- C’est prêt !
Et tous trois s’asseyent à table.
(Ou tous trois s’assoient à table. S’asseoir fait partie de ces verbes rares et merveilleux qui acceptent plusieurs conjugaisons. Moi ça m’est égal. Dites comme vous voulez.)
_ Alors, tout n’est pas écrit ? demande-t-il.
_ Encore heureux, dit la taupe. Il y a bien des pages blanches. Regarde.
La taupe lui montre le champ couvert de neige qui s’étend face à eux, à perte de vue. Il est, en effet, parfaitement blanc.
En fixant sa photo au tableau, Lucas s'aperçoit, pour la première fois de sa vie, qu'il a beaucoup changé depuis sa naissance. Il a grandi, bien entendu, son museau est devenu plus pointu. Il a plus de dents que jamais, et son poil s'est éclairci.
Mais alors, se demande Lucas, qui suis-je ?
Puis, regardant les cases vides du tableau, il se demande :
Quel sera mon avenir ? Voilà d'étranges questions. Il ignore d'où elles lui sont venues, et il en ignore la réponse. (p.7)
Non, pour savoir où tu vas, il faut d’abord savoir d’où tu viens.
Mais alors, se demande Lucas, qui suis-je ?
Puis, regardant les cases vides du tableau, il se demande :
Quel sera mon avenir ?
Voilà d’étranges questions. Il ignore d’où elles lui sont venues, et il en ignore la réponse. Tout ce qu’il sait, pour l’instant, c’est que ce sont des questions un peu encombrantes, et un peu lourdes, et un peu fragiles sans doute, si elles n’ont pas de réponse. Il aimerait bien les poser, mais il faut attendre le bon moment. Car il est vrai que certaines questions sont comme des vases remplis de fleurs, encombrants et lourds et fragiles, et il faut les poser avec précaution, pas n’importe où et pas n’importe comment.
_ Et toi, demande la chouette, qu’est ce que tu fais ?
_ Oh, moi, répond Lucas, je marche depuis bientôt deux jours, et je me pose des questions.«