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Barbora Faure (Traducteur)
EAN : 9782382461037
464 pages
Agullo (14/03/2024)
3.2/5   5 notes
Résumé :
Dans la Slovaquie de 1990, le Service de renseignements et ses policiers corrompus règnent en maîtres. Seul le lieutenant Molnar semble vouloir nettoyer la ville du crime. Son partenaire, Miki Miko, a depuis longtemps compris le fonctionnement du milieu. Mais, quand Moly se fait tuer, il fait l'impossible pour se venger.
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Ce n'est pas si souvent que l'on nous propose des auteurs slovaques et ça se passe du côté d'Agullo Éditions : J'avais brièvement rencontré Arpád Soltész lors d'un mémorable Quai des Polars, sous des trombes d'eau soudaines, en compagnie de son collègue croate, Jurica Pavičić. Et tout le monde coincé sous les tentes des stands des librairies en attendant que les aléas météorologiques veuillent bien prendre fin. C'est avec ce souvenir-là et son roman le bal des porcs qu'il m'avait dédicacé, que j'entame la lecture de ce roman noir. La Slovaquie vient d'élire son nouveau président, Peter Pelligrini, pro-russe, conservateur, nationaliste, bref il a tout pour plaire : les Slovaques suivent cette mouvance qui se commence à se dessiner en Europe sur des votes à l'extrême droite. En lisant ce thriller qui plonge en plein coeur du fonctionnement de la société slovaque, je ne suis même plus étonnée qu'une majorité de la population votante ait choisi l'autoritarisme : Arpád Soltész nous a abreuvé d'un portrait d'une société au bout du rouleau, sans plus aucun sens ni structure, dominée par la loi du plus fort, qui est loin d'être le système judiciaire du pays et toutes ses institutions, la policière avant tout.

Arpád Soltész est journaliste d'investigation, il a notamment travaillé sur le crime organisé et son infiltration dans la société et politique slovaque, il sait ainsi de quoi il parle. Ce qui rend ce roman d'autant plus effrayant. D'autant que l'auteur a particulièrement soigné ses avertissements pré narratifs afin d'éluder toute forme de doute pour les éventuels mafieux/voyous de tout acabit qui se reconnaîtraient. J'ai eu envie de la joindre ci-dessous, car la dérision et le sarcasme envers d'éventuels bras armés y sont particulièrement goûteux, l'herbe est coupée sous le pied de façon assez monumentale et fracassante, j'en ris encore.

Nous voilà au milieu des années 1990, après la séparation d'avec sa soeur tchèque en 93, la Slovaquie est devenue une république indépendante aux mains des Oligarques, qui ici aussi en ont profité pour mettre la main sur les richesses du pays au passage de la privatisation, et autres mafieux en tout genre. C'est à Košice, ville historique de l'est du pays, que l'on retrouve le vieux briscard Miki Miko, désabusé, qui a pour partenaire un jeune lieutenant Molnàr, plein d'illusions et d'ambitions.

On ne fait pas dans la dentelle avec l'auteur slovaque, d'ailleurs les mafieux slovaques ne sont pas non plus des champions de la modération et du respect des lois : la violence y est diffuse, incrustée dans chaque recoin du roman, à chaque ligne du récit et d'héroïne, infusée dans chaque verre d'alcool, de gramme de vodka, de tasse de café bus, ingurgités par les têtes pensantes, les bras agissants d'un côté comme de l'autre de la loi. Les deux pages de prologue s'apparentent à un apéritif plutôt costaud, on nous y dévoile du destin de l'un des deux policiers : on encaisse, comme un coup dans le plexus, il nous faut habituellement plusieurs chapitres pour en arriver à la mort d'un des protagonistes. Ici, c'est façon mafia, tout de suite et maintenant, pas de retour en arrière, pas d'oubli, ni de pardon. Trois chapitres se partagent le roman : d'abord Moly, surnom du lieutenant Molnàr, puis Miki, Schlezi, de Schlesinger, le journaliste complice de Miki. La rime des diminutifs des trois individus, deux policiers, un journaliste, amplifie leur similarité, la façon dont les groupes mafieux ont directement influencé sur leur vie d'une manière ou d'une autre mettant fin à l'existence de l'un, l'histoire d'amour de l'autre ou encore à la carrière de l'autre.

