AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur Le clocher de Kaliazine (11)

"Que de labeur pour l'agriculteur : garder les semences jusqu'au temps voulu, semer au moment propice, amener les bons plants à donner des fruits. Mais les mauvaises herbes mènent leur sarabande avec un entrain sauvage, non seulement sans soin ni surveillance, mais à l'encontre de tout soin, par dérision (...).
Pourquoi les bonnes plantes ont-elles toujours moins de force ?"
Commenter  J’apprécie          300
Prière pour les défunts
C'est un legs d'une haute sagesse qui nous a été transmis par des hommes d'une sainte vie.
Dans notre jeunesse enjouée, entourés de nos proches, de nos parents, de nos amis, comment comprendre ce dessein ? Mais, avec les années qui passent...
Les parents sont partis, nos contemporains aussi. Où s'en sont-ils allés ?
Cela semble impénétrable, le comprendre ne nous sera pas accordé. Pourtant, avec une clarté comme par avance donnée, la lumière se fait : non, ils n'ont pas disparu.
Mais nous ne saurons rien de plus tant que nous serons en vie. La prière pour leurs âmes projette, de nous vers eux, d'eux vers nous,  une arche immatérielle d'une portée universelle et d'une proximité sans obstacle. Les voici tout près, à les toucher! Irreconnaissables, mais, comme devant, si familiers ! La distance des années n'est plus, ceux qui étaient plus âgés que nous, les voici désormais plus jeunes.
Quand nous nous concentrons, nous sentons leurs réponses, leurs hésitations, leurs avertissements. En retour, nous leur envoyons un peu de notre chaleur terrestre – qui sait, nous aussi nous pouvons les aider tant soit peu.
Et puis, n'est-ce pas la promesse de la rencontre ?
(Dernier texte)
Commenter  J’apprécie          130
Nous, nous ne mourrons pas !

Par-dessus tout nous redoutons maintenant les morts et la mort.
S'il y a une mort dans une famille, nous nous retenons d'écrire, d'y aller : nous ne savons que dire d'elle, de la mort... Mentionner le cimetière comme quelque chose de sérieux passe même pour honteux. Personne, à son travail, n'ira dire : "Je ne peux pas participer au dimanche ouvrier, je dois aller voir les miens au cimetière." Aller voir qui ne réclame pas à manger ? Voyons, ce n'est pas sérieux.
Transférer un mort d'une ville à l'autre ? C'est une lubie, et personne ne vous fournira de fourgon. On ne défile même plus dans les rues avec un orchestre, maintenant, en portant le cercueil : quand il s'agit d'un simple quidam, on le transporte rapidement en camion.
Naguère, dans nos cimetières, on déambulait les dimanches parmi les tombes, on chantait haut et clair en balançant des encensoirs parfumés. Dans les cœurs descendait la sérénité, la blessure de la mort inévitable ne les oppressait plus douloureusement. Les défunts semblaient nous sourire à demi de dessous leur petit tertre vert: "Ce n'est rien!...ce n'est rien!..."
Tandis qu'aujourd'hui, si le cimetière subsiste, il est invariablement muni de l'écriteau suivant : "Propriétaires des tombes, vous êtes priés de nettoyer les ordures de l'an dernier sous peine d'amende!" Mais la plupart du temps on y passe le rouleau, on les nivelle avec des bulldozers pour en faire des stades, des parcs de la culture.
Commenter  J’apprécie          92
Moyens de locomotion

N'avions-nous pas le cheval, son dos cambré, le claquement de ses sabots, sa crinière déployée, son œil étincelant et intelligent ? N'avions-nous pas le chameau, cygne à la double bosse, vieux sage au pas lent, le rictus de la connaissance sur ses grandes lèvres rondes ? Et le bourricot que j'allais oublier, sa détermination patiente, ses vivantes et caressantes oreilles ...
Or, qu'avons-nous élu ? ... La chose que voici, la plus hideuse des créations terrestres, pattes rapides en caoutchouc, yeux morts, en verre, mufle à ailettes, obtus, caisse de fer en forme de bosse que ni l'ivresse de la steppe, ni les odeurs des herbes, ni l'amour pour la pouliche, ni l'affection du maître ne feront hennir. Cette chose grince de toute sa ferraille et crache à qui mieux mieux sa puante fumée violette.
Et alors ? ... Qui se ressemble s'assemble.
Commenter  J’apprécie          60
AU CRÉPUSCULE, 1999.
Je me souviens bien de la coutume, très répandue chez nous dans le Sud, de prendre le frais au crépuscule. Héritée des années antérieures à la Révolution, peut-être fut-elle encore renforcée par les austères et dangereuses années de la Guerre civile.
Mais cette habitude remonte à des temps plus anciens encore. Y était-on enclin à cause de la douceur persistant durant de longs mois du crépuscule méridional ? Beaucoup aussi avaient pris le pli de ne jamais se hâter d’allumer la lampe. Ayant achevé les travaux, ayant même pour certains rentré les bêtes à la lumière du jour, ils n’étaient pas pour autant pressés d’aller se coucher. Ils sortaient s’asseoir sur les banquettes aménagées le long des murs, sur les bancs des rues ou des cours, ou bien s’installaient tout simplement dans une chambre devant les fenêtres ouvertes, sans lumière pour ne pas attirer les insectes. Ils s’asseyaient sans bruit, un premier, un autre, un troisième, comme plongés dans leurs pensées. Et gardaient longuement le silence.
Commenter  J’apprécie          20
A voir les impasses de l'histoire de l'humanité, que ce soit dans le plus reculé des lointains ou au jour d'aujourd'hui, on ne peut que baisser tristement la tête : il s'agit bien d'une loi universelle. Et nous ne nous en sortirons pas - jamais, par aucune bonne intention, aucun projet terrestre.
Commenter  J’apprécie          21
Un vieillissement serein ne mène pas vers le bas, mais vers les hauteurs.
Commenter  J’apprécie          20
Il en est ainsi de certains d'entre nous : quand vient frapper le châtiment de la conscience, c'est tout notre for intérieur qui s'en trouve fendu pour la vie. Tel s'en remet ; tel autre, non.
Commenter  J’apprécie          10
On a tant écrit sur la peur de la mort, mais n'est elle pas un maillon parfaitement naturel, à condition de n'être pas violente?
Commenter  J’apprécie          00
Personne, à notre époque, ne s'étonne plus que l'homme chaque jour serve patiemment et attentivement son corps.
Mais nous serions offensés si, de la même manière, il servait son esprit.
Commenter  J’apprécie          00






    Lecteurs (26) Voir plus



    Quiz Voir plus

    La littérature russe

    Lequel de ses écrivains est mort lors d'un duel ?

    Tolstoï
    Pouchkine
    Dostoïevski

    10 questions
    437 lecteurs ont répondu
    Thèmes : littérature russeCréer un quiz sur ce livre

    {* *}