AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de mh17


Le Pauvre coeur des hommes (Kokoro) est un roman de Natsume Sôseki (1867-1916) écrit en 1914, deux ans après la fin de l'ère Meiji. Avec la mort de l'empereur et le suicide rituel anachronique du général Nogi s'achève la période de transition du Japon.

Ce roman est bouleversant. Les personnages sont des gens ordinaires, des anonymes, sans talent, ni ambition particuliers. Les uns sont encore soumis aux devoirs, aux traditions et au regard de la communauté. Les autres exercent leur liberté individuelle avec égoïsme, éprouvent des remords, souffrent de solitude. Tous essaient de se parler mais n'y arrivent pas. le roman décrit avec finesse cette misère existentielle tragique et touche par la grande compassion qui l'accompagne.

Le livre est composé de trois parties. Les chapitres y sont sont très courts car le roman fut d'abord diffusé en feuilleton. le lecteur est amené à découvrir puis à tenter de résoudre des énigmes au fur et à mesure de son avancée dans la lecture. le style est sobre et précis.

« Le Maître et moi » s'ouvre sur une plage de la station balnéaire de Kamakura. le narrateur est un jeune provincial en vacances qui s'apprête à poursuivre des études à Tokyo. Il remarque un homme d'âge mûr qui ne se mêle pas à la foule qu'il semble dominer. Aussi il a décidé tout naturellement de l'appeler « Maître ». Il réussit à se présenter et ils partagent bientôt baignades, promenades et conversations. A Tokyo, le jeune homme devient peu à peu un familier du Maître. Celui-ci est un intellectuel oisif qui mène une vie ascétique entouré d'une forteresse de livres. Il ne se préoccupe pas du monde extérieur et ne semble pas connaître de problèmes matériels. Il se méfie de l'argent. Il se méfie de l'amour. Il se méfie des hommes. Prudemment, au gré de promenades, le narrateur l'interroge sur son passé, sur les raisons qui le poussent à se rendre périodiquement au cimetière. Il semble avoir été trahi par un proche. Il semble également rongé par la culpabilité. le narrateur interroge également son épouse Shizu qui lui paraît résignée. le Maître demeure insaisissable. Pourquoi est-il aussi mélancolique ? Quelle est la nature de son traumatisme ? Pourquoi le jeune homme est-il à ce point fasciné par cet homme qui pourrait-être son père ?

Dans « Mes parents et moi », le narrateur revient dans son pays natal à la campagne à la fin de l'année universitaire. Son père est très malade ce qui l'oblige à demeurer près d'eux plus longtemps. Son frère aîné vit loin et sa soeur enceinte ne peuvent se rendre au chevet du père et soutenir la mère. Les parents sont des gens modestes, soucieux des apparences. Sa mère insiste pour que son fils trouve un emploi après l'obtention de son diplôme. S'il ne fait rien que vont dire les autres ? Ils se méfient du Maître qui vit sans rien faire mais peut-être pourrait-il l'aider à obtenir cet emploi ? le narrateur est attaché à ses parents, connaît ses devoirs de fils cadet. Il écrit une lettre au Maître. On apprend la mort de L'empereur et le suicide du général Nogi. le narrateur reçoit une longue lettre...

« Le maître et le testament » est comme un roman dans le roman. le Maître expose dans la longue lettre les événements tragiques qui l'ont conduit à sa profonde solitude intérieure. le personnage du narrateur étudiant disparaît et un autre apparaît : K. Ils étaient alors étudiants et logeaient dans une pension tenue par une mère et sa fille. le futur Maître est alors fasciné par K mais également rongé par la jalousie…



Ce roman considéré comme le plus représentatif de l'ère Meiji est sans doute le plus universel de tous les romans de Natsume Sôseki. Un classique qui vous transperce le coeur.
Commenter  J’apprécie          486



Ont apprécié cette critique (47)voir plus




{* *}