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Critique de Ogrimoire


L'idée de prendre l'histoire aussi tôt, bien avant que l'on en soit à penser même à Arthur, quelle bonne idée ! Probablement va-t-on voir se mettre en place quelques pièces du puzzle qui, jusque-là, nous auraient échappées…

Vous l'aurez compris, ce livre a tout pour me plaire. Mais peut-être en attendais-je trop. Résultat des courses : un passage à travers monumental. Je n'ai pas réussi à me représenter les passages guerriers, les moments de féérie me sont restés inaccessibles – si je prends uniquement la citation que j'ai choisie pour ouvrir cette chronique, l'écriture est indéniablement « ciselée », comme annoncé en 4e de couverture, mais ne me renvoie à aucune image -. Bref, j'ai eu l'impression d'être totalement imperméable à la poésie.

Même lorsqu'Uter batifole avec une jeune fille dans un lac, je n'ai pas perçu les éclaboussures. Mab et Aubéron m'ont parus froids et distants, alors que je les attendais vifs, alertes, exubérants.

Cela faisait longtemps que je n'avais pas eu l'impression de passer à ce point à côté d'un livre. Comme si j'avais été dans un univers voisin, mais d'où ma perception des couleurs, des ambiances, des images était légèrement brouillée, faussée.

La seule partie du livre qui m'ait réellement parlé, c'est celle autour du personnage de Vortigern et la réflexion sur le pouvoir qui l'accompagne. Comment le pouvoir isole, comment il se nourrit de symbolisme tout en s'appauvrissant du même coup. Comment il exacerbe les faiblesses. Comment il pèse, fardeau lourd à porter.

Pandragon et Uter, pour leur part, j'ai eu l'impression de les survoler. Déjà, j'ai trouvé déstabilisant qu'ils soient deux, ainsi que la graphie de leurs noms, ayant toujours croisé un unique Uther Pendragon, fils de Constantin et frère d'Aurélianus. Soit. Mais Pandragon, le meneur d'hommes, m'a semblé en réalité assez indécis, prenant les grandes décisions davantage sur des coups de tête que sur une vision stratégique. Et Uter, le guerrier, bon…

Et puis – et, peut être surtout ! -, Merlin. Merlin est un personnage d'une complexité rare et potentiellement fracassante. Un enchanteur, fils de démon, on comprend bien, sans avoir besoin de sous-texte ou de para-texte, que l'on est loin d'un long fleuve tranquille. Mais la seule scène où ils sont tous les deux, finalement, ressemble plutôt à ce moment où le chat s'amuse avec une souris, dont on sent bien qu'il pourrait l'écraser, ou pire, d'un geste négligent de la patte. Et, quand ils se retrouvent, en présence de Mab et Aubéron, la seule préoccupation de Merlin semble être de ne pas être assimilé à son père. Mais aucun débat intérieur, aucune lutte réelle… Je reste vraiment sur ma faim, alors que j'attendais un choix tranché, dans un sens ou dans l'autre. L'auteur aurait pu choisir d'accentuer la noirceur, semer le doute, montrer la dualité, voire l'ambivalence du personnage ; ou, à l'inverse, mettre en scène le déchirement, la droiture permettant de surmonter le destin, de s'extraire du bourbier de la manipulation. Mais rien. En tout cas, rien que j'ai ressenti.

Si je dois recommander un livre pour plonger dans les légendes arthuriennes, j'en resterai donc à mes choix précédents : Mary Stewart – qui a marqué ma propre entrée dans ce monde, avec ce qui s'appelait alors le roi de lumière, paru aux Presses de la Cité, et qui est en fait probablement le deuxième tome du cycle de Merlin, republié en 2006 par Calmann-Lévy sous le nom Les collines aux mille grottes -, ou Guy Gavriel Kay, avec La tapisserie de Fionavar – que je n'ai toujours pas chroniqué ici, parce que je voudrais le relire avant et que, comme toujours avec G. G. Kay, c'est un pavé… -…

Lien : https://ogrimoire.com/2022/0..
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