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3,45

sur 33 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Impressionnant premier roman!
Grâce à une très belle écriture et une grande maîtrise de la langue, Sol Elias m'a emportée dans une histoire au goût amer mais oh combien passionnante.
La "tête de tambour" est celle de Manuel déclaré schizophrène à l'âge adulte dans laquelle cogne une douleur permanente qui déforme la réalité sans que cela soit visible de l'extérieur. Ce qui se voit ce sont les conséquences de cette descente aux enfers dans laquelle il entraîne toute sa famille.
Manuel devient Anaël, son double malade qui parle de ce qui se passe dans sa tête où résonne le reproche de ne pas être comme les autres, incapable d'aimer, incapable de travailler...
La violence d'abord verbale est omniprésente et seule sa nièce, la petite Soledad semble procurer un peu d'amour à cet oncle coincé dans ses cauchemars. Mais qu'il est difficile de porter cette filiation sans qu'elle la dévore.
Pour raconter cette histoire Sol Elias va utiliser un matériau qui n'est pas le sien, les différentes notes et écrits que son oncle lui a laissés en héritage. Elle va décrypter son écriture incertaine et microscopique car durant des années il a essayé de rédiger Fragments pour une unité, le récit de ses vies, sans jamais conclure ses éparpillements d'écriture.

Alors que ce texte est un roman je dirais que c'est aussi un témoignage sur ce qu'on appelle la folie. J'ai beaucoup aimé la construction du livre qui montre la schizophrénie de points de vue différents.
Elle réussit à se mettre parfaitement dans la peau de son oncle et décrit cette maladie vue de l'intérieur mais aussi vécue par les proches qui ne comprennent pas toujours ce qui se passe. C'est très impressionnant.
D'ailleurs l'épigraphe de Marguerite Duras choisit intelligemment par Sol Élias montre à quel point on porte tous un héritage familial : "Toute première oeuvre est l'histoire d'une vengeance prise sur sa famille."


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Il voudrait être comme les autres, mais Manuel sait qu'il est différent. Il en veut à la vie d'être autrement, à ses parents qui l'ont laissé naitre, à la maladie qui ne l'a pas emporté enfant, à sa famille de ne pas le comprendre, à la mort qui ne veut pas de lui. Difficile alors de s'aimer et de s'accepter face à tant de lucidité. Il est neurasthénique tendance psychotique, selon sa mère, schizophrène selon le médecin, quand enfin il comprend pourquoi Manuel est aussi singulier, fatigué, apeuré, excité, violent même.
Il est Manuel, il est Anaël, il devient cette tête de Tambour dans laquelle sonnent toutes les cloches de la terre, annonciatrices de douleur et de chagrin.

Les chapitres alternent avec les récits d'Anaël, Manuel, Soledad. le lecteur met quelques chapitres pour comprendre le rôle de chacun et ce que chacun exprime de la complexité des relations dans une famille, une fratrie.

Ces différents personnages nous interpellent tour à tour… D'abord Anaël, que l'on suit dans ses frasques avec les copains si peu fréquentables tout au long des années 70. Ses parents, Bonnie la mère qui ne sait pas comment faire pour contenter ce petit qui la déroute, le père qui n'en peut plus, le seul à travailler pour nourrir un famille et un fils impossible à maitriser. Sa soeur Ana-Sol et plus tard son mari, leur fille Soledad. Puis Manuel. Ou faut-il dire avant tout Manuel, car tout au long de sa vie il est conscient de sa maladie, de ses différences. Et même lorsque sa tête explose, que la douleur le saisit, il rédige un roman dont le héros est Anaël, ce double dont il écrit la vie sur une multitude de petits bouts de papiers, éparpillés, tourmentés, illisibles, comme sa « tête pourrie » sans doute.

Soledad est la seule qui, enfant, posait sur Manuel un regard égal, sans à priori, comme seuls sont capables de le faire les enfants. C'est à elle que Manuel lègue sa vie entassée dans des sacs emplis de petits papiers qui pèsent tellement lourds dans sa vie. Car lorsqu'elle décide de les déchiffrer, Soledad est enceinte, se pose alors la question de l'hérédité, de la transmission possible d'un gène toxique.

Roman étonnant, inspiré par l'oncle de l'auteur, qui décrit avec une certaine violence mais une grande véracité le poids écrasant d'une hérédité incompréhensible et méconnue de la schizophrénie ou de la maladie.
Lire ma chronique complète sur le blog Domi C Lire https://domiclire.wordpress.com/2019/04/18/tete-de-tambour-sol-elias/
Lien : https://domiclire.wordpress...
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J'ai vécu ce texte comme une grosse claque qui fait mal et qui réveille en même temps ! Violent et poignant de se retrouver dans les pensées d'un homme diagnostiqué fou, de ressentir ses vertiges, ses hallucinantes sensations corporelles, sa douleur jouissive d'être mis au ban de la société ("La schizophrénie vous a coupé en deux, comme la hache du bûcheron le tronc du chêne", s'entend dire le protagoniste par son psy). On souffre pour lui, pour ses parents à qui il fait la vie, pour sa nièce qui se retrouve plus tard, confrontée à la question de savoir si l'enfant qu'elle porte risque d'hériter du "paquet de génétique avariée"....
Et le style est époustouflant. A lire !
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J'ai lu ce roman d'une traite car je voulais découvrir les frasques sans limites qu'Anaël-Manuel faisait à sa famille. J'avais entendu parler de la schizophrénie mais de façon vague sans imaginer un instant la bombe à déflagration que représentait cette maladie tant pour le malade que pour son entourage. La plume de Sol Elias est alerte et intrusive. Elle a en fait une arme redoutable pour décrire, sans fards, les affres de la vie d'un psychotique mais pour dénoncer aussi le rejet, la peur, les préjugés attachés à cette maladie, sans parler de la "honte" des familles et de leurs difficultés à prononcer un mot tabou qui claque comme une condamnation à mort : la schizophrénie !
Un livre éblouissant !
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"Schizophrénie" est un mot qui fait peur. Mais du fou qu'on marginalise, qu'on caricature, qu'on pressurise, ou de l'individu jugé "normal", qui devrait avoir le plus peur ? L'auteur, Sol Elias, a écrit cette fiction à partir de notes laissées par son oncle schizophrène. Ce roman nécessaire remet les pendules à l'heure, avec une prose de feu.
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