Citations sur Les filles confettis (39)
On associe cela généralement à… une certaine faiblesse intellectuelle, un manque de classe et un mode de vie…rustique.
— Et nous on est des péquenauds ?
Et là, maman se vexe de ouf.
À l’époque, maman est encore normale. Enfin à peu près. Je n’irais pas jusqu’à affirmer qu’elle pète la forme tel un feu d’artifice au Nouvel An, mais elle n’ingurgite pas autant de Xanax qu’aujourd’hui.
Tout ça, c’est à cause de Guillaume.
Du coup, je vais quand même en parler de Guillaume. Histoire de situer le tableau.
J’ai un peu été jalouse en les regardant s’engouffrer dans un taxi. Riches, beaux, souriants et complices, Elizabeth et James incarnent le couple parfait. Mais ce n’est qu’une façade, me rassuré-je. James me jure qu’il ne touche plus son épouse et sans leur fille, ils auraient déjà divorcé.
Quand j’évoque mon problème à James, il me rétorque que Madeleine déborde d’énergie et que cela n’a rien de personnel. Mais il ne fait rien pour enrayer la situation. Pour lui, tout est normal dans le comportement de sa fille. Au plus possède-t-elle son petit caractère.
M’ouais.
James aime bien ce genre d’euphémisme débile.
Tiens, entropie.
Je me souviens de la définition du dico.
Nom féminin. Du grec entropê, action de se transformer.
Désigne en physique le processus de la dégradation de l’énergie.
Augmentation du désordre ; affaiblissement de l’ordre.
Synonymes : Agitation, désorganisation, chaos.
Stop. Je ne suis pas d’humeur à encaisser ses litres de fiel à propos de l’ingratitude de papa.
Je menace maman de raccrocher et de plus donner de nouvelles si elle ne se tait pas tout de suite. Terrifiée à l’idée que je ne m’exécute pour de bon, le clapet de maman se referme aussitôt, produisant un drôle de couac.
Pour paraître jolie, elle plâtre son visage dans trois tonnes de maquillage et comprime sa silhouette dans des tenues moulantes.
Sally n’est pas jolie, mais bon.
Le garçon qui a été beau et populaire un jour et qui maintenant ne l’est plus. Il a dû tout avoir trop tôt, Kirk. Du coup, son heure de gloire s’est fanée et la roue du destin ne semble pas encline à rétropédaler. Il est bloqué dans le passé, fiché dans un espace-temps immuable, Kirk.
Le reste du monde a continué de tourner sans lui.
Il n’a pas peur d’utiliser les grands mots. Ceux qui méritent des majuscules. Qu’on entend dans les chansons et rencontre dans les livres. Ceux qu’on susurre à Audrey.
Une fois dans la bibliothèque, lorsqu’un baiser a duré plus longtemps que prévu et l’autre fois dans un hôtel que James a réservé un après-midi, s’occupant de régler la chambre en petites coupures. Elizabeth m’a envoyée au Mark&Spencer sur Oxford Street pour vérifier s’ils vendent le plat micro-ondes qui lui fait tellement envie sur la brochure, introuvable dans les supermarchés du coin.
Au même moment, je croise le regard de James, installé en bout de table, en plein dans ma diagonale.
Un frisson remonte dans mon dos et se diffuse dans ma moelle épinière.
Il m’adresse un sourire taquin et tourne la tête en direction de son voisin, Brett Millianson, le patriarche ; visage buriné piqué de yeux outremer et d’un collier de barbe d’une blancheur de banquise.