AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de 974JerLab34


Le hasard a voulu que, il y a quelques semaines, je ne fasse qu'une bouchée de « Blackport » une série diffusée sur Arte. Je vous recommande chaudement « Blackport » malgré le paradoxe de cet adverbe quand il s'agit d'évoquer le « pays des glaces ».
Son thème ? Dans les années 1980, la mise en place de quotas de pêche bouleverse une petite ville, l'occasion de dresser un tableau politique, sociologique mais aussi artistique de ce territoire volcanique par le biais de personnages aussi foldingues qu'attachants. Excellente et fortuite introduction à ce « D'ailleurs, les poissons n'ont pas de pieds ».
Est-ce que totaliser deux fois plus de citations que d'avis critiques sur Babelio est de bon augure ? Pour ce livre, en tout cas, la question ne se pose pas…
« D'ailleurs, les poissons n'ont pas de pieds » est un livre envoûtant… inclassable… Tout semble désordonné, les incises nombreuses, les chronologies entrecroisées, les descriptions poétiques laissent place à des scènes burlesques (la fouille du douanier, le destin de Tonni le tonner-burger ou le trépas de Skuli Million) ou encore des passages poignants (le témoignage de Sigrun)… Or, de ce chaos naît une oeuvre d'une rare intensité qui est davantage qu'une saga familiale, davantage qu'une réflexion sur l'histoire de l'Islande, ce trait d'union entre les Etats-Unis et l'Europe, à moins qu'il ne s'agisse de points de suspension. Les vies décrites ici n'ont rien d'héroïques, à considérer du moins que l'héroïsme et la notoriété soient indissociables. Pas de gens connus, pas de gens qui nous ressemblent et pourtant les échos de préoccupations communes : lorsque le singulier conduit ainsi à l'universalité il n'est pas galvaudé de qualifier ce bouquin de pépite. Pas un caillou éblouissant, un morceau de roche noir tout chargé d'énergie tellurique. Comme si la géologie particulière de ce coin de planète isolé irradiait l'écriture de Stefánsson. Pourtant, « D'ailleurs, les poissons n'ont pas de pieds » ne tombe pas dans le piège facile du déterminisme géographique. Si la nature islandaise est présente, omniprésente, l'essentiel dans ces pages est bien le genre humain. Certes, cette oeuvre est exigeante, âpre et nécessite parfois des retours en arrière. Certains chapitres sont brumeux et il faut quelques pages pour que la lumière se fasse. Néanmoins, l'immersion dans cet environnement déconcertant entraîne l'envie de prendre un billet pour Reykjavik. Découvrir les fjords bien sûr et les volcans qui valent 97 points au Scrabble mais aussi, et surtout, rencontrer in situ les habitants de cette autre île singulière… Björk, Guðbergur Bergsson, Auður Ava Ólafsdóttir et désormais Jón Kalman Stefánsson, il va vraiment falloir que j'envisage sérieusement ce voyage sur les traces de Floki ! Comme dirait Gaël Faye « On s'envole quand ? »
Commenter  J’apprécie          194



Ont apprécié cette critique (18)voir plus




{* *}