Au nom de la lutte contre les inondations, la ville avait domestiqué une force sauvage ; elle l'avait stérilisée, maîtrisée, ensevelie sous des tonnes de béton lisse pour en faire une autoroute de plus dans la cité des autoroutes. Les hommes pensaient avoir résolu le problème, mais le fleuve ne s'était pas laissé faire. Il s'était rebellé. Des petits arbustes avaient germé dans les fissures du ciment avant de se frayer un chemin vers le soleil, ouvrant la voie aux buissons et aux roseaux. Bientôt, toutes les plantes originelles avaient fait leur retour, et avec elles, les grenouilles, les tortues, les canards, les grues, les hérons, les faucons et les aigles. Ils s'étaient réapproprié le fleuve. À sa manière, la nature avait envoyé chier cette ville.
Ne vaut-il pas mieux se souvenir des instants magiques que de découvrir qu'ils ne se reproduiront jamais ?
Ce type dégageait quelque chose de malsain. Il était comparable au liseron : agréable à regarder, joli et inoffensif en apparence, mais sous ses fleurs violettes se cachaient des racines qui détruisaient tout. Un parasite que se nourrissait des autres plantes, qui les étouffait petit à petit et les laissait pour mortes.
Une plante se contente de fleurir, son pollen se diffuse dans l'air et les abeilles, papillons ou chauve-souris le propagent de fleur en fleur ; il n'y a aucun rituel, aucune étiquette, pas de sentiment de possession ou de culpabilité. Tout se déroule au rythme du vent.
Quelqu'un allait finir en prison, aucun doute là-dessus, mais Cho s' en foutait. L' interdiction du cannabis avait fait son temps, ce n' était plus un débat scientifique ou rationnel, mais une lutte politique, un résidu malsain de l' époque de la Guerre Froide, d' une moralité ancestrale selon laquelle tout ce qui n' était pas blanc et masculin était négatif. C'étaient des conneries. Une bouffée de marijuana était-elle plus nocive qu' un cigare ou qu' un verre de scotch ?
Vincent fixait le hollandais assis en face de lui. Qu' est-ce qu' ils ont, ces Européens ? Ils débarquent à Los Angeles habillés comme pour l' enterrement d' un type branché : T-shirt noir, sweat gris, veste en cuir noir, jean noir, bottes noires et visage rouge luisant. Ce type avait l' air d' un homard déguisé en Lou Reed. Pourquoi les Européens ne regardent jamais la météo ? Il faisait plus de 90 degrés Fahrenheit à Los Angeles. Pensaient-ils qu' il faisait froid avec leur système métrique ? Comment savoir ?
Miro n' avait jamais apprécié Vincent. Ce type dégageait quelque chose de malsain. Il était comparable au liseron : agréable à regarder, joli et inoffensif en apparence, mais sous ses fleurs violettes se cachaient des racines qui détruisaient tout. Un parasite qui se nourrissait des autres plantes, qui les étouffait petit à petit et les laissait pour mortes. Un danger public pour la communauté du cannabis.
L'étrange diaroma qu'il trouva dans la chambre à coucher, une femme morte sodomisant avec un gode ceinture un dealer tout aussi mort, était difficile à comprendre et la prise de ses antihistaminiques n'expliquaient en rien sa confusion .