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Critique de CelineChaix


Soljénitsyne nous immerge au coeur des goulags avec cet essai qui ne se lit pas vraiment comme un roman, plutôt comme une sorte de témoignage sur un ton qui prête parfois à sourire, parfois ironique ou sarcastique. Il regroupe les dires de l'auteur et de plus de 220 autres détenus qui ont traversé cet enfer et nous explique le cheminement du prisonnier, depuis son arrestation qui s'apparente plutôt à un enlèvement jusqu'à son arrivée à l'archipel en passant par le transport et le camp de transit.
Le zek, une fois son transport achevé qui lui a donné une idée de ce qui l'attendait, patiente dans un camp d'attente, et s'acclimate avant son arrivée définitive, pour que celle-ci soit moins brutale, Pourtant, à lire cet ouvrage, la brutalité n'arrive pas crescendo, elle s'affiche dès que le déporté pose un pied dans le stolypin.
L'auteur décrit les interrogatoires, les tortures souvent plus psychologiques que physiques, ce afin d'éviter que le monde entier ne puisse constater le mauvais traitement infligé aux déportés et parce qu'elles sont bien pires que les sévices corporels. A travers différents exemples de procès et le défilé des quelques détenus que l'on nourrit copieusement, lave et habille pour les présenter au monde entier avant de les jeter à nouveau en enfer et de les affamer, Soljénitsyne nous montre l'absurdité des jugements et de la représentation, réelle mascarade, ni plus ni moins.

La seconde partie du 1er tome décrit la société qui s'organise dans ces camps de travail forcé, avec ses rituels, les transferts entre cellules, la nourriture, le moyen de survivre. Malgré la déshumanisation que l'état souhaite instaurer, les témoignages montrent que les déportés parviennent à communiquer et à reconstituer le plan des bâtiments, les cellules luxueuses et celles à redouter. Une société se constitue et s'organise tant bien que mal, avec ces castes et ses codes, ses dominés, ses dominants. Certains diront même qu'ils n'y étaient pas si mal.
Cette lecture poignante montre combien l'être humain semble avoir une capacité à la résilience, il s'adapte, parvient à parler de tout et de rien, sauf de nourriture, sujet trop tabou qui terrasse les estomacs. Ce, alors qu'il vit dans une cellule avec un tel nombre de prisonniers qu'il est contraint de se tenir dans la même position que les autres, presque emboité.

Certains chapitres sont plus difficiles à lire, notamment celui concernant les tortures ou les conditions de transfert des déportés. le passage sur les procès est bien trop long à mon goût, on comprend vite que tout est truqué et défini avant même le début de l'audience, l'auteur à mon sens, a voulu montrer l'esprit retors des accusateurs et il est vrai que certains arguments exotiques m'ont laissée stupéfaite.
Cet essai est une mine d'informations, avec cette écriture russe assez caractéristique qui traîne parfois en longueur mais il faut s'accrocher lors de certains passages et cela en vaut la peine.
Si vous êtes intéressé par le sujet et plus pressé, « une journée d'Ivan Denissovitch » est un condensé des presque 1500 pages que constituent les 3 tomes de L'ARCHIPEL DU GOULAG, en version romancée et en moins de 300 pages.
Pour ma part, je vais poursuivre la lecture avec le tome 2.
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