Cette belle âme de 104 ans fixe avec ses yeux le cap ultime de sa vie, elle y est enfin, alors ses mots, prouesse, effort … viennent à sa rencontre et elle peut comme les finisseurs de l'Anapurna, dire j'ai vaincu et survécu tout peut s'effacer.
Le roman de
Carrie Snyder s'écrit à ce point ultime,
Invisible sous la Lumière, mais "dès le début je le voyais, le sentais", avec une sérénité totale, un état que l'on peut qualifier d'essentiel, allégée, dépouillée, réduite à sa plus simple expression, l'essence d'une vie.
C'est dans cette atmosphère de paix que Snyder, cette canadienne nous enveloppe, 350 pages de souvenirs d'anecdotes, dans le calme, où en pleine journée tout le monde dormait, sauf nous lecteur.
Aganétha nous inonde de sa légèreté de sa vitesse et de ses succès, évidents, innés. Elle devient le première femme championne olympique du 800m. En 1928 L'affront suit l'exploit, les organisateurs suppriment cette course des futures compétitions considérant la longueur trop longue, donc trop inhumaine pour une femme.
Livre féministe et livre sur une personnalité attachante, pleine de vie, qui puisera dans son expérience le goût de lutter pour ses droits. Droits acquis totalement aujourd'hui, mais avec des hauts et des revers comme cette femme qui courant le marathon déguisée en homme sera durement pénalisée vers 1973 de mémoire, moi-même le 1er marathon, je le réalisais à Paris en 1983 accompagnée sur les derniers 6 km par une américaine.
Une vannetaise fut en 95 championne du monde des 48 heures.
Que de chemins parcourus, la trame du live se déroule dans les méandres de sa vie familiale, et l'épisode cruel de la guerre, aux mises en lumière de la vie des femmes dans ce siècle finissant.
Lumineux, positif et une langue ronde fiévreuse qui vous capte le long de ce destin.