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Citations sur L'Hiver de notre mécontentement (58)

— Ce n'est vraiment qu'un petit garçon. Il a besoin de se reposer.
— Il a besoin de plusieurs choses, mais le repos n'en fait pas partie.
— Tout le monde sait que les enfants ont besoin de repos.
Les choses que tout le monde sait ont toutes les chances d'être fausses. As-tu jamais connu un enfant qui soit mort de surmenage ? Non… seulement les adultes. Les enfants sont trop malins pour ça. Ils se reposent quand ils ont besoin de repos.
— Mais il est minuit passé.
— Mais oui, chérie, et il dormira demain jusqu'à midi. Toi et moi serons debout à six heures.

Deuxième partie, Chapitre IX.
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Dans sa petite maison immaculée bâtie au milieu d'un grand jardin envahi de végétation tout près du Vieux Port, elle se penchait vers son miroir pour inspecter son matériel de maquillage, et à travers la crème, la poudre, le mascara et les cils gainés de noir, ses yeux voyaient les rides cachées, le manque d'élasticité de la peau. Elle sentait les années monter comme la marée autour d'un rocher sur une mer calme. Il existe un arsenal de la maturité, de l'âge mûr, mais cela exige un entraînement, une technique qu'elle ne possédait pas encore. Elle devait les apprendre avant de voir écrouler la structure de sa jeunesse qui la laisserait nue, pourrie, ridicule. Son succès était dû au fait qu'elle ne mettait jamais bas les armes, même quand elle était seule. Et là, à titre d'expérience, elle laissa sa bouche s'affaisser comme elle en avait envie, ses paupières se mettre en berne. Elle baissa le menton qu'elle tenait si haut, et un tendon un peu noueux apparut devant elle, dans le miroir, elle vit vingt années fondre sur elle et elle frissonna tandis que le murmure glacé lui disait ce qui l'attendait. Elle avait reculé trop longtemps ce moment. Une femme doit avoir une vitrine où vieillir, avec des éclairages, des accessoires, du velours noir, des enfants, de l'amour, de la protection, un mari serein et peu exigeant, ou bien son testament et son héritage encore plus sereins et encore moins exigeants. Une femme qui vieillit seule est un déchet inutile, une horreur fripée sans serviteurs boitillants pour hocher la tête et marmonner sur ses douleurs et le frictionner.

Deuxième partie, Chapitre II.
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Je m'étonne toujours quand j'entends des gens dire qu'ils n'ont pas le temps de penser. Pour ma part, j'ai deux fois le temps de le faire. Je constate que peser des légumes, passer la journée avec des clients, me quereller avec Mary ou l'aimer, affronter les enfants, rien de tout cela n'interdit une seconde couche continue de réflexion, de méditation, de conjecture. Ce doit certainement être vrai de tout le monde. Peut-être n'avoir pas le temps de penser est-ce n'avoir pas l'envie de penser.

Deuxième partie, Chapitre III.
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Je ne l'ai jamais vue. Je me demande combien de gens j'ai regardés toute ma vie sans jamais les voir. Ça fait peur d'y réfléchir.

Première partie, Chapitre IV.
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Est-ce qu'un homme peut réfléchir à sa vie ou bien doit-il simplement suivre le courant ?

Première partie, Chapitre III.
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Un jour, dans cette stalle sous le lutrin, il arriva une chose épouvantable. Je portais la dentelle et la croix tout en chantant d'une vigoureuse voix de soprano. Un jour, l'évêque officiait, un charmant vieillard, chauve comme un oignon bouilli, mais à mes yeux rayonnant de sainteté. C'est ainsi qu'éperdu d'extase je replaçai la croix dans sa douille à la fin de la procession et oubliai de fixer le crochet de cuivre qui la maintenait. À la lecture de la seconde leçon, je vis avec horreur la lourde croix de cuivre vaciller puis s'abattre sur cette sainte tête chauve. L'évêque s'effondra comme une vache qu'on assomme d'un coup de massue et je perdis mon poste d'enfant de chœur au profit d'un garçon qui ne savait pas chanter aussi bien et du nom de Skunkfoot Hill. Il est maintenant anthropologue, quelque part dans l'Ouest. L'incident parut me prouver que les intentions, bonnes ou mauvaises, ne suffisent pas. Il y a la chance, le destin, ou autre chose qui intervient dans les accidents.

Première partie, Chapitre VII.
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Le nouveau port était plus affairé. Un des bateaux de louage était à quai pour l'embarquement des passagers, les frénétiques pêcheurs de l'été qui paient un bon prix et encombrent le pont de poisson et puis dans l'après-midi se demandent vaguement quoi en faire, au milieu de ces sacs, de ces paniers et de ces montagnes de saint-pierre, de rougets, de bars, de maquereaux et même de petites roussettes, tous destinés à être avidement déchiquetés, à mourir et à être rejetés pour les goélands qui attendent. Les goélands volent en groupes et attendent, sachant que les pêcheurs de l'été sont écœurés de l'abondance de leur pêche. Qui a envie de nettoyer et d'écailler tout un sac de poissons ? C'est plus difficile de donner du poisson que de l'attraper.

Deuxième partie, Chapitre IV.
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Peut-être la vraie faiblesse fondamentale n'est-elle qu'une forme de bonté. Marullo a dit que l'argent n'avait pas de cœur. Est-ce que ça ne serait pas vrai alors que la moindre bonté chez un financier serait une faiblesse ? Comment pousse-t-on de braves types ordinaires à massacrer des gens dans une guerre? Ma foi, ça aide si l'ennemi a un air différent ou une langue différente.

Première partie, Chapitre IV.
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Ce fut ensuite la guerre silencieuse et redoutable de la vaisselle.
— Laissez-moi vous aider.
— Pas du tout. Vous êtes l'invitée.
— Alors, laissez-moi desservir.
Les yeux de Mary cherchèrent les enfants et les transpercèrent d'un regard aigu comme une baïonnette. Ils savaient ce qui les attendaient mais ils ne pouvaient rien faire.
Mary déclara :
— Les enfants le font toujours. Ils adorent ça. Et ils le font si bien que je suis fière d'eux.
— Oh ! que c'est gentil ! On ne voit plus beaucoup ça.
— Je sais. Nous estimons que nous avons beaucoup de chance qu'ils aient envie d'aider.
Je devinais leurs petits esprits agiles comme des furets cherchant une issue, envisageant de faire une histoire, de tomber malades, de laisser choir les beaux plats anciens. Mary avait dû lire aussi leurs vilaines petites pensées. Elle reprit :
— Ce qu'il y a de remarquable, c'est qu'ils ne cassent jamais rien, qu'ils n'ébrèchent même pas un verre.
— Eh bien ! vous êtes bénie du Ciel ! dit Margie. Comment leur avez-vous appris ?
— Je ne leur ai pas appris. C'est naturel chez eux.
[…]
Je jetai un coup d'œil aux enfants pour voir comment ils prenaient la chose. Ils savaient qu'ils étaient coincés.

Première partie, Chapitre V.
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Marchant lentement, je me surpris non pas à dire mais à éprouver une sensation d'adieu, pas d'au revoir — au revoir a de doux accents de regret. Adieu est bref et définitif, c'est un mot avec des dents acérées, pour couper le fil qui relie le passé à l'avenir.

Deuxième partie, Chapitre IV.
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