C'est dur, c'est violent, ce n'est pas le meilleur côté de la Slovaquie qu'Arpád Soltész nous dévoile là, parfois un peu confus, les morts, les armes, la drogue, l'argent et l'alcool finissent par nous monter à la tête, un mélange qui brouille le cerveau, et la vue, brise les rêves : il faut avoir les reins sacrément solides pour s'être sorti indemne de ce milieu comme Arpád Soltész a pu le faire, en tout cas, il en est resté marqué. le cumul provoque, volontairement, une ivresse chez le lecteur, bouffi de cette même violence qu'il lit et absorbe, à sa façon, dont est saturé son esprit, comme les innombrables verres d'alcool, les lignes de poudre blanche, les autres drogues en tout genre. Tout est en excès dans le monde qu'Arpád Soltész nous décrit, les frontières entre mafieux et policiers sont totalement abolies, les derniers se mettant au service des premiers pour garder un semblant d'autorité. Tous les repères sautent dans le monde qui semble imprégner l'auteur slovaque jusqu'aux moindres pores de la peau, les policiers apparaissent une prolongation du pouvoir mafieux, sauf quelques fortes têtes qui ont le cuir dur, qui s'acharnent, quitte à sacrifier leur vie personnelle, en utilisant les mêmes méthodes que ces mafieux. Sans parler des hommes politiques, jusqu'au plus haut de l'état, qui trempent dans tous les bons et mauvais coups, ça n'étonnera personne, tant qu'il s'agit de maintenir leur standing.

Pas étonnant alors de ressortir de ce récit très sonnée, comme je l'ai été : la Košice que j'ai visitée il y a deux ans, la chaîne de montagne des Tatras par lesquelles j'ai eu l'occasion de passer, ne sont ici que les territoires chasses gardées de chacun des clans mafieux, ils n'y abritent ici que règlements de comptes et trafics en tout genre, l'écart est rude. Évidemment, ma vision est celle d'une touriste de passage, celle de l'auteur de quelqu'un qui a remué les bas-fonds du milieu slovaque jusqu'à l'écoeurement complet. La corruption est répandue au point qu'elle n'étonne plus personne, mais il faut Arpád Soltész pour comprendre à quel point toutes les juridictions étatiques sont gangrenées jusqu'à la moelle, ici en Slovaquie. Mais comme ailleurs, à n'en point douter.

Le langage est aussi fleuri que les caractères des protagonistes sont tout sauf coulants et dociles des individus qui l'utilisent : Une jungle de voyous ou les "vieux yougos" laissent désormais place à "la racaille qui parade en jogging de marque", des flics ripoux, les Albanais dealer de poudre et maquereaux patentés, les Kosovars, les membres du service secret slovaque. Un Micmac, une bouillabaisse d'individus plus ou moins mafieux dont il faut être un journaliste slovaque, pour pouvoir en démêler les tenants et le rôle dans cette toile d'araignée confuse, où tout est plutôt noir que gris ou blanc. Pas de héros positifs, pas même Miki ou Schlezie, qui finissent par être contraints d'utiliser les mêmes méthodes que ceux qu'ils combattent afin de garder la vie sauve.

Merci Agullo Editions et Babelio pour cette Masse Critique !
Lien : https://tempsdelectureblog.w..
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Dans Colère, Arpád Soltész raconte la Slovaquie indépendante, d'après 1993, avec le prisme de la criminalité dans la deuxième ville du pays, Košice, située à l'est de son territoire, non loin des frontières de la Hongrie et de l'Ukraine. L'auteur, qui est un journaliste d'investigation, sait de quoi il parle mais ce n'est évidemment qu'une facette de la Slovaquie, comparable à des situations vécues au même moment dans la plupart des nations d'Europe de l'Est, qui reste un pays fascinant et accueillant pour ses visiteurs, que cela soit soit précisé pour les lecteurs impressionnés par la corruption et la violence contenues dans un livre qui ne fait pas de quartiers. Colère est un long fleuve intranquille, où le sang coule et les trahisons abondent, et il faudrait parfois un GPS pour se situer dans un environnement où grenouillent politiciens véreux, recyclés après le communisme, services de renseignement, flics et mafieux de tous bords. Dans ce marigot, deux personnages émergent : un journaliste incorruptible et un policier qui combat le crime organisé par des méthodes pas toujours très orthodoxes. le livre est une saga qui s'étend sur plusieurs années, avec moult rebondissements et scènes bien gratinées, le tout noyé dans un déluge d'alcool et d'humour noir. Oui, on perd parfois le fil mais cela n'a guère d'importance, par rapport à une action trépidante, des personnages bien dessinés et truculents et une écriture qui va droit au but.
Lien : https://cinephile-m-etait-co..
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Slovaquie milieu des années 90.

Après la chute du régime communiste et la séparation d'avec la République tchèque le pays reste partagé entre politiques et services de renseignement  corrompus et mafias de tous bords. 

Dans la petite ville de Košice, ville historique de l'est du pays, Miki Miko, flic intègre et désabusé, récupère comme partenaire le jeune lieutenant Molnàr, plein d'illusions et honnête jusqu'au bout des ongles.

