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Critique de nilebeh



L'idée de départ était drôle : un mail rageur, aigre, longuissime, écrit par un mari lassé de sa femme avec laquelle il cohabite depuis vingt ans, mail de rupture, méchant, méprisant, toxique, qu'il hésite à envoyer alors que la destinataire est en voyage à Berlin avec ses élèves. Non, finalement, il ne va pas faire exploser sa petite vie de famille bien tranquille en Normandie, non, il ne va pas. Mais un pouce qui glisse, un centième de seconde et hop ! le mail est envoyé ! Panique !
Voilà qui aurait pu donner lieu à un récit à la Feydeau, avec effets insoupçonnés, mascarades et jeux en tous genres.

Car en fait, Barbara n'a aucune chance de recevoir ce mail : son téléphone a disparu ! Et comme elle a laissé son ordinateur à Yvetot, son indélicat mari va y effacer ce mail calamiteux.

Point de départ d'une saga familiale, cet acte manqué s'inscrit dans un contexte familial en pleine déliquescence. Eugène, le mari désabusé est en fait un coureur de jupons invétéré, cynique et inconstant à souhait. La sportive Barbara, belle quadragénaire qui entretient la fermeté de ses abdos-fessiers, se découvre un soupirant transi vaguement ridicule, et succombe au charme entreprenant d'un ado (élève de surcroît!) que l'auteur évoque sous l'appellation un brin dérangeante d' « Arabe » ou d' « Algérien », en fait prénommé Fayed, Lady di n'est pas loin !

Leur fille Alice la bonne élève, est dominée par l'étrange syndrome de la kleptomanie par procuration (elle glisse des cosmétiques et autres parfums dans le sac de clientes qui déclenchent l'alarme au portique et en tire une vraie jubilation), leur fils de treize ans commence à mal tourner entre joints et mythomanie.

Bref, ce petit monde bien au chaud dans son confort, belle maison, bonnes vacances, est en train d'exploser. Des amantes plus ou moins de passage viennent égayer la vie d'Eugène, la gentille infirmière nigaude, Francine, la plus rouée Wendy, propriétaire d'une boutique de mode,.

Cela aurait pu être drôle, léger, déconcertant, vivant. En fait c'est surtout cynique, sans aucune gentillesse ni tendresse, les sentiments sont soit décrits comme nunuches, soit totalement égoïstes.
L'auteur mêle de surprenants imparfaits du subjonctif (si imparfaits qu'il en loupe certains accents circonflexes plus « t » final) à la langue verte ; il glisse des références à Rimbaud, Prévert, Flaubert parmi des descriptions de scènes de sexe sans invention et juste crues, s'applique à restituer le parler « djeunn's » (mais là, je me déclare incompétente, il faudrait que le donne à lire à mon petit-fils), l'argot, les trouvailles à la San-Antonio voire le phrasé de Michel Audiard façon Tontons flingueurs, mais en moins bien, nettement !

Au final, des quadras qui n'ont pas réussi à m'intéresser, des ados en pertes de repères qui ne sonnent pas très juste, un style trop fourre-tout pour me séduire. C'est seulement la frénésie de l'équipe médico-sociale du collège pour sauver l'élève Julien qui m'a fait rire, mais c'est juste parce que cela me rappelle des souvenirs !

Lors d'une rencontre avec Soluto, il a été dit que ce livre pourrait servir de trame à une série télévisée. Je pense que je pourrais l'éviter sans regrets !
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