Pour ressentir de la sympathie, il faut reconnaître sa propre humanité chez l'autre.
Dans un seul cercueil, on met les os de plusieurs personnes.
Après, on essaye de faire pour le mieux, de mettre du côté des morts toutes les chances d'être enterré dignement et de se reposer, enfin tranquille.
On invite un curé, un pasteur, un imam, un ministre, un hôte étranger, tout ce qu'on peut...
On dit des prières, on fait des discours...
Mais dans le fond, on n'est pas tout à fait sûr de tout bien faire comme il faudrait.
C'est que, pour un enterrement normal, on sait ce qu'il y a à faire.
Mais pour un génocide...
Les crimes commis pendant le génocide, la débauche de détails monstrueux, leur irréalité, leur inconcevabilité ; le nombre des victimes qui dissout les individus dans une masse impersonnelle.
Tout çà fait qu'en fin de compte, rien ne nous dit plus rien.
En effet, que........
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Que peut bien nous dire encore : un million de morts, ou 500.000,ou 800.000 , ou entre 500.000 et 800.000, ou même 1.074.017 (Bilan officiel annoncé en 2002 par le gouvernement rwandais.)
Tout ça ne peut rien nous dire. Nous ne pouvons y reconnaître notre humanité.
Nous ne pouvons pas comprendre.
S'il faut tirer une leçon du Rwanda, c'est que les hommes sont tous coupables et qu'ils sont tous innocents.
Choisir son cabaret à Bujumbura est presqu'aussi compliqué que de s'y retrouver dans la politique burundaise (on dirait plus justement : la politique bujulaise).