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Critique de Andromeda06


"La tristesse des anges" fait suite à "Entre ciel et terre". Nous retrouvons le Gamin là où nous l'avions laissé, auprès de Geirþrúður, de Helga et du capitaine Kolbeinn. Voilà trois semaines qu'il est hébergé à l'auberge contre quelques menus services. Alors que le printemps se fait attendre, Jens le Postier arrive enfin, en plein milieu d'une tempête de neige. À peine remis de son périple (et à peine réchauffé), il doit repartir vers le Nord. Parce qu'il est un habitué de la mer, le Gamin est désigné pour l'accompagner. C'est une longue épopée qui les attend, dans laquelle ils devront faire face au vent violent, à la neige ténébreuse, au froid, à la fatigue, à la faim, à la soif...

C'est un véritable plaisir que d'avoir retrouvé la jolie plume de Jón Kalman Stefánsson : une plume tout en poésie, envoûtante, quelque peu lancinante, un peu hors du temps. Elle nous entraîne dans de grands espaces enneigés, nous isole, nous coupe du monde, au même titre que les protagonistes. Nous voyons du blanc partout, nous controns les vents violents, nous avons extrêmement froid, faim, soif. Nous luttons contre cet environnement hostile, non plus pour mener à bien notre mission, mais tout simplement pour rester en vie. Tout est extrêmement bien dépeint : la tempête incessante, les montagnes, le ressac de la Mer Glaciale que l'on entend au loin, les silences entre les flocons de neige, le blanc qui englobe tout à perte de vue. C'est à la fois beau et terrifiant, d'autant qu'on s'y croit réellement.

Le duo que forment le Gamin et Jens est lui aussi adroitement brossé. C'est d'abord timidement que nous assistons à la relation qui s'installe entre eux. Tout les oppose : leur âge, leur condition physique, leur personnalité. Pendant que le Gamin se demande encore s'il a le droit de vivre alors que tous ceux qu'il aime sont morts, pendant qu'il se pose beaucoup de questions et qu'il en pose beaucoup autour de lui, Jens quant à lui a besoin du silence pour avancer, réfléchir, marcher, vivre. Tous deux devront s'habituer à l'autre, au silence de l'un, au besoin de parler de l'autre. Leurs relations seront ponctuées tour à tour de colère, de mutisme autant que de confidence, de soutien autant que de renoncement. Mais le lien se crée, tout doucement, et s'il est fragile au début, on le voit se fortifier au fil de leur avancée. Cette relation complexe nous permet de les apprivoiser, de nous attacher à l'un comme à l'autre.

Mais je n'ai pu apprécier tout ça dans son entièreté. Comme avec "Entre ciel et terre", bien qu'en pire ici, mon plus gros problème se situe au niveau de la mise en forme, et plus précisément de l'absence de typographie dans les dialogues. Ils sont ici mélangés au reste de la narration, et sont bien plus nombreux que dans le tome précédent. Il arrive quelquefois qu'ils soient annoncés comme dans une pièce de théâtre (avec le nom du personnage indiqué avant la réplique), notamment lors de longues conversations impliquant plusieurs protagonistes, mais c'est assez rare. le plus souvent, les personnages se donnent la réplique dans un même paragraphe, on passe sans cesse d'une phrase à l'autre en changeant à chaque fois de personnages, et ce n'est pas toujours évident. Parfois même, on a deux personnages qui se répondent dans une seule même phrase... C'est brouillon, totalement désordonné, et c'est aussi très fatiguant. Je ne comprendrais jamais en quoi c'est si compliqué d'utiliser des guillemets et des tirets...

Un très beau roman tout de même, grâce à sa belle et périlleuse intrigue, grâce à la magnifique plume de l'auteur (et de son traducteur), et dans lequel la (non)fin ne peut que me motiver à ouvrir rapidement "Le coeur de l'homme", dernier tome de la trilogie.
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