Débâcle

Elle ne reste pas longtemps au téléphone, mais se tient droite et sourit pendant toute la conversation - c'est la fille qu'aucune mère ne regretterait d'avoir eue. Dès qu'elle a raccroché, ses épaules se rabaissent, sa main sort de la poche, elle redevient la maman aux regrets.

(...) grandir, c’est se remettre de l’idée qu’on peut devenir qui on veut, choisir n’importe quel métier…

Les essuie-glaces remuent parfois comme des bras, parfois comme des jambes. J’ignore complétement à quoi ça tient : au type de voiture, à la fréquence des battements ou à l’humeur que j’ai quand je m’installe au volant.

Pour simplifier, on pourrait dire qu’au village, on a connu deux périodes dans notre enfance : avant et après Windows 95. Dans toutes les familles à part nous, ce fistinguo date de l’année 95 même et s’est manifesté par un engouement soudain pour les termes anglais.
Games. Score. Levels. Winner.

En général, maman avait l'air de quelqu'un qui aurait passer un certain temps coincé au fonds d'un trou, mais, ce soir-là, elle semblait sortir du bon emballage. Maquillée, coiffée. Elle portait ses lunettes à verres carrés. Le claquement de ses talons sur les dalles de la cuisine donnait à chacun de ses pas le caractère d'un acte délibéré.

Avant, toute l'activité de la ferme tournait autour de cette laiterie [...]. La collecte avait lieu tous les deux ou trois jours. [...] Une fois chargés, les camions-citernes repartaient à l'usine Inza où le produit était pasteurisé, puis mis en bouteille avant de revenir, par le circuit des grossistes, sur les rayonnages de l'Epicerie à Bovenmeer.

Les gens qui veulent partir n'importe où ne cherchent pas forcément à se trouver ailleurs, ils veulent juste ne pas rester là où ils sont.

Plus quelqu’un a besoin de temps pour réfléchir, moins on peut en attendre de la sincérité.

J'ai lu il n'y a pas si longtemps qu'un fumeur pourrait se payer des vacances chaque année rien qu'avec l'argent dépensé en cigarettes. Personne ne cherche à savoir s'il y a aussi des gens qui fument pour ne pas avoir à partir en voyage avec leur famille.

Les particularités physiques de Laurens se remarquent surtout de loin : dos large, grand nez, allure bovine. Il se déplace avec balourdise et nonchalance, comme un enfant de mauvaise volonté qui bâcle son ouvrage en espérant que sa mère finira le travail à sa place.
‘Salut les gars !’ Il porte des chaussettes avec le jour de la semaine brodé sur le côté. A droite, on est encore lundi, à gauche, déjà vendredi.