurs de l'aube, elle perd les eaux - rouge profond - et l'enfant glisse enfin hors de son corps, sans le moindre son, tel un mort lui-même. Il ne crie pas, ni ne pleure. Il ouvre seulement ses grands yeux bleus, et la dévisage en silence. Ses cheveux sont déjà assez longs, et blancs, à l'image de ceux de sa mère. Souillés par les sécrétions du placenta.
- Ecoute, si tu me trouves en état de choc, tu devrais voir Villeneuve. Ce pauvre homme... Je ne sais même pas comment te décrire ça ! Il reste cloîtré chez lui comme un vieillard à l'agonie. Et je ne te parle pas du dragon qu'il a engagé comme aide à domicile. Elle sort tout droit d'un livre de Stephen King.
Il fallait qu'il l'accepte : le chaos était arrivé, sans raison, sans prévenir, et personne n'y pouvait rien. Le chaos l'avait avalé.
" Des mains invisibles le saisissent. Ce ne sont plus celles du garçon. Elles sont trop nombreuses. Pourvues de griffes qui s'enfoncent dans sa chair.
Jetant un regard à la façade des casiers, il constate alors que ceux-ci sont en train de s'ouvrir, les uns après les autres. Les tiroirs coulissent, en silence, et les ombres des morts qui étaient dedans s'extirpent de ses étroites prisons. Leurs corps iridescents se glissent sur le sol, leurs mâchoires dessinent des sourires pervers, leurs yeux affamés encerclent David. Il sent leur désir. Il sent leur froideur. "
-Existioneriona onera brasym messias sother emanuel sabaoth adonay
Les ombres s'arrêtèrent à quelques centimètre de lui , se dissolvant au contact de la bulle de protection.
S’il y avait quelque chose qu’Alexandre Vauvert détestait plus que tout, c’était les histoires abracadabrantes.
Et il y avait une chose qu’il détestait encore plus, c’était les histoires abracadabrantes qui se recoupaient.