Si vous voulez une vraie critique de pro, lisez celle du journal "Le Monde" ici: https://www.lemonde.fr/livres/article/2020/10/02/
le-bal-des-porcs-d-arpad-soltesz-petit-pays-grande-corruption_6054558_3260.html En voici un extrait: "Soit un « Joli Petit Pays sous la Minuscule Chaîne de Hautes Montagnes » où, depuis trois décennies, les trafics – de femmes, d'armes, de drogues – prospèrent, où grenouillent les maîtres chanteurs, où les malversations économiques se multiplient : fraude carrousel à la TVA, sociétés-écrans domiciliées dans les paradis fiscaux, expropriations, pots-de-vin, fausses créances, agrobusiness, siphonnage et liquidations d'entreprises fraîchement privatisées… Au centre de la toile, un dangereux oligarque, bénéficiant de protections au plus haut sommet de l'Etat, ainsi que d'appuis dans la magistrature, tire les ficelles."
Pour ma part, tout en reconnaissant que ce livre est un document extraordinaire pour quiconque souhaite en savoir davantage sur la vie politique slovaque (voir la critique du Monde), en particulier toute la déliquescence morale et politique qui a mené a l'assassinat du journaliste Jan Kuciak en 2018, je constate qu'une grande partie du récit est malheureusement obscure pour le lecteur non familier avec la vie politique slovaque. Cette absence de clarté dans le récit est l'une des différences avec les grand romans du genre, comme par exemple ceux de
Don Winslow. L'autre différence est l'absence de personnages permettant au lecteur de s'attacher au roman car ceux de A. Soltész n'ont guere de dimension affective (meme les salauds ont pourtant, le plus souvent, des sentiments). Mais, encore une fois, bien plutot qu'un roman, ce récit est un grand reportage camouflé en roman. C'était déja vrai avec le premier livre de l'auteur, "
Il était une fois dans l'Est", qui était pourtant plus proche du roman que celui-ci, du-moins dans sa forme. Árpád Soltész, c'est un
Pierre Péan slovaque qui, pour des raisons de sécurité juridique et probablement aussi personnelle (surtout depuis le meurtre de son confrere Jan Kuciak), camoufle ses grands reportages en romans.