Entre enquête sur la femme au Rohipnol et trafics qui se multiplient, Molnàr mettra les pieds là où il n'aurait pas dû, et se retrouvera décédé dans un accident de voiture. 

Le fait que ses blessures ne correspondent pas un choc automobile, malgré le rapport d'autopsie, sera le déclencheur pour que Miki Miko se lance dans une opération de nettoyage étalée sur plusieurs années. 

Un roman qui montre bien que la vengeance est un plat qui se mange froid, mais qui ne donne pas du tout envie d'aller se promener en Slovaquie ! 

Un roman foisonnant, aux multiples personnages, que je verrais bien converti en série ... 

Je remercie vivement Babelio et les Editions Agullo qui m'ont offert cet ouvrage dans le cadre de l'opération Masse critique de février. 
Lien : http://les-lectures-de-bill-..
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Dans la Slovaquie de 1990, le Service de renseignements et ses policiers sont corrompus. le lieutenant Molnar semble être un des seuls à vouloir nettoyer la ville du crime. Son partenaire, Miki Miko, a depuis longtemps compris le fonctionnement du milieu mais, quand Moly se fait tuer, il ne pense qu'à se venger.
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Le style est alambiqué et les constructions de phrases sont particulières. L'auteur change fréquemment la façon de nommer les personnages qui sont nombreux, il y a trop d'informations.
Le tout ne facilite pas la compréhension et l'immersion dans l'histoire.
Le résumé était prometteur mais je suis passée à côté.
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critiques presse (1)
Liberation
28 mars 2024
Colère est un grand roman noir d’une âpreté étonnante, écrit sans fioriture à un rythme effréné, voire chaotique.
Lire la critique sur le site : Liberation
Citations et extraits (3) Ajouter une citation
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EST CE BIEN DIFFERENT AU FLORE OU LA CLOSERIE DES LILAS ?

" Le Slovan est un territoire neutre. Le meilleur établissement de la ville. Tout le monde le fréquente – mafieux, agents du SIS, juges, journalistes, policiers, hommes d’affaires, politiciens, avocats et escrocs financiers.

Ils peuvent s’ignorer entre eux, ou se saluer d’un discret signe de tête. Partager un café. Régler d’anciennes querelles ou en commencer de nouvelles. Se livrer à une arnaque ou en inventer une. "


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Le père de Ŝani évitait absolument toute violence. Il faisait de la contrebande, de la conversion illégale de monnaie, il volait, arnaquait, traficotait et, au temps de sa jeunesse, avait su habilement manier le coupe-chou, mais lorsque Miki avait fait sa connaissance, il faisait exclusivement appel au godi dans sa lutte contre loi et la concurrence. Berner un gadjo était pour lui une question d'honneur et ne pas flouer un policier aurait représenté un échec total, mais il n'avait jamais levé la main sur personne. Il était mort relativement jeune, à même pas soixante ans. Cancer de l'œsophage. Son fils aîné, Ŝaňo, était mal dégrossi et agressif. Il n'arrivait pas à admettre que le boss local soit Bandis Farkaš, un lourdaud imbécile, alors que lui-même, l'aristocratie tzigane, le chef de la plus riche famille de Roms friqués, traficotait aux puces avec de la camelote turque.

- Ca va être la guerre, dit Vuk en hochant la tête. Les šiptars sont des bêtes. Ils vont tuer tous les Tziganes. Les femmes , les enfants, il s'en foutent. Pour que plus personne ne se le permette plus.

Miki ne se faisait pas d'illusions sur ce que Vuksan Katič ferait avec les Albanais du Kosovo - qu'il appelait du terme méprisant de šiptar - s'il pouvait se le permettre. Lui-même avait beau ne pas savoir distinguer un Serbe d'un Croate, il savait pertinemment que s'ils se croisaient aujourd'hui dans une ruelle sombre de Kosice, un seul en sortirait à l'autre bout. Pour Miki, ça restait toujours des Yougos qui s'entretuaient massivement à quelques heures de voiture et il ne lui semblait pas qu'il y ait dans cette guerre de héros positifs.
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- Tu imagines qu'ils me confient ces choses ? Le Gris est venu me voir, il m'a dit que Bandi avait carrément disjoncté et qu'il fallait le descendre. Après tout le bordel qu'on a eu avec le fils du président et ce policier qu'on a fait sauter, les nôtres n'ont plus les couilles pour faire les choses directement. Alors ils m'ont chargé de trouver une solution, parce que Farkas fait partie de mes opérations depuis le début. Si ça ne marche pas, je serai le premier à sauter. Alors qu'ils s'en sont tous servis à leur convenance, moi je ne faisais que la pute et la nourrice et je réglais les problèmes que ce fou a causés.
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