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Citations sur Petite, allume un feu... (6)

Et une fois, quand la vieille n'était pas chez elle, Imro et Marian ont attrapé son chat noir et ils l'ont cloué sur la porte ; ce sera bientôt Pâque, disaient-ils, et la vieille, cette connasse moisie, n'aura même pas besoin de se déplacer à l'église... et Andrejko avec les autres petits regardaient tout par-dessus leurs épaules et écoutaient les hurlements déments du chat, les râles et les plaintes qui faiblissaient, et soudain, la cour est devenue toute silencieuse.
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Lors d'une matinée d'automne, ils n'ont plus réussi à réveiller le vieux Laco, un vieillard desséché et voûté, toujours si adroit avec les chevaux. Et ils l'ont assis à table, ils lui ont fourré un bout de ficelle dans la main pour remplacer la bride, et soudain, du moins pour quelque jours, ils se sentaient à nouveau proches l'un de l'autre. Assis autour de la table, pendant trois jours ils veillaient Laco, marchaient sur la pointe des pieds, et personne ne chantait ni riait, ils abreuvaient tant eux-mêmes que le vieillard avec de l'eau-de-vie, afin qu'il marche d'un pas léger sur son dernier chemin, et selon l'ancienne coutume ils en versaient un peu à côté, pour obtenir les faveurs de la terre à laquelle ils voulaient confier le vieux.
Quand ils poussaient sur ses genoux figés en le mettant dans le cercueil, son corps s'est redressé, et le vieillard, les mains croisés, s'est assis comme s'il voulait dire encore quelque chose avant qu'ils ne lui clouent le couvercle par-dessus la tête ; ils sont tous partis en courant, et quelques jours encore un frisson leur parcourait l'échine et leurs dents s'entrechoquaient comme une brouette qui caracole sur les durs pavés de la ville.
Ils sentaient tous qu'avec le vieux Laco s'en vont les temps anciens des feux à minuit, des chevaux sauvages, des pieds nus qui marchent dans la boue et des roues de chariots en bois qui s'enfoncent dans la terre, des nuits miraculeuses où tombent les étoiles, des nuits pleines de lumière, où la Lune roule dans le ciel comme un fromage géant et dans l'archaïques bosquets fleurissent les plantes magiques ; mais aussi des nuits sombres ordinaires, dont l'obscurité recouvre même les champs des gadjé avec leurs patates et leurs choux.
Et par la porte entrouverte par Miro, puis défoncée à coups de pied de Marian et d'Imro, s'engouffrait déjà un monde nouveau, un monde féroce des couteaux à cran d'arrêt, des pavés et des retraités martyrisés, un monde qui ne laisse plus de temps pour fumer longuement sur le seuil en devisant, pour lire l'avenir dans la main et pour les plaintes mélancoliques sous les étoiles.
Par cette porte défoncée, sans frapper, est entré un monde que personne n'a pas encore réussi à comprendre. (*)

(*traduction approximative à partir de la VO)
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Quand ils avaient de la visite, les gadgé faisaient chauffer du café et disposaient quelques biscuits sur une petite assiette, mais, pour les Dunka, l’invité signifiait plus : ils ouvraient tout grand à leurs hôtes leur cœur et leur garde-manger, ils posaient sur la table leurs meilleurs saucissons, viande et jambon et, ensuite, il leur arrivait même d’emprunter, dussent-ils être à l’eau et au pain sec pendant un mois. S’ils avaient, ils donnaient ; s’ils n’avaient pas, ils donnaient pareillement…
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Les enfants tziganes, débraillés, flânaient rue Matejska en faisant la manche pour s'acheter de la barbe à papa et lorgnaient d'un œil envieux les enfants gadjé qui faisaient des tours de manège ou de balançoire. Les enfants tziganes s'arrêtaient près des vitrines des jouets ou devant la pâtisserie, alléchés par l'odeur de tartes qui sortaient du four et du chocolat chaud, le nez collé contre la vitrine derrière laquelle se bousculaient les petits gadjé avec leurs ours en peluche et leurs poupées, les garçons en blouse de marin et les filles en robe rose, avec des nœuds dans les cheveux ; [...] Face à une telle injustice, Andrejko n'arrivait pas à trouver le sommeil et passait des nuits entières à sangloter ; les doigts crispés sur la croix de sa mère, il écrasait ses larmes sur ses joues sales.
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Jusqu’à là-bas, où finissaient les rails et se dressaient les touffes de laine de brebis, avec leurs cerisiers isolés et leurs églantiers rouge sang le long des sentiers poussiéreux, où paissaient les chevaux à la crinière humide de rosée matinale ; où s’alignaient des meules et des granges pleines de foin odorant ; où s’élevaient des forêts millénaires et des bocages anciens ; où, par les chaudes nuits d’été, scintillaient les feux follets, la mousse dorée et le bois des souches en décomposition ; où, à l’automne, les feuilles se couvraient d’or avant de tomber et les versants dénudés se voilaient timidement d’un lacis de brindilles nues, de petits fils d’or et de cuivre tout fins, avant que le gel n’enferme les fontaines à septuple tour, que les habitants ne dégagent d’étroits sentiers dans les congères entre les maisons et que n’apparaissent, derrière le village, des empreintes de loups dans la neige.
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Pour donner à Andrejko le bon exemple, l'oncle ne chôma pas, même cette nuit-là. Il disparut à deux ou trois reprises dans le train où régnait le silence et lorsqu'au matin, à Prague, il sortit de ses poches des papiers d'identité et qu'il compta des billets de banque tout froissés, cela sembla au petit Andrejko tout à fait naturel.
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