Je quitte précipitamment la baignoire et me trouve face au miroir. Cette confrontation brutale avec mon image génère une montée de panique incontrôlable. Le souffle coupé, mes mains saisissent le rebord du meuble tandis que mes yeux ne peuvent se détourner du reflet embué de mon corps nu. Quelle horreur ! C’est insupportable. Tant de laideur et de difformité ! C’est gras, c’est flasque, c’est disharmonieux. Comment pourrait-on t’aimer, Maeva ? Tu es tellement moche, tellement grosse, tellement repoussante. Rien ne va ! Ton visage est rond, tes seins trop petits et tes hanches dégorgent de partout. Regarde, Maeva : tu es monstrueuse ! Non, ne détourne pas les yeux : vois comme tu es difforme ! Personne ne pourra jamais toucher ça, Maeva, personne !
Je suffoque tellement que j’en bave : je suis dégoûtante, je suis dégoûtante, je suis dégoûtante ! Mes jambes finissent par ne plus me porter et je m’écroule sur le sol en tremblant. Je n’arrive même pas à pleurer. Il y a bien longtemps que mes larmes ne coulent plus. Pourquoi je vis ?
En le suivant vers l’ascenseur, je ne peux empêcher mon regard de se perdre sur son postérieur. Les fées se sont penchées sur le berceau de ce type, ma parole ! Il n’y a rien de trop et rien ne manque. Je pénètre dans la cabine maladroitement afin de ne pas l’effleurer par mégarde, mais son odeur musquée me parvient. Ça y est, c’est encore Venise dans ma culotte. Il faut que je coure. Maintenant !