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3,45

sur 33 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Récit très sombre au coeur de la folie, envahissante, douloureuse, dramatique et inexorable.

Douleur intime, pour cet être éternellement en marge, depuis l'enfance et tout au long de sa vie. Avec la conscience aiguë de ce qui le submerge sans pouvoir contrôler quoi que ce soit. Les hallucinations l'enferment dans un monde où la violence et la haine sont la seule réplique, inutile.

Douleur pour les autres, les parents, témoins et victimes impuissantes des errances délétères de leur fils. Coupables de l'avoir mis au monde, condamnés à subir jusqu'à la mort les écarts de conduite qui les laissent sur la paille.

Les voix se succèdent et celle de la nièce vient apporter un peu de lumière à travers cet héritage lourd de conséquences.La collecte et le déchiffrage des innombrables notes laissées après son décès est une tâche énorme, mais aussi un hommage à celui qui fut à la fois victime et bourreau.

Lien : https://kittylamouette.blogs..
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Un premier roman que j'ai du mal à définir…. Certains passages étaient à mon goût, ou plutôt, par rapport à mes habitudes de lecture, trop chaotiques pour me plaire. Et pourtant, après réflexion, et après avoir avalé la deuxième partie du livre sans pouvoir le reposer, je me dis que ce chaos, ce tumulte mental, était nécessaire pour que le lecteur puisse frôler l'intérieur, le fonctionnement de l'esprit d'un homme souffrant de schizophrénie.
Cette confusion, et surtout, ces délires douloureux, je les sais bien réels. J'ai un cousin qui en souffre. Et l'évolution d'Anaël / Manuel a été sur le papier, la même que mon cousin. Déjà différent à l'enfance, dans les réactions, les manies et le lien très fort à la mère. Puis l'adolescence et les conduites à l'extrême, les fuites, les difficultés relationnelles. Et enfin, vers la trentaine, le diagnostic posé, la souffrance qui alterne avec le soulagement pour la famille. Mais aussi pour cette dernière les questionnements : pourquoi ? Qu'a-t-on loupé ? Est-ce héréditaire ? Et l'aveu d'un quotidien devenu un enfer. Un schizophrène n'est pas adapté à la société telle qu'on la connaît. Sol Elias a eu ce don de le faire clairement comprendre à son lecteur. Il aimerait être comme tout le monde mais il n'y arrive pas. Il ne s'adapte pas au monde du travail, n'arrive pas à maintenir une relation amoureuse et son sentiment d'être inutile le pousse à tous les extrêmes, y compris la tentative de suicide.
Pour un premier roman, c'est un exercice qui a dû être difficile que de rédiger un roman polyphonique où s'expriment les voix d'Anaël, de Manuel, son double et de Soledad, sa nièce.
Un talent qui gagne à être suivi.

Lu dans le cadre des 68 premières fois.
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Lorsque je rédige la chronique d'un livre que je viens de terminer, j'emploie souvent les termes "J'aime" ou "Je n'aime pas". Un roman, on l'aime pour certaines raisons, ou pas pour d'autres et même quelquefois les mêmes. Mais pour ce qui concerne "Tête de tambour" le premier de Sol Elias, je ne pourrai vraiment pas les utiliser.

Comment dire que j'ai aimé un ouvrage qui véhicule tant de souffrance, mais comment dire aussi que je ne l'ai pas aimé alors qu'il décrit avec une telle empathie, une telle force, une telle intelligence, une telle véracité les troubles d'un homme atteint de schizophrénie.

Alors ? Sol Elias fait, à mes yeux, preuve d'un talent fou. Elle réussit avec brio à pénétrer la tête, la vie, le coeur d'une personne atteinte de cette pathologie mentale, pour le moins destructrice. La construction du roman elle-même en est teintée, plutôt brouillonne, mal définie, à l'image de la pensée de Manuel. Loin d'être un défaut, elle se révèle habile. Cet homme jeune est en effet le "héros" d'une histoire bouleversante. Nous traversons sa vie mais aussi celle des siens, ses proches qui, naturellement en sont les victimes collatérales. Victimes ou responsables ? Là est la question dont Manuel donne une réponse, sa réponse, assez cinglante : "Je leur faisais payer (il parle de ses parents) le prix pour m'avoir impunément mis au monde. Je serais la croix à porter sur leurs épaules d'hommes pour toute une vie d'homme. Ils ne m'avaient pas tué quand ils avaient vu mon visage cyanosé de bébé tenu pour mort à la sortie du ventre de la mère…"

La vie de Manuel est le prétexte à toute une réflexion, particulièrement fine, de la schizophrénie, par le prisme du malade qui un beau jour en prend son parti "A force de devoir l'accepter, puisque l'on m'avait collé quand même le "schizo" comme une étiquette sur un emballage de saucisses sans date de péremption, j'avais fini par lui trouver quelques charmes (pervers)", de ses proches, du rôle de l'hérédité, mais aussi du milieu médical. Il y a là, quelque part une critique du monde de la psychiatrie et des traitements qui anéantissent. le roman est dur, intime, revisite les liens familiaux et m'a personnellement serré la gorge et fait trembler le corps. Mais l'auteur rend à Manuel, et de ce fait à tous ses semblables, une certaine noblesse en le considérant non comme un schizophrène mais comme un homme atteint de schizophrénie. Ce détail fait toute la différence.

"Tête de tambour" est un premier roman d'une grande puissance. Il m'a particulièrement émue.

Lien : https://memo-emoi.fr/
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Manuel est schizophrène. Adolescent difficile, adulte irresponsable, il n'a cessé de tourmenter ses parents qui s'endettent pour payer ses dépenses exorbitantes, refusé de travailler ; souffrant de maux de tête terribles, d'hallucinations diverses, il tente plusieurs fois de mettre fin à ses jours, à coups d'overdose de tranquillisants, de coca et de tabac. On le sait fragile, malade, et à 28 ans, le diagnostic tombe. Fasciné par sa nièce, il lui lègue l'oeuvre sur laquelle il travaille, un drôle d'héritage dont d'abord elle ne veut pas, des mots écrits de façon illisible sur d'improbables petits papiers, qu'elle va entreprendre de trier, tout en espérant échapper à la même maladie.

Le récit donne voix tour à tour à Manuel et à Anaël, son double romanesque, ainsi qu'à Soledad, la nièce porteuse de cet héritage maudit. Il nous fait entrer dans le monde étrange, déroutant et violent de la schozophrénie. Manuel est un montre d'égoïsme, incapable de la moindre reconnaissance, saisi d'accès de rage incontrôlable ; il est surtout profondément malheureux, d'une sensibilité trop vive pour le rendre capable de vivre en société et de se comporter en individu "normal", dans un monde qui n'a pas su, pas pu lui venir en aide, à commencer par sa mère. En triant ces notes éparses et folles pour en faire son roman, Sol Elias a rendu hommage à cet oncle mal aimé et nous ouvre la porte sur un univers qu'on connaît très mal.

Lien : http://usine-a-paroles.fr/le..
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Il y avait une seule personne avec laquelle Manuel ne se sentait pas jugé, Soledad, sa nièce. Avec elle qui pose sur lui son regard d'enfant, il peut échanger et rire normalement. Elle le regarde et voit un adulte excentrique différent des autres certes, mais ne pose pas sur lui un regard "social" qui met les gens dans une case. Car Manuel ne rentre pas dans les cases de la société. Manuel est schizophrène.

Ce premier roman est un coup de poing qui nous plonge dans l'intimité d'un homme que la maladie a ravagé, conscient de l'inanité de sa vie, révolté et décidé à faire payer à sa famille cette vie avec une "tête pourrie" dont il ne veut pas.
Une des rares choses dont il a besoin outre le tabac, le coca et l'alcool, c'est d'écrire sa vie ou plutôt la vie du double qu'il s'est inventé, Anaël, sur tout et n'importe quoi, des bouts de carton ou des papiers microscopiques. Soledad héritera de 44 ans de notes avec la mission d'écrire ce que lui n'a pas pu dire. Et avec cet héritage incongru, lui tombera dessus l'angoisse de transmettre à l'enfant qu'elle porte le gène maudit...

C'est violent moralement, c'est bouleversant cette plongée dans la schizophrénie, un monde inconnu et plutôt terrifiant... Pourtant j'ai été embarquée dès les premières pages, partagée entre sidération et empathie. Que de souffrances derrière cette maladie, derrière cette haine des siens, cette haine de soi....

Un premier roman fascinant à l'écriture flamboyante basé sur l'histoire de l'oncle de l'auteur, lu dans le cadre des #68premieresfois (2/18)
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