Il s’agit, avant tout et évidemment, d’un intérêt d’être humain : comme l’ont depuis longtemps noté les philosophes, tous les humains sont concernés par le bonheur, tous les humains aspirent à être heureux, aussi heureux que possible
Etre heureux, ce n'est pas toujours joyeux, ni de l'être jamais : c'est pouvoir l'être sans qu'on est besoin pour cela que rien de décisif n'advienne ou ne change. C'est dire l'importance de cette petite certitude, hébergée tout au fon de notre être : je peux être heureux aujourd'hui, demain; je le peux car je l'ai été tant de fois que je m'en souviens, et que je sais la chose possible...
Qui nous fera voir le bonheur ?
Voila: le rocher de notre bonheur redescendra sans cesse, toute notre vie durant, vers la vallée sombre ou le soleil n'arrive jamais. Nous aurons simplement à recommencer, inlassablement, à le rouler vers la lumière. Et à ne pas oublier d'être heureux...
Nous ne sommes plus seulement dans une société de consommation, qui cherche à répondre sans délai au moindre de nos désirs, mais dans une société d'hyperconsommation, qui cherche à créer sans cesse en nous de nouveaux désirs que nous n'avons pas, ou pas si violents, pas si urgents.
Voila un argument de plus pour prendre le temps de réfléchir à son bonheur et à ce qui le construit : si nous ne le faisons pas nous même, d'autres seront trop heureux de s'en charger pour nous. Et de nous égarer...
Tout plaisir peut être un bien. Mais tout plaisir ne peut pas être un bonheur.
Oui, il est des plaisirs tristes, comme il est de joyeuses peines. Aimer est l'une d'elles. Joie douloureuse d'aimer, en effet, puisqu'aimer c'est faire, en soi, une place pour un autre que soi.
Chacun de nous sait que ce n'est pas la satisfaction de nos désirs, matériels ou même psychologiques, qui va nous rendre durablement plus heureux. De manière transitoire, la satifaction du désir nous rend plus heureux, ou moins malheureux: je savoure, je prend conscience, je me sens mieux.
Pour moi, le plus grand supplice serait d'être seul en paradis.
Notre bonheur, c'est le silence du malheur.