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Critique de MD68


Just Kids, un volet précédant des mémoires de Patti Smith racontait la genèse de sa vocation entrelacée à celle de son amour Robert Mapplethorpe dans le New York des années 1960-1970. Dans les premières pages du récit apparaissait une citation de l'opéra « Tosca » : « J'ai vécu pour l'amour, j'ai vécu pour l'art ». Quand je l'ai lu, je l'ai adoré (et je n'était visiblement pas la seule, vu le succès du livre) à cause de cette énergie qui lui a permis de démarrer de rien et de se déployer dans toutes les directions qu'elle a empruntées ensuite. Cette citation s'applique à « M Train » aussi.

Et bien, on retrouve la même Patti, des années plus tard, vivant avec le souvenir de son mari, le musicien Fred Sonic Smith (celui de la merveilleuse chanson « Frederick » sur l'album Wave ) et faisant des allers -retours vers leur vie commune. La description de cette relation est encore particulièrement touchante, comme celle avec Robert. Les amis de l'époque sont souvent partis (mais pas tous), les enfants grandis, donc, la solitude est plus présente.

« Nous cherchons à retrouver tel moment, tel son, telle sensation. Je veux entendre la voix de ma mère. Je veux revoir mes enfants quand ils étaient enfants. Petites mains, petits pas rapides. Tout change. le garçon a grandi, le père est mort, la fille est plus grande que moi, elle pleure après un mauvais rêve. de grâce, restez pour l'éternité, dis-je à ceux que je connais. Ne vous en allez pas. Ne grandissez pas.»
Dans ce livre, on vit avec Patti au jour le jour, dans ses habitudes, ses cafés fétiches (la photo de couverture a été prise apparemment à l'occasion de la fermeture du café Ino où elle se rend alors qu'elle habite Greenwich Village), ses chats, ses grigris, son amour des séries télévisées dans les chambres d'hôtel !! (The Killing et Wallander en particulier). Guidée dans le monde par ses obsessions littéraires, elle traverse les océans pour se rendre sur les lieux habités ou désertés par ses idoles et ses mémoires deviennent un voyage à travers la littérature jalonnée par Haruki Murakami, Sylvia Plath, Roberto Bolano…et illustrés par ses polas en noir et blanc, véritables machines à remonter le temps. Ils semblent tout droits sortis d'une séance de spiritisme pour capter de fantômes qui sont présents et habitent les objets.

Quand elle perd un de ses manteaux : » Peut -être ai-je absorbé mon manteau. J'imagine que je devrais être contente que, compte -tenu de son pouvoir, ce ne soit pas mon manteau qui m'ait absorbée. J'aurais alors l'impression d'être parmi les disparus, alors que je serai juste jetée sur une chaise, vibrante, pleine de trous »

Pour certains lecteurs, peut être que sa vie à ce moment là est moins excitante qu'à l'époque de Just Kids, récit d'apprentissages, (elle a écrit des poèmes, fait du dessin, de la photo, et s'est faire connaître en tant que chanteuse performeuse et écrivain, à nouveau) où elle cherche son chemin et Robert le sien. Mais dans M train, elle est reconnue et toujours fidèle à elle même : optimiste, ancrée dans le réel et en connexion avec des puissances invisibles. Au début du livre, elle s'interroge sur la difficulté d'écrire sur « rien ». Il ne se passe parfois rien, mais c'est rempli de tant de sentiments et d'attachement et délivré avec tellement de style !

Alors, asseyez vous avec un petit café et laissez vous guider à bord de M Train, le voyage en vaut vraiment la peine.
Lien : http://litterature.calice68...
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