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Citations sur Treblinka : La révolte d'un camp d'extermination (21)

La journée avait été très chaude et le ciel était rouge à l'ouest. Pour la première fois depuis qu'il était arrivé à Treblinka, Galewski regarda le ciel rouge et déchiré au couchant, bleu sombre déjà au levant. Il ne le vit pas comme un ciel de regret, comme le ciel du passé. Il ne pensa pas que le ciel était le même que celui qu'il voyait dans l'autre monde, ni qu'à cette même heure des hommes libres le regardaient comme lui. Il était devenu le ciel de Treblinka.
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Ce ballet de formes dont la vitesse augmentait avec la fatigue avait quelque chose d'effrayant et de stupéfiant. En pensant qu'un jour, dans un autre monde, ils avaient tous été des hommes, des pères, des maris, des fils, des commerçants, des rabbins, des colporteurs, des avocats plaidant, des médecins soignant, qu'ils avaient aimé, souffert, espéré ; qu'ils avaient été jaloux parfois, impatients aussi, qu'ils avaient été des êtres humains, [...].
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Les klepssidra se trouvaient comme les incroyants devant le pari de Pascal : où se présenter de toute façon, ou bien faire le pari que le coup n'avait pas marqué, mais risquer une mort terrible.
Leur farouche volonté de vivre les amenait en général, à jouer quitte ou double, ce qui augmentait encore la crainte de devenir klepssidra et donc d'être frappé au visage.
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Son nom, plus personne ne s'en souvient, la tradition orale du camp de Treblinka n'a gardé que le souvenir d'un visage rond, qui semblait avoir été fait pour sourire, [...].
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Soudain, il se rappela Hanna Ran : "Il n'y a plus de forêt, Itzak, il n'y a plus rien, le monde est mort." Il comprenait maintenant ce qu'elle avait voulu dire. [...] Il n'y avait plus place que pour la haine, une haine immense, inextinguible que rien ne pourrait jamais désarmer. Mais il se sentait sans haine, aussi. Il faut vivre pour haïr et il était déjà mort.
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"Eh bien ça, cette envie de vivre. Nous n'avions pas peur de mourir, mais nous voulions vivre. Vous comprenez ça, vous, docteur ?"
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Il y a quelque chose de brisé en eux qu'il aurait fallu très longtemps pour faire renaître. Ils ne survivent qu'au nom d'un vieux réflexe ancestral, mais ils ont honte inconsciemment de n'être pas morts avec les leurs. Là est l'extraordinaire puissance du système nazi : comme certaines araignées, il endort ses victimes avant de les tuer. C'est la mort en deux temps. Imaginez que les SS soient arrivés en proclamant qu'ils allaient nous tuer tous en le jurant et en commençant à le prouver ! Cela ne fait aucun doute que les deux millions et demi de Juifs polonais se seraient révoltés. Ils l'auraient fait, le dos au mur, avec le courage du désespoir. Ce ne sont pas quelques milliers d'hommes qu'il aurait fallu alors mais la Wehrmacht toute entière, et encore n'est-il pas sûr qu'elle aurait obéi ! Il y reste encore quelques soldats. Alors que là, regardez ! Non seulement les Juifs se laissent tuer sans un geste de révolte, mais ils aident encore leurs bourreaux dans leur œuvre d'extermination. Nous les complices, les employés de la mort, nous nous trouvons dans un monde nouveau, au-delà de la vie et de la mort, tellement compromis que nous ne pouvons qu'avoir honte de vivre.
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Cela avait été un homme calme et doux, bon juif, bon père et bon mari. Il était arrivé à Treblinka avec toute sa famille et il n'avait jamais compris quelle force l'avait poussé à prétendre qu'il était charpentier. Après avoir passé sa première nuit à dire le "kaddish", il avait sombré dans un état de catalepsie pour échapper à l'horreur de la situation. Depuis, il n'était plus soutenu que par cette mystérieuse volonté ancestrale de vivre qui avait fait que ses ancêtres avaient survécu à tous les empires, à toutes les tempêtes, à tous leurs ennemis et à tous leurs amis, à tous ceux qui leur avaient dit :"meurs, Juif !", et à tous ceux qui leurs avaient dit : "vis, mon frère. Tu es un homme comme tous les hommes !" Son nom, plus personne ne s'en souvient, la tradition orale du camp de Treblinka n'a gardé que le souvenir d'un visage rond, qui semblait avoir été fait pour sourire , de deux yeux au regard perdu, d'une silhouette petite et lasse. On l'avait amené dans ce coin à l'écart où les cadavres étaient entassés au sortir des chambres à gaz avant d'être traînés vers les grandes fosses. On lui avait mis dans les mains une paire de tenailles et on lui avait dit d'ouvrir toutes les bouches et d'arracher les dents en or qui pouvaient s'y trouver, mais il n'avait pas compris. C'était beaucoup trop difficile pour lui. La pince pendue au bout de son bras, il avait erré parmi les cadavres en murmurant le "kaddish" pour tous ces frères morts.
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Ils ne luttaient ni pour vaincre ni pour survivre, mais pour jeter un cri à l'avenir, à l'Histoire, aux hommes ou à Dieu chacun suivant ses convictions.
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Nous devons vivre pour raconter ce que l'homme est capable de faire à l'homme.
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