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Critique de PtitVincent


Jusqu'en 1957, en Arkansas, il était impensable que des noirs et des blancs partagent les mêmes bancs de l'école. C'est pourquoi, lorsque les autorités scolaires décidèrent que quelques adolescents afro-américains auront en cette rentrée le droit d'accéder à la Central High School de Little Rock, jusqu'alors réservée aux blancs, les réactions ne se font pas attendre. Des adolescents rigoureusement triés sur le volet, puisque seuls 10 d'entre eux eurent ce « privilège » (un élève abandonnera rapidement l'idée de rentrer dans cette école).
Avant même la rentrée, cette décision fut âprement débattue dans les tribunaux et il faudra remonter jusqu'à la Cour suprême des États-Unis pour l'obtenir. Et là encore, les États du sud réclamèrent du temps, encore et toujours, pour continuer la politique de ségrégation, intitulée « equal but separate » (séparés mais égaux), qui est la leur depuis plusieurs dizaines d'années.
Et en ce jour de septembre 1957, la rentrée des classes fut bouleversée par une foule haineuse, refusant de laisser entrer des « nègres » dans l'école. le gouverneur de l'Arkansas, fit même intervenir la garde nationale pour interdire l'entrée aux élèves noirs, sous prétexte de les protéger. Et il faudra quelques semaines, une décision fédérale, l'intervention de plus de dix mille militaires (!), un garde du corps pour chacun des élèves pour que Elizabeth Eckford (en photo sur la couverture) et ses camarades puissent enfin commencer à suivre les cours. Sans oublier le courage et la détermination des membres du NAACP (mouvement pour les droits civiques afro-américain), de pasteurs (noirs et blancs), de journalistes et de quelques bénévoles. Et surtout des Neuf de Little Rock, qui durant toute leur scolarité subirent quolibets, insultes, violences, provocations haineuses, en refusant d'y répondre pour ne pas alimenter la moindre critique.
Que de haine, de violence, de stupidité, d'obscurantisme de la part d'une population qui se croit supérieure. Et que de mauvaise foi, de mensonges et d'opportunismes de la part de dirigeants populistes.
Avec simplicité et émotion, Thomas Snégaroff décrit un événement qui semble tout juste sorti du Moyen-âge. Cette lutte longue et semée d'embûches d'une population dénigrée, ségréguée, maltraitée par des militants dignes et courageux (on y voit les débuts d'un certain Martin Luther King Jr, mais c'est une autre histoire…). Une lutte qui dure encore aujourd'hui malgré des avancées notables.
Un document indispensable pour comprendre le mouvement des droits civiques aux États-Unis que l'on peut ranger à côté d'une biographique de Rosa Parks, du récit de Tania de Montaigne, « Noire » (adapté avec talent en bande dessinée par Émilie Plateau), du film d'Alan Parker « Mississipi Burning », de la chanson « Strange Fruits » magnifiquement interprétée par Billie Holiday ou des polars de Kris Nelscott (je vous en reparle prochainement…) et de biens d'autres documents, films, témoignages et fictions qui illustrent ce combat contre la haine raciale.
Petit bémol, j'aurais souhaité connaître le parcours de ces jeunes lycéens après leur remise de diplômes. Que sont-ils devenus ? Il manque un chapitre, non ?